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Dylan vient d'apparaître au pied de la porte. Nils n'a pas l'air d'être gêné.

- Tu fais partie des personnes qui comptent pour moi.

- J'apprécierai que tu ne parles pas de moi quand je ne suis pas là ! Dit Dylan d'un ton qui me semble sec.

- J'expliquais juste à Lisbeth que je l'aidais avec plaisir. Tout comme toi. Mais que pour que cela soit efficace, elle devait nous faire confiance.

- Elle fait des progrès à ce sujet. Laisse- la tranquille, tu veux bien ?

- Il reste à peu près trois heures de vol. On va manger. Y a des sandwichs au frais. Tu les attrapes, Dylan ?

- Tu viens m'aider ticoeur ? Dis-je en l'emmenant vers l'espace cuisine.

- Pourquoi tu me défends ? Tu ne me connais pas, tu ne sais rien de moi. Nils, lui, c'est ton ami. Il a l'air d'être prêt à t'aider et toi tu l'envoies paître, réplique-t-elle, énervée.

-Je ne le crois pas. Elle a mis du temps à réapparaître ma tigresse. Bravo Nils.

- Espèce de pauvre con ! Vous êtes tous les deux tellement arrogants ! Tellement sûr de vous ! Je te déteste Dylan ! Je croyais que tu étais différent. Je ne peux pas sortir, mais je vais me mettre dans le fond. Je ne veux plus te voir.

(Dylan)

Bordel ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui lui prend ?
D'où je suis arrogant ? Je dois à tout prix la calmer. Il n'est pas question qu'elle se retrouve sans protection dans un pays étranger. S' il lui arrivait quelque chose, je ne le supporterai pas.

- Je te pose un sandwich et de l'eau. Il faut que tu te nourrisses.

- Pas faim.

- Je ne comprends pas. Mais je te laisse tranquille.

Est-ce qu'elle a peur ? A-t-elle eu des mauvaises nouvelles ?
Est-ce une manoeuvre pour m'éloigner d'elle et donc du danger qu'elle fuit ?

Mon Dieu ! C'est cela !

- Quand Lisbeth ? Dis-je d'une voix forte.

- Quand quoi ?

- Quand as-tu su qu'il était dehors ! Dans l'espace Wi-Fi du magasin ? Réponds-moi ?

- J'ai vu les ordis. J'ai regardé. Il est dehors. Ce n'est qu'une question de jours, Dylan.

- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? On est dans cet avion pour ça, pour te protéger.

- Et toi ? Tu as besoin de Nils pour t'aider. Je me débrouillerai.

-Tu te fous de moi ? Tu vas te débrouiller ? Lisbeth, il n'est pas question que tu fasses ce que tu as l'intention de faire.

- Et tu comptes faire comment pour m'en empêcher, Dylan ?

- Tu commences à me connaître, ticoeur, s'il faut que je t'attache, je n'hésiterai pas une seconde !
Mais, je ne te laisserai pas seule. N' y compte pas.

- Je ne te laisserai pas faire. Il n'est pas question que tu te retrouves entre lui et moi. C'est mon combat, hurle-t-elle.

Je n'arrive plus à me contrôler. Je me jette sur elle et avant qu'elle puisse réagir, je lui attache les mains dans le dos. Elle hurle et se débat comme une tigresse. Quand elle sera un peu calmée, j'irai la voir.

- A quoi tu joues, Dylan ? Me demande Nils.

- Tu as entendu, elle ne veut pas d'aide. Elle va l'affronter, seule.

- Qui ?

- Je ne sais pas.

-- Lisbeth. Qui ? Demande Nils.

- Lui. Je lui appartiens,dit-elle, résignée.

- Quoi ?

- Je suis à lui depuis toute petite. Il m'a élevée. Dressée.

- Oh mon Dieu !

- Non. Plutôt Satan. Il va me traquer, Dylan. Il adore ça. Mais je ne le laisserai pas gagner. Pas cette fois.

- C'est déjà arrivé ? Ticoeur ? Répond-moi.

- Oui. Je n'étais pas prête. Je l'avais sous-estimé. Là, j'ai un peu d' avance.

- On va t'aider.

- Non. Je t'ai déjà trop impliqué. Il n'a pas de pitié. Détache- moi, me supplie-t-elle.

- À mon tour de te dire non. Désolé. Je dois réfléchir.

- Dylan, s'il te plaît. Ne me fait pas ça !

- Je ne peux pas, ticoeur. Je ne veux pas que tu sois en danger. Je ne peux pas prendre ce risque, dis-je en m'éloignant d'elle.

(Dylan)

Elle a dit quoi ?
Je lui appartiens.
Il m'a dressée.
Putain ! Non ! Je ne veux pas.
Je vais la mettre à l'abri.
Oui.

La seule personne capable de cela est celle que je ne veux plus approcher.
Mais, je lui proposerai un deal. Il sera tellement heureux de me voir le supplier qu'il acceptera.
Il l'aide et je suis à lui. Il ne refusera pas.

— Non, Dylan. Pas question. Cela ne l'aidera pas forcément et toi ça te brisera, gronde Nils.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Ne te fout pas de ma gueule ! Je crois que je mérite ton respect.

— Il a les moyens de le faire.

— Nils ? De quoi il parle ? Ne le laisse pas faire, proteste Lisbeth, tentant de se détacher.

— C'est mon intention, Lisbeth. Je ne le laisserai pas détruire tout ce qu'il a mis tant d'années à bâtir.

— Occupes-toi de tes affaires, Nils.

— Arrête ! N'essaye pas cette façon-là non plus ! Tu peux essayer de me faire mal, je ne lâcherai pas. Alors, essayons plutôt de réfléchir ensemble.

— Plus on attend, plus elle est en danger !

— On va mettre tout ça en place dès notre arrivée à Corfou.

— Tu repars, tu t'en rappelles ?

— Je peux attendre encore.

— Tu attends ce moment depuis si longtemps !

— Ouais. Mais je n'apprécierai pas si je vous sacrifie.

— Est-ce que j'ai le droit de parler ?

— Non, ticoeur ! Tu l'as perdu en me mentant, assène Dylan d'une voix glaciale.

Je sais que je suis dur. Aussi, je m'installe sur le fauteuil à côté d'elle. Elle a réussi à se retourner et doit avoir mal aux épaules.
Elle me fixe, la mâchoire serrée, le regard noir. Elle est en colère.

— Ticoeur ?

— Tu as perdu ce droit !

— Si tu veux. Je te détacherais bien, mais j'ai peur que tu me fasses mal.

-— Tu as raison. Mais je vais essayer de me contrôler. Pour l'instant.

— Je vais prendre le risque.

Je lui détache les poignets. Elle se les frotte, et se recroqueville.

— Je ne savais pas comment faire autrement. Je me suis ramollie à tes côtés. Je n'aurais jamais dû accepter.

— Tu aurais pu juste dire non.

— Ça t'aurai stoppé ? Toi ?

— Non. Maintenant, je crois que tu n' as plus le choix. Il va falloir me raconter.

— Toi aussi.

— Oui. On n'a plus le choix .

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant