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J'entends sa respiration, mais il ne parle pas. Je ne répéterai pas. C'est ce qu'il veut. Je ne vais pas céder.

- Bonjour Dylan (Premier round pour moi.). Tu as retrouvé mon numéro ?

- Je ne l'avais pas perdu.

- Tu en as marre de jouer au Poker, fils ? Tu as décidé de rentrer dans le monde des adultes ?, dit-il, arrogant.

- Rien de tout cela. Le poker me fait plutôt bien vivre.

- Tu appelles ça vivre ? Tu es encore dans le déni, Dylan. Il te faudra prendre une décision, sinon je devrai choisir un autre successeur !

- Tu as un autre enfant, tu sais ?

- Arrête de dire n'importe quoi. Ton frère n'aura jamais les épaules. C'est un faible.

- Si tu le dis...

- Pourquoi m'appelles- tu alors ?

- Pour te proposer un marché, dis-je d'une voix que j'espère assurée.

- Dylan, Dylan. Tu n'as toujours pas compris. Personne ne me propose de marché.

- C'est pourtant ce que je vais faire, papa ! Si je te dis "halloween blue", tu es toujours arrogant ?

- Qui t'as parlé de ceci ?

- Ah, je crois que j'ai attiré ton attention.

- Réponds- moi ! Qui ?, me répond-il d'une voix cassante.

- Aucune importance. Crois-tu que c'est du bluff ?

-- Tu ne réalises pas l'importance de cette information, Dylan ! Ce n'est pas un jeu.

- Est-ce que c'est de la peur que j'entends dans ta voix ? Ce serait trop bon pour moi.

--Tu as un nom. Tu ne sais rien de plus. Tu es un piètre joueur de Poker, mon fils.

- Vraiment ? Je vais relancer alors ? Dresde.

- Bordel !

- Bluff ou pas. J'attends ton appel.

Je raccroche. Je tremble. J'ai le front trempé. Mais je ne me suis jamais senti aussi vivant. Il avait peur. J'éclate de rire. Quel pied phénoménal !

***

- De bonne humeur, Prescott ? Le sourire vous va bien au teint, lance l'homme dont je ne connais toujours pas le nom.

- Alors, je vais continuer.

- Vous avez contacté votre père ?

- Ouep, monsieur !, dis-je rigolard.

- Vous avez bu ?

- Non. J'ai entendu la peur dans la voix de mon père. Je crois que j'attends ce moment depuis mes dix ans. Je rage de ne pas avoir penser à enregistrer cette conversation ! Benjamin aurait adoré aussi, j'en suis sûr !

- Et à part ça ? Il a réagit comment ?

-Il a été arrogant, méprisant. Puis surpris et inquiet. Maintenant, j'attends que la tension monte.

- Vous êtes surprenant, Prescott. Vous lui avez raccroché au nez ?, me demande-t-il, étonné.

-- Il fallait le déconcerter. Le sortir de sa zone de confort et l'entraîner dans la mienne.

- Vous en êtes sûr ?

- À 90%. Il a un ego surdimensionné. Il a l'habitude de gagner. Et surtout il est persuadé que je suis une merde.

- Il a tort.

- Pas tant que cela. Mais je sens meilleur que lorsque je vivais à côté de lui.

-- Je ne sens rien. Et s'il ne rappelle pas ?

- Impossible. Il ne peut pas se permettre une erreur, dis- je en sortant de la pièce.
.

Lisbeth est allongée sur un transat.

- Le soleil tape fort ici, ticoeur. Tu veux que je te mette de la crème solaire ?

- Non. Je ne risque rien, je reste en tee-shirt, Dylan.

- Nous ne sommes que nous. Tu peux en profiter !

- Je ne veux pas exhiber cette monstruosité. Ni à toi ni aux autres, rétorque-t-elle, agacée par mon idiote suggestion.

- Ticoeur, quand tout ça sera fini, je t'aiderai à aimer ton corps.

- Comment Dylan ? Tu mettras un bandeau ?

- Non. Je changerai ta façon de le voir. Par contre, ça va t'obliger à rester près de moi, dis-je, en m'approchant très près d'elle. Cela demande des attentions quotidiennes.

- Ah bon, répond-elle, moqueuse. Et sur combien de temps ?

- Tout dépend du sujet. Si tu es réceptive, quelques mois. Si tu es bornée et indisciplinée, ça peut prendre des années ! Mais, rassures toi, je n'ai rien de prévu dans les prochaines années à part quelques parties de poker !

-- Vendu ! Tu l'as eu ?

- Oui. J'ai gagné le premier round. Je peux m'installer à côté de toi ?

-- Oui.

(Lisbeth)

Il est tellement gentil. Tout à l'heure, il était terrorisé, sans force. Mais, en me voyant, il a juste songé à me rassurer. Moi.
Il me parle d'un avenir ensemble. Je n'osai même pas y penser. Je ne sais pas ce que je ressens, mais je sais que s'il est là, je vais bien.

- Dylan ? Je peux te parler ?

—J'arrive Nils. A tout à l'heure, ticoeur !

-Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien de grave. Tu comptes faire quoi ? Pour l'entreprise de ton père ?

- Sérieusement ! Je n'en sais rien. Ce n'est pas compliqué, je m'en désintéresse. Benjamin a plus de qualités que moi.

- Tout s'apprend Dylan.

-Je n'en doute pas. Mais je ne veux pas apprendre. Ça ne m'intéresse pas. La vie que j'ai choisi me convient très bien.

- Et Lisbeth ? Tu la mets où dans cette vie ?

- Où elle aura envie d'être.

Mon téléphone vibre dans ma poche. C'est lui. Déjà.

- Oui ?

- Ne me raccroche plus jamais au nez en pleine conversation ! C'est clair ?, me hurle-t-il dans les oreilles.

- Je ne suis plus un petit garçon effrayé !

- Que veux-tu ?

- Ah ! me prends-tu au sérieux ?

- Je répète. Que veux- tu ? Détruire tout ce que j'ai créé ? Juste pour te venger !

-Tout dépends de toi. J'ai besoin de ton aide.

- Voilà la raison.Tu as fait quoi ?, demande-t-il, méprisant.

- STOP ! Je dois trouver un homme, et le traduire en justice. Tu as les moyens technologiques et humains pour y arriver. Tu m'aides. En échange, je ne dévoile rien aux médias. Tu nous laisses tranquille Benjamin et moi. Tu essayes de nous baiser, tu perds tout !

- Sale petit connard !

- C'est ton oeuvre. Tu n'es pas fier de moi ? Je ne bluffe pas. Sois-en certain. Je te laisse une heure pour réfléchir. Ne fais rien d'idiot, je n'aurai aucune hésitation à détruire ton empire. Une heure.

Je tombe à genoux. J'ai réussi à lui dire tout cela sans pleurer, sans perdre mon sang froid . Mais ce n'est pas fini. Je dois assurer mes arrières. Il est retord.

- Bob ? Je l'ai eu. Il a une heure pour décider. S'il tente quelque chose, ça va être maintenant.

- Je le surveille déjà. Bravo petit.

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant