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Lisbeth pousse un petit cri, et tombe.
Je n'ai rien vu venir, choqué par les paroles de Sastus.
Al, lui a réagi de façon plus brutale. Il a envoyé son poing dans la tête de Sastus. Celui-ci n'a même pas tenté de riposter.

- Espèce de salopard ! Tu ne lui as pas fait assez de mal comme ça. Elle te défend et toi tu continues.

- Je ne pensais pas qu'elle réagirait comme cela. Elle n'est pas responsable, dit-il d'une drôle de voix.

Il a l'air réellement surpris, presque choqué. Lisbeth reprends tout doucement connaissance. Elle est très pâle. Je ne lui demande pas son avis, la prends dans mes bras et je sors.

- Al, on arrête pour le moment. Elle a besoin de repos. Ne le molestez pas. Sastus, reprenez des forces.

- Prescott. Prenez soin d'elle.

- C'est ce que je fais depuis le premier jour.

- Je sais.

- Comment ? Un traceur encore ?

- Non. Moi. Au bowling. A votre hôtel. Si tu n'avais pas été à la hauteur, je serai intervenu.

- Vous nous suiviez depuis tout ce temps ?

- Je la suivais, elle. Puis vous deux.

- Mais pourquoi ?

- Pour m'assurer qu'elle allait bien. Qu'il avait perdu sa trace.

- Mon Dieu. Quel gâchis ! Reposez-vous.

- Plus tard. Je me reposerai plus tard.

Lisbeth ne réagit pas. Je ne sais pas si elle a entendu ma discussion avec Sastus. Elle a les yeux fermés mais je la connais assez maintenant pour savoir qu'elle ne dort pas. Elle se renferme sur elle même. Pour se protéger. C'est ainsi qu'elle agit. Comme si elle se recroquevillait. Je dois la forcer à sortir de cette posture. L'aider à réagir. Je veux retrouver la jeune femme agressive.

- Lisbeth ? Arrête de me faire croire que tu dors.

- Je n'ai pas dit que je dormais. Pourquoi tu m'as sorti de là-bas ?

- Tu as perdu connaissance. Tu vas reprendre des forces et nous y retournons.

- Non. Je ne veux pas. Je ne suis plus capable d'y aller.

- Pas question que tu abandonnes ! Je ne te savais pas lâche !

- Lâche ? Espèce de connard! Je ne le suis pas !

- Prouve-le !

- Tu me mets au défi Prescott ? Tu ne me crois pas capable de l'affronter ?

- Exactement mon coeur !

- Tu n'as pas osé faire ça ? hurle-t-elle.

- Je ne vois pas de quoi tu parles !

- Oh si, tu vois très bien ! Tu m'as fait sortir de mes gonds, pour me remettre en selle. Merci Dylan.

- Je t'ai dit que je serai là. Je tiens toujours mes promesses. Je suis fier de toi.

- Je savais que ça serait dur. Mais je n'aurai jamais pensé que je lui pardonnerai.

- Mon coeur, moi aussi, je suis surpris. Je veux l'entendre jusqu'au bout. Si tu décides de ne pas être là, je ne t'obligerais pas. J' irais juste à ta place.

- Si toutes ces années, il m'a protégé comme le voulait mon père. Et qu'à cause de ceci il a perdu sa soeur, comment pourrai-je l'abandonner maintenant ?

- Je t'aime ma belle. Allons rejoindre Benjamin et Nils dans la cuisine.

- Vous voilà. Nous avons préparé un gratin de pâtes. Assis-toi, Lisbeth. Toi aussi frangin.

- Merci Benjamin. Je n'ai pas très faim.

- Je vais être clair, Lisbeth, dit Al d'une voix forte et claire. Si tu ne manges pas, tu n'y retournes pas.

- Al...

- Rien du tout. Tu n' es pas très épaisse, tu dois prendre des forces. Tu as perdu connaissance tout à l' heure.

- C'était pas à cause  de la faim.

- Je sais. Tu crois que ses paroles ne m'ont pas troublée ? Tu crois que je suis insensible à ce qu'il a raconté ? Que je ne me pose pas de questions ?

- Ça suffit, Al. Nous avons tous ressentis la même chose. Elle va manger, dis-je d' une voix rassurante.

- Est-il possible d'avoir un bref aperçu ! demande Nils. Nous avons l' impression d'être un peu à l' écart avec Ben.

- Sastus me protège depuis très longtemps sur les ordres de mon père, explique Lisbeth. Mon frère a éliminé mes parents.

- Il a donné des preuves de cela ?  C'est un manipulateur, tu le sais.

- Je me suis rappelée de pas mal de choses. De souvenirs avec lui. Des bons et des  mauvais.

- Désolé. Tu sembles ne pas lui en tenir rigueur ?

- Il était dans une situation compliquée ! Je vous expliquerai dans le détail. Pas la peine de ressasser tout cela. A table, dis-je coupant toute nouvelle intervention de Nils.

Celui-ci grogne un peu. Je comprends qu'ils se sentent isolés. Mais je ne suis pas certain que Lisbeth soit capable d'entendre une fois de plus tout cela. Il faut qu'elle mange et qu'elle se repose un peu. Bob me fait un bref signe de tête. Il va se charger du récit. Et sûrement des recherches d' informations complémentaires pour valider. Je sais pouvoir leur faire entièrement confiance.
Lisbeth mange un peu. Elle a du mal à garder les yeux ouverts. Je la prends dans mes bras et l'emmène vers la chambre. Et, signe de fatigue extrême, elle ne râle même pas.
Content ou pas, la suite attendra. Et Sastus aussi.
Un quart d'heure après, elle est complètement endormie. Je prendrais bien une douche, mais je redoute des éventuels cauchemars. Je sens une présence à la porte. Benjamin.

- Va prendre une douche. Je reste avec elle. Bob nous a expliqué. Ils sont en train de mettre en place des trucs. J'irai après.

- Merci. Elle est épuisée. Ça a été dur. Elle a plein  de souvenirs qui sont remontés.

- Tu le crois, lui ?

- Plutôt, oui ! 

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant