La première semaine de congé passa avec une rapidité fulgurante. Elle se sentait dans un état d'excitation et d'apaisement tel qu'elle en oubliait qu'elle était salariée et qu'elle devrait bientôt se remettre en besogne. Et en même temps, cette semaine était passé lentement, et elle avait profité des moindres minutes. Des moindres instants passés en sa compagnie. Et même des coups de fil. Si Ma voyait tout ceci d'un mauvais œil, elle se rapprochait lentement mais sûrement de M. et elle se préoccupait peu des avis extérieurs. Elle se détournait même de son propre avis qui lui disait de garder une part de méfiance.
Alors elle faisait la sourde oreille au chœur de Ma et de sa voix intérieure qui s'époumonaient : « N'accorde pas trop de crédit à une personne que tu ne connais absolument pas !'
Elle se sentait un peu comme une adolescente accrochée à cet objet dont elle ne se séparait plus désormais : son smartphone. L'attente entre l'envoi d'un message et sa réponse pouvait devenir un supplice si les minutes semblaient trop longues. Mais lorsqu'elle sentait le vibreur prometteur, son ventre faisait un bond, exactement comme si M. s'était trouvé devant elle.
Vous ne vous sentez pas bouleversé à l'idée de votre prochaine tournée qui avance à grands pas ?
(M) Il existe de plus grands bouleversements en une vie et j'ai la nette impression que j'en vis un.
Cette manière de s'exprimer d'une façon si indirecte... elle s'y était habituée. Il était toujours courtois, préservant une image de gentleman inattaquable. Elle se sentait réellement en communion avec cet esprit si vif, si aiguisé. Ils parlaient de tout. Il n'avait pas de sujet tabou et elle s'amusait à le pousser jusqu'au bord de ses limites , souvent, pour trouver une faille. Mais elle n'y parvenait jamais, au grand dam de Ma.
Le jour précédent, il avait posé sa main sur la sienne pendant qu'ils prenaient leur déjeuner dans un restaurant qu'il affectionnait. L'après-midi, il avait renouvelé son geste quand ils étaient devant un classique de film d'horreur, chez lui. Il ne l'avait pas regardée, il avait juste posé sa main sur la sienne, comme ça. Elle n'avait pas osé bouger de tout l'après- midi, ébranlée par ce geste inattendu.
- Vous êtes déjà venue à l'un de mes concerts, demanda-t-il soudain
- Non, jamais, avait-elle répondu, mortifiée.
- Une habitude qu'il faudrait changer, avait-il répondu d'un ton de conspiration
Ce mystère avait aiguisé sa curiosité mais elle était trop absorbée par cette main qui était sur la sienne.
La journée et la soirée s'étaient déroulée dans le grand respect et la plus grande pudeur. Connaissant la réputation sulfureuse de choc du rockeur, elle s'était étonnée de tant de retenue. Le soir, elle entendit son vibreur, promesse de nouveau message.
Je me sens bien en votre présence.
Sept mots. Sept petits mots qui suffirent à la faire chanceler et à ressentir une sensation étrange, comme si elle avait bu un bol de chocolat chaud à la liqueur. Elle secoua la tête et empêcha son cœur de chavirer. Elle ne répondit pas tout de suite.

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The unspeakable story(Marilyn Manson)
FanfictionHistoire qui pourrait bien être vraie. Il est une rock star made in USA depuis sa prime jeunesse. Ultra médiatisé, ses concerts interdits dans certains états, des backstages transformés en orgie, une réputation de sataniste et un look ténébreux qui...