Le lendemain, nous partons vers neuf heures. Nous avons pas mal de route à faire. Je veux aussi faire quelques achats. J'ai certaines habitudes, et je ne suis pas sûr de trouver cela en Grèce.
Peut-être arriverai-je même à lui faire accepter l'achat de vêtements adaptés au climat grec. Je ne veux pas la bloquer.- Ticoeur ? Ça va ? Tu n'as rien mangé ce matin.
- Juste un peu de stress. Ça va passer. Ne te tracasse pas.
- Tout ira bien. On va s'arrêter en début d'après midi. Je dois faire quelques courses. Il faudrait peut être que tu ais quelques vêtements très légers pour la Grèce.
- Tu ne peux pas t'empêcher de vouloir dépenser de l'argent.
- Au contraire ! Grâce à toi, je vais économiser l'hôtel. Nils n'acceptera jamais que je le paye !
- Il joue au poker, lui aussi ?
- Non. Enfin de temps à temps. Il est à la tête d'une grosse boite de marketing. C'est un bourreau de travail.
- Tu le connais depuis longtemps ?
- Oh oui !! Quand nous étions mômes, on ne se supportait pas. Trop de pression familiale. Nous nous sommes découverts et appréciés plus tard. Par hasard. Lors d'une soirée, j'ai tout de suite vu que c'était lui. Mon réflexe a été de le fuir. Mais j'ai repéré des mecs, qui le zieutaient. On est plus fort à deux, je l'ai aidé.
- Comme avec Ryan ?
- Non, rien à voir. J'ai juste vu un mec qui allait se faire massacrer, je l'ai aidé. Pour me remercier, il m'a proposé une soirée.
- En fait vous ne vous connaissiez pas ?
- Voilà. Mais il m'a bien aidé, pour toi.
- J'aurai été vraiment en danger ce soir-là, tu crois ?
- Les gars n'étaient pas au courant, mais ils auraient fait des trucs en te croyant consentante.
- J'ai merdé, de faire confiance à cette ...
- Oui. Tu as baissé ta garde. C'est humain.
- On ne peut pas faire ça. Trop dangereux.
- Oui. Mais, c'est fini. On s'arrête un peu ? Il faut que je marche.
- Si tu veux. Dylan ? Est-ce que tu comprends pourquoi certaines personnes aiment faire mal ? Pour quelle raison ?
- Oh, ticoeur ! Non, je ne comprends pas. Et je ne sais pas pourquoi. Je sais juste que je ne veux plus être à leurs côtés. Plus jamais.
- Moi non plus. Si j'y arrive.
- Je t'y aiderai.
- Je sais. Mais je ne veux pas que tu t'exposes en me protégeant.
- Pas de danger. Je ne risque rien de ce style-là ! Pas comme toi, n'est-ce pas ?
- Oui. Mais cela ne se produira plus. Je me le suis promis. Plus jamais.
- Ton frère ?
- Je ne peux pas en parler, Dylan. Pas encore.
- Prends ton temps. Je suis là, n'oublie pas.
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(Benjamin)- Benjamin ! Dans mon bureau.
- Père.
- Assieds-toi. Félicitations, tu as enfin compris que cette fille n'était pas de notre niveau.
- J'ai mis fin à notre relation. Comme vous le vouliez.
- Tu sais, rien ne t'empêche de la voir. Discrètement. Un homme a des besoins.
- Je me débrouillerais autrement pour cela, Père.
- Tu es bien insolent. Je te conseille de stopper cette attitude très vite.
- Oui. Excusez-moi, Père.
- Parfait. Je vais quand même faire en sorte que tu te le rappelles. Je suis ton père. Tu iras à la montagne dès ce week-end. Sans discussion. Tu as besoin d'être repris en main.
- Oui. Merci Père.
Je sors de son bureau, le dos en nage, tremblant.
Il est revenu hier soir. Je m'étais juré de ne pas me laisser faire. Mais, il connaît toutes les ficelles. Il connaît toutes mes faiblesses.
En me convoquant dans son bureau, il sait qu'il est déjà en position de force. Sentir son regard froid sur moi, entendre ses paroles blessantes.
Il sait exactement comment faire. Il sait que je ne suis pas Dylan. Je n'ai pas la force et le caractère de mon frère.J'ai peur. Mais, je n'ai pas le choix. Il est le maître. Il ne veut pas perdre de nouveau.
Dylan a gagné le combat.
Père n'acceptera pas un autre affront. Pour me le faire comprendre, il va d'office briser toute volonté de révolte. Mais qu'importe, Dylan est libre.
Je dois lui parler, lui dire qu'il est de retour. Sans lui parler de la montagne, il ne le supporterait pas.
- Dylan ?
- Ben ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il est rentré. Fidèle à lui même.
- Essaye de ne pas le croiser. Va visiter un de nos sites, trouve quelque chose.
- T'inquiètes pas pour moi. Mais toi, sois prudent.
- Je le suis toujours. Merci de m'avoir appelé, frangin.
Je raccroche, mes larmes coulent, ma poitrine est oppressée.
Dylan est à l'abri, Dylan est à l'abri. C'est la seule chose qui me donne la force de résister. Je suis son grand frère, je n'ai jamais pu le protéger quand il était là. Maintenant, je dois tout mettre en oeuvre pour qu'il reste loin.
- Dylan ? Qu' est-ce qui se passe ? Demande Lisbeth.
Il vient de raccrocher. C'était son frère. Je l'ai entendu dire "Ben" . Il est blanc, la sueur au front.
- Réponds-moi. Tu me fais peur.
- Excuse-moi, ticoeur. C'était mon frère. On ne va pas s'arrêter, on va directement à Bordeaux. Tu dormiras dans la voiture, dit-il la voix tremblante.
- Il s'est passé quelque chose ?
- Juste le retour d'un cauchemar. Je ne veux prendre aucun risque. J'appelle Nils. Tout va bien, Lisbeth.
- Tu mens très mal. Je sais reconnaître quelqu'un qui a peur. Appelle ton ami, je vais acheter des trucs pour manger dans la voiture. Donne-moi de l'argent.
- Tiens. Fais vite, dis-je en composant le numéro de Nils
- Nils ? On va rouler toute la nuit. Tu as un endroit où on peut aller avant de prendre l'avion ? Il est revenu, Ben vient de m'appeler.
- Merde. Roule, achète un portable et laisse-moi ton numéro en SMS. Je vais trouver une solution. Je suis là.
- Merci.
Je sens la bile monter, mon estomac se révulse et je vomis. Même à distance, je continue à mourir de trouille.
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Libre
General Fiction25 ans et libre de ses mouvements. Joueur de poker plutôt doué - en tout cas suffisamment pour lui donner la possibilité de pouvoir vivre à l'endroit où il veut le temps qu'il veut. Des attaches ? Il n'en veut pas. Des rencontres ? Pourquoi pas ; m...