Nous faisons sortir Sastus de la fourgonnette. Il tourne la tête régulièrement, et je sais exactement pourquoi. Il essaye de se repérer avec des sons.
Je m'approche de lui, et je le vois se tendre. Ça me fait sourire. Lui, dans les salles de Prescott, il aurait gagné.— Pas la peine de tenter de se repérer, Sastus !
— C'est un réflexe. Et cela peut avoir une utilité sauf si vous avez l'intention de me tuer, précise-t-il.
— Si cela avait été le cas, ce serait déjà fait. Je vous l'ai dit, nous voulons des réponses.
— Qui ?
— Tu es bien curieux. Avance, je réplique en le poussant.
— Bien sûr que je suis curieux. Tu ne bosses plus pour Prescott de ton propre aveu. Fais-moi plaisir, dis-moi que c'est Lisbeth qui veut des réponses ?
— Je n'ai pas envie de te faire plaisir, grogné-je.
— Comment va-t-elle ? ose-t-il demander.
— Ta gueule. Je ne veux pas t'entendre parler d'elle, grogne Al d'une voix menaçante.
— Donc c'est bien cela. Au risque de me prendre un coup, je repose ma question. Comment va-t-elle ?
— Comment peux-tu oser demander ça ? Tu es le responsable de tous ses problèmes ! hurle Al en le jetant au sol.
— Sérieusement ? Mais je l'ai laissée partir !
—Ferme-là ! Plus un mot, ou tu vas goûter mes poings.
Est-ce possible ? Aurait- il laissé Lisbeth partir ? D'un côté, si on y réfléchit, ce mec est une des personnes les plus complexes qui soit. Il nous a fallu beaucoup de temps, beaucoup d' argent, et de moyens pour le repérer et l'interpeller.
Lisbeth est une jeune femme sujette aux crises de panique, n'ayant ni fric ni hommes de main.
Qu'elle s'échappe, pourquoi pas ? Elle l'a déjà fait et, j'en sais quelque chose, il l'a retrouvé en trois heures.
Donc, elle s'échappe et Sastus avec tous ses moyens ne la retrouve pas.
Qu'on est con, c'est pas possible !
Je regarde Bob qui, à voir sa tête, a fait le même constat que moi.— Alors les gars, je ne vous entends plus ? se moque l'autre salopard. La réflexion a été efficace ?
— Pourquoi ?
— Je répondrai à tout cela. Mais en face à face avec elle.
— Tu peux toujours rêver. Seul avec elle ? Jamais.
— Tu sais très bien que tu n'auras pas le choix. Al ? AhAh. On cogite les gars ?
Je fais signe à nos hommes qui l'entraine vers le lieu de sa détention. Ils connaissent parfaitement ce que nous avons décidé. Il sera attaché de la même manière que dans le van tout à l' heure. A plat ventre, mains dans le dos attachées aux chevilles. Peu confortable, mais personnellement j'en ai rien à faire. Je suis tellement énervé que je suis très tenté de lui ajouter un bâillon boule pour lui fermer sa gueule.
— Calme toi, Al ! Cela ne sert à rien.
— Il nous a manipulé Bob. Et on a rien vu ! Nada.
— Je sais. Après, vu les circonstances, s'il avait voulu du mal à Lisbeth, il aurait agi.
— Qu'est-ce qu'on fait ? On va en parler avec les autres ?
— Putain, Al ! Je ne sais même pas comment je peux dire cela à cette petite. L'homme qui l'a séquestrée pose des conditions.
— Allons-y. Je préviens Nils de notre arrivée.
Dix minutes après, nous sommes avec Nils et Benjamin. Ils sont tous les deux aussi abasourdis que nous.
— Tout se tient ! Et on est vraiment des idiots. Lisbeth n'acceptera pas. Elle veut savoir mais pas à ce prix.
— Tu l'envisagerai Nils ? Il lui a fait subir des trucs ignobles. Il n'est pas question qu'elle se retrouve seule avec lui.
— Je sais Ben. Il faut négocier la présence d'une autre personne. Dylan la rassurerait. Mais il sera fragilisé à cause d'elle. Un de nous, un peu moins impliqué sentimentalement, serai plus efficace, au cas où.
— Je suis d'accord avec toi, Bob. Mais Dylan ne voudra pas. Il ne la laissera pas avec lui. Et je le comprends. Allons les voir.
J'arrive derrière la porte blindée et fais le code d'ouverture. La pièce est vide au premier regard.
— C'est nous, Dylan. Vous pouvez vous montrer.
Il sort le premier, puis il fait un bref signe de tête à sa droite et Lisbeth sort de derrière le meuble. Elle a l'air épuisée.
— C'est fini ? Vous avez réussi ?
— Il est enfermé, et sous bonne surveillance, Lisbeth. Rassure-toi.
— Je vois bien que tu me caches un truc, Nils. Ne me prend pas pour une idiote, s'il te plaît.
— Jamais je ne ferais cela, mais en effet, il y a un truc.
Dylan entoure la taille de Lisbeth et la rapproche de lui d'un geste protecteur.
— Il est d'accord pour répondre aux questions que nous nous posons tous. A une seule condition.
— Non. Il n'en est pas question. Vous entendez tous les quatres. NON. gueule Dylan.
— Il veut me parler à moi, c'est cela Bob ?
— Oui. Il dit qu'il t'a laissé partir ! Exprès !
— Et vous le laissez dire ! C'est un manipulateur ! Vous êtes sûr d'être des cracks ? s'énerve Dylan.
— Dylan, calme toi. Ils ont raison. Cela fait un petit moment que ça me trotte dans la tête.
— Sérieusement, mon coeur ! Il en fait exprès.
— Écoute- moi, s'il te plaît. Je me suis échappée une fois. J'étais une gamine. Il a mis trois heures pour me retrouver. Trois heures. Et presque six ans après, il oublie de fermer la porte à clef. Improbable.
— Il a pu faire une erreur.
— D'accord. Admettons. Comment expliques tu qu'il ne m'ait pas retrouvé en quatre mois ?
— Je n'en sais rien, Lisbeth. Je n'en sais rien. Bordel. Pourquoi ?
— Dylan.
— Ferme-la, Al. Il ne restera pas seul avec elle. C'est lui le prisonnier. Ce n'est pas à lui de dicter ses conditions.
— Tu sais très bien qu'il ne parlera pas. Il est malin. Très malin.
— Pas seule, Al. Négocie une deuxième personne.
— On va tout faire pour. J'irai avec elle Dylan.
— S'il lui arrive un truc, Bob. Je te conseille de disparaître. C'est la femme de ma vie.
— Il ne m'arrivera rien. Il aurait pu le faire depuis tout ce temps. Prends moi dans tes bras, s'il te plaît.
— Mon coeur, tu es en train de me rassurer ou je rêve ?
— Tu ne rêves pas.
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Libre
General Fiction25 ans et libre de ses mouvements. Joueur de poker plutôt doué - en tout cas suffisamment pour lui donner la possibilité de pouvoir vivre à l'endroit où il veut le temps qu'il veut. Des attaches ? Il n'en veut pas. Des rencontres ? Pourquoi pas ; m...