Libre

7

Le jour me réveille. J'ai chaud, et très soif. Ma tête me fait mal, j'aurais bien besoin d'un cachet.
Judy n'est apparement pas réveillée. Si je peux éviter de tomber sur ses potes, je préfère.

J'entends une sonnerie. Pas loin. Et un grognement. Je lève la tête.

Ce n'est pas la chambre d'hier. Celle -ci, est plus classe et propre.

Oh merde ! Il y a quelqu'un dans le fauteuil, en face du lit. Il dort.

Je fronce les sourcils. Ce n'est pas possible ! Le mec qui m'a gueulé dessus l'autre jour.

Et subitement, je me rappelle : il était au bar, hier. Je lui ai crié dessus, je lui ai fais des fuck.
Je crois que, cette fois-ci, j'ai grave déconné.

Il dort, casse- toi Lisbeth. En silence.
Je m'assieds au bord du lit. Je récupère mes converses et je commence à marcher sur la pointe des pieds.

- Tu crois aller où ?

- Je ne sais déjà pas où je suis, alors ...

- Justement, il est à peine 7 h. Va te recoucher.

- Tu es toujours aussi aimable ?

- Je n'ai presque pas dormi, souffle-t-il.

- Je ne t'ai rien demandé. As-tu un truc pour la tête ?

- Mal aux cheveux ? Trente secondes, dit-il en se levant.

Elle a toujours ses chaussures au bout des doigts.
N'est-elle pas en train de faire une diversion pour se tirer ?
Je me gratte le menton, décidant de ne pas prendre ce risque.

Je lui prends la main et la tire avec moi vers le frigo.

- Qu'est-ce que tu fais ? Lâche- moi !

- Je m'assure juste que tu vas pas disparaître pendant que je cherche un cachet !

- Tu es un vrai malade !

- Tu me l'as déjà dit cette nuit.

- Je n' en ai aucun souvenir.

- Prends ça avec un verre d'eau. Et s'il te plaît, va te coucher...il faut que je dorme un peu.

- Dans le fauteuil ?

- Ouep. Tu es dans le lit.

- Il est grand, je peux te faire de la place !

- Sérieux ? Sans essayer de me tuer ou un truc du genre ?

- Je vais y réfléchir, dit-elle avec un léger sourire qui lui va très bien !

Sans attendre, j'enlève mes boots et mon jean.

- Qu'est-ce que tu fais ? Me demande-t-elle les yeux écarquillés.

- Je me couche. Tu peux faire pareil, tu seras plus à l'aise.

- Je ne me mets pas en culotte avec un mec que je connais pas !

- Tu ne risques rien. Tu m'as castré hier, lui dis-je en pouffant de rire.

- Oups ! T'as pas un tee-shirt à me filer ? Le mien pue.

- Dans le tiroir de la commode.

Je l'entends ouvrir le tiroir, puis, le bruit de son jean qui tombe au sol. Et le matelas qui s'enfonce quand elle s'allonge... Très loin de moi.

Cette fille est surprenante. Hier soir, avec son jean serré, elle était sexy à faire bander tous les mecs présents. Et là, elle a honte d'être en culotte.

- Si tu te pousses un peu encore, tu vas bientôt tomber du lit.

- Ça va. Je n'ai pas l'habitude.

- Détends-toi. Tu ne risques rien. Dodo.

- Est-ce que tu pourrais me prendre dans les bras, sans...

- Approche-toi. Dors Lisbeth. Je suis fatigué.

Elle se cale contre ma poitrine. La tête dans le creux de mon bras. Elle ne dit plus rien.
Je sais pertinemment que je ne vais pas dormir.
Je ne dors jamais avec une fille.
Mais, au moins, elle ne se tirera pas en douce. Elle ne dors pas non plus, je connais le bruit de sa respiration. Je l'ai entendu une bonne partie de la nuit.

- Arrête de cogiter. Dors !

- Tu aimes donner des ordres, apparemment ! Je sais même pas comment tu t'appelles !

- Ça va t'aider à dormir ? Dylan.

- Pourquoi je suis là. Avec toi.

- Tu étais bourrée, et les mecs qui étaient avec toi, je les sentais pas.

- Ah ! Toi, tu es un grand malade. Tu les sentais pas ! Et elle rigole comme une idiote.

- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle ?

- Non, tu as raison. Excuse-moi ! Moi non plus, je les sentais pas.

- Je peux te demander un truc ? Non, laisse tomber.

- De quoi tu te mêles ? Je t'emmerde...

- Tu as raison. Reste-là, Lisbeth.

- Je suis fatiguée, Dylan. Tellement fatiguée...

- Justement, repose-toi. Il ne t'arrivera rien, fais-moi confiance.

- Je ne sais pas faire ce genre de choses.

-Je te propose un endroit au calme pour te poser. Sans aucune contrepartie.

- On ne m'a toujours demandé un truc en échange !
Pourquoi tu ne le ferais pas ? Tu ne me connais pas !

- Si, je te connais. Tu es comme moi. Seule !

                        ***

J'ai chaud, j'ouvre les yeux et je découvre Lisbeth, tout contre moi. Elle dort. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi aussi bien. Surtout avec quelqu'un dans mon lit.

Pourquoi lui ai je proposé de rester ?
Ce n'est pas dans mes habitudes.
Est-ce que je me sens coupable de ce qui lui est arrivée ? Peut-être. De toute façon, elle n'acceptera pas. Elle est fière et très indépendante.
En faisant attention à ne pas la réveiller, je vais prendre une douche.
Quand je reviens, elle est réveillée, mais elle est encore couchée.

- Bonjour. Tu veux déjeuner ?

- Bonjour. Je suis pas habillée.

- Pas grave. C'est l'avantage du room service, mademoiselle !

- La classe.

Elle met son doigt devant sa bouche, réfléchissant. Putain, elle est adorable. Une gamine.

- Alors, du café, croissant, pour moi. S'il te plaît.

- Pas de jus de fruit ? Moi je vais prendre jus de fruit, café, croissant, fromage. Je fais ça pour deux ?

- Pourquoi pas ? Merci.

- Bonjour. Je voudrais deux petits déjeuners : Café , jus de fruit, croissant, fromage. Dix minutes ? Parfait.

Je raccroche, elle me regarde.

- Pourquoi tu me regardes comme ça?

- Tu as l'habitude de faire ça ? Commander ?

- Oui. Les hôtels sont mes maisons. Pas toujours aussi luxueux, j'avoue. Pourquoi ?

- Ben, tu le fais avec un tel naturel. Tu es commercial ?

- Non pas vraiment. Qu'est-ce que tu crois que je fais ? Vas-y ! Fais moi rêver ! Dit-je amusé de son air intrigué.

- Acteur ? Non. Bien que ton physique... Homme d'affaire ? Non. Je sais pas pourquoi, mais non. Dealer ? Voyou? Ouais, tu en as le comportement. Mais tu n'es pas un voleur. Je ne sais pas.

- Et toi, tu fais quoi ?

- Moi ? Je suis pas sûre que cela t'intéresse, Dylan. Je ne suis qu'une fille. C'est tout.

- C'est déjà pas mal.