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Sa piaule n'est pas luxueuse, loin de là, mais il y a l'essentiel.
A priori, ce n'est pas un lieu où il vit tout le temps. Tout indique le provisoire, et je sais de quoi je parle !

- Je suis pas très satisfait du boulot du décorateur. Je pense que je vais le virer, commente t-il avec humour.

- T'as raison, il a oublié les bougies.

- La salle de bain est à droite. Fouille dans le placard, il y a ce qu'il faut.

Je me nettoie le visage histoire d'enlever les traces de sang. Je me sens mieux. Cette bagarre m'a fait un bien fou. Pas que j'aime particulièrement cela, mais là, ce soir j'ai pris un pied d'enfer.
Chaque mec que je cognais, avait sa tête, à lui. Toujours lui !

- Je n'ai pas vu de poubelle, je te mets ça où ?

- Sous l'évier. Tu veux un verre ?

- Non j'ai eu mon compte, merci. Par contre, un café je veux bien.

- Je vais faire comme toi et j'arrive. Assieds-toi.

Il est confiant le mec. Ce n'est pas parce que je viens de castagner des mecs avec lui que je suis digne de confiance. Je pourrais très bien sortir une lame et tout lui piquer !

- J'ai les phalanges explosées, râle-t-il en revenant de la salle de bain.

- Pareil ! Mais je m'en fous. J'ai pris un pied d'enfer.

- Je peux te demander pourquoi tu m'as aidé ? A part pour le shoot d'adrénaline, bien sûr !

- Je les ai vu venir gros comme une maison. Si la partie avait été réglo, je serai resté à ma place. Tu avais repéré que je pouvais intervenir, où je me trompe ?

- Je ne savais pas si tu l'avais vu ! Tu restes en ville combien de temps ?

- Je sais pas bien, un jour ou deux, ça va dépendre. J'attends des infos. Et toi ?

- Pareil. J'ai entendu parler d'un probable truc sympa. Assez flou pour toi ? Ou je fais *tapis* ?

- Merde ! Où ai-je foiré ? On a déjà été sur une partie ensemble ?

- Ouais, il y a très longtemps. Un tournoi à Berlin. Tu m'avais bluffé. Je t'ai reconnu tout de suite.

- Berlin ! J'avais 22, 23 ans. Et tu m'as reconnu ?

- J'étais fan, j'ai même essayé d'en faire mon job ! Comme tu vois, cela n'a pas été très concluant !

- En effet. Je peux te donner un petit cours vite fait ! Ou un autographe ? Ou tu me dis ton job par exemple ?

- Je suis détective privé. Pas très glamour ! Mais j'adore ce métier.

- Tout mon respect, mec ! Les couples infidèles ?

- Non. Les affaires classées. Celles qui n'intéressent plus personne.

- Encore mieux. Je vais rentrer. Je suis mort. Ça te dit qu' on se fasse un truc demain ? Je pilote, tu sers de guide !

- Yes ! File ton numéro, je t'appelle. Sérieux je ne regrette pas cette soirée. Evite la bagarre en rentrant, d'accord ?

Je ne sais pas comment je suis arrivé jusqu'à ma chambre. Cela fait presque quarante huit heures que je n'ai pas dormi. Après le shoot d'adrénaline de la bagarre, toute mon énergie a disparu d'un coup.
Je n'ai même pas eu la force de me déshabiller, juste virer mes boots.

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Je suis encore sous le choc. Si je m'attendais à ça !
Dylan Prescott !
Un des meilleurs joueurs de Poker. Enfin, avant.
Quand je l'ai vu se pointer à la buvette, sur le moment, je me suis dit :
* Ryan, tu as trop bu. Rentre*

Après, j'ai attendu. Je sais exactement comment ça commence. Les mecs bourrés, ou ça picole sans faire chier, ou ça cherche les embrouilles.

Là, rien qu'à les voir, ils allaient chercher les emmerdes. Je suis resté, car je pensai qu'ils allaient le faire chier, lui ! Moi, en général, on me voit pas. Je suis invisible.
Mais là, va comprendre, ils sont venus me provoquer.
J'ai surpris un petit sourire sur son visage. Il est comme moi, les bagarres, apparemment on connaît.
Alors j'ai tenté le clin d'oeil. Je l'ai vu se préparer, il n'attendait que ça.
Me battre avec lui, exploser ces connards, j'ai vu son sourire. Je dois avoir le même.
Je m'allonge, Je ne vais pas dormir, je le sais.
Dylan a proposé de faire un truc demain. Et je ne sais pas où l'emmener.

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C'est quoi ce bruit ? Je suis où ? Ma tête va exploser. Mon portable sonne. Pas envie de répondre. Je veux juste dormir.

Je suis réveillé, enfin... presque. Quelle heure est-il ? Je chope mon portable. 16 h. 16 h ????
Trois appels manqués. Deux messages. Bravo Dylan.

* la partie aura lieu mercredi 22 heures, pot 500. Confirme mardi, dernier délai. Réponds à ton "Putain" de téléphone !*

*On se retrouve à quelle heure ?      Ryan*

- Salut, excuse-moi, je viens de me lever, mec !

- Sérieux ! Il est 16 h.

- Mon cerveau a dû récupérer mes insomnies de retard ! Tu me donnes une heure, non deux, j'ai la dalle.

- Pas de soucis. Tu veux que je te rejoigne.

- Si tu ne veux pas me trouver sous la douche, ne va pas trop vite.

- Je suis là dans trois quarts d'heure. 

-  Amène de quoi manger.

Je fonce à la douche. Ryan est sympa mais je n'ai pas l'habitude de prendre ma douche avec un mec à côté de moi. Je n'ai même pas le souvenir de l'avoir fait avec mon propre frère !
Dormir m'a fait du bien, j'ai repris figure humaine. Moins de cernes, mes yeux sont moins éclatés. Ce soir, pas une goutte d'alcool. J'ai une partie importante dans deux jours.  Le pot est haut, je peux me faire un bon paquet de fric ! Je confirme ma présence.
L' accueil me prévient de l'arrivée de Ryan.

- Salut ! Entre.

- Nous n' avons décidément pas le même décorateur, je confirme !

- Ah Ah ! Un grand lit, une salle de bains, une connexion wifi et quand c' est possible un room service. Ici il y a en plus un canapé. J'y passe beaucoup de temps.

- Je veux bien le croire,  ricane t- il. Appelle ton room service, j'ai des  croissants et des beignets, mais rien à boire.

- Mon sauveur ! Café, thé, jus d'orange, chocolat, que veux-tu ?

- Jus d'O et café s'il te plait.

- Bonjour ! Chambre 24, Monsieur Prescott. Je voudrais deux cafés et deux jus d'Orange. Merci.

- Tout ça, c'est grâce au poker ? dit-il en montrant la chambre.

- Oui. Et surtout à ma volonté de vivre ainsi. Libre.

- Je comprends. La solitude ne te pèse pas ?

- Les gens sont partout, Ryan. Il suffit d'aller à leur rencontre. Et pour rester libre, les laisser dehors !

- Ah Ah ! Je n'aurai donc pas dû te laisser rentrer chez moi !

- Pas faux. De temps en temps, il faut entrouvrir la porte. répliqué- je avec un sourire. Qu'est-ce que tu nous as trouvé ?

- J'ai pensé au Goony ? C'est un bar tranquille, avec des concerts. Style américain. Pas trop de connards.

- Le nom est débile, mais je veux bien tenter le coup. Par contre, il faut vraiment que je ne boive pas comme un trou. Et que je ne reste pas éveillé jusqu'à l'aube. Tu vois pourquoi, j'imagine !

- Quand ?

- Mercredi soir. Il faut que je sois au meilleur de ma forme.

- Ok

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant