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En fait, sans le savoir, nous nous protégions l'un l'autre.
Lisbeth est ma priorité. On doit stopper Sastus. A n'importe quel prix. Je dois parler avec le protecteur de Lisbeth.

— On peut parler ? Juste nous deux.

— Bien sûr, Prescott. Qu'est-ce qui vous déplaît ?

— Pas mal de choses. Votre nom ? Personne ne sait qui vous êtes. J'aime avoir un minimum d'infos.

— Prenez l'annuaire, choisissez un nom, ce sera le mien. Je n'en ai pas. J'en change tout le temps.

— Qui êtes- vous ? La belle histoire de l'inconnu qui est là, au bon endroit et au bon moment, j'ai un peu de mal à y croire.

— Vous avez tort. Vous croyez vraiment que je l'aurai laissé entre ses mains ?

— C'est une des petites choses que j'aimerai éclaircir, oui.

— Bon. Je suis un genre de privé.

— Arrêtez de vous foutre de ma gueule. Surveillance d'un homme en prison. Avion ou bateau privé. Tout cela coûte de l'argent. Qui vous emploie ?

— Je ne connais pas son nom. J'ai rencontré Lisbeth, par hasard. J'étais sur une autre affaire, très rémunératrice. Je n'étais pas en cavale, mais en planque. Après l'avoir rassurée et hydratée, je devais continuer ma filature. Je lui ai laissé mon numéro et je suis parti. J'étais sur cette affaire depuis presque trois mois. Quand je suis revenu, quatre heures après, elle n'était plus là. Mon affaire était finie, je me sentais très mal.

— Vous avez vraiment recherché ce fumier, ou c'est aussi un mensonge ?

— J'ai mis toutes mes ressources et toutes mes connaissances sur cette enquête. Je me suis retrouvé en prison pour approcher ce mec et des gens pouvant me rencarder.

— Sur l'ordre de qui ? Qui vous paye ?

— Vous m'emmerdez Prescott ! C'est son frère. Il ne peut pas se dévoiler. Il est clean.

— Vous êtes sûr de ça ?

— Prescott ! Je vais le répéter une dernière fois. Si vous doutez encore une fois que je suis de son côté, je vais foutre mon poing dans votre petite gueule arrogante. Est- ce bien clair ?

— Ça l'est. Je ne suis ni un privé ni un mercenaire. Je suis juste un joueur de poker. Par contre je suis une teigne. Compris ?

— Oui. Il a découvert son existence par hasard. En fait, elle est sa demi-sœur. Je ne pense pas que Sastus le sache. J'en suis presque certain sinon il s'en serait servi.

— Et son père il le connaît ?

— Non. Sa mère est morte. Il veut lui dire tout cela, mais avant Sastus.

— D'où le secret ! Je ne lui dirais rien.

— Et vous, Prescott ? Pourquoi vous intéressez vous à cette gamine ?

— Elle faisait du stop. Ça m'a énervé. Je lui ai râlé dessus, elle m'a envoyé chier.

— Elle a un sacré caractère.

— Je l'ai retrouvée le lendemain, dans une situation plus dangereuse encore. Je lui ai demandé de me suivre. Au final, je l'ai embarqué de force.

— Sérieux ?

— Elle était agressive mais très alcoolisée. Au matin, je lui ai proposé de rester avec moi.

— Vous êtes en couple ?

— Non, même si cela ne vous regarde pas.  Pour ma part, une profonde affection, je me sens bien à ses côtés. Elle avait l'air épuisé et désargenté. Cela me semblait plus sûr qu'elle reste avec moi.

— Elle a dû être soucieuse, non ?

— Prête à s'enfuir. Je ne suis pas exigeant, elle non plus.

— Elle semble être bien. Son frère m'avait demandé de me renseigner sur tes intentions à son égard.

— Je n'ai aucune intention, bonnes ou mauvaises. Je ne suis pas Sastus, elle ne m'appartient pas, martelais-je, en colère. La seule chose que je veux, c'est que Lisbeth ne vive plus dans la peur.

— Vous êtes un homme bien, Prescott. Il va peut-être falloir contacter votre père. Plus on attend, plus on laisse de temps à Sastus.

— J'ai toutes les informations nécessaire. J'ai juste une question : Une idée si mon père ne veux rien entendre ? C'est un connard borné.

— On avisera.

     
                      ****

— C'est moi.

— Dylan. Je n'ai rien trouvé de plus sur Sastus.

— Je vais entrer en contact avec mon père. Mettez Benjamin à l'abri. C'est la première chose qu'il va tenter pour me contrer.

— Il est à l'abri, rassure-toi. Inaccessible. Même pour ton père.

— Vraiment ?, questionné-je, terriblement angoissé.

— J'ai quelqu'un à sa place dans le cachot. Au besoin, ce "faux" frère peut mourir, pour ton père. Il fallait que tu le saches.

— Juste une précision. Pas réellement ?

— Non, Dylan. Je ne fais pas cela, grogne-t-il, mécontent.

— D'accord. Je me devais de poser la question.

— Sois prudent. Ne baisse pas ta garde. C' est un vicelard.

— Je le sais, Bob, je le sais. Entre Ben et moi, choisissez toujours Ben. Compris ?

— J'espère ne pas avoir à me poser la question.

J'ai envie de gerber. De partir en courant. Dylan, ressaisis- toi, ce mec est le seul à pouvoir sauver la vie de Lisbeth. Je dois rester maître de mes émotions. Ne pas avoir la voix qui tremble. Je sens mon estomac qui se révulse et je me précipite vers les toilettes.

Dix minutes après, Lisette, appuyée contre le mur, les bras croisés sur la poitrine, me fixe.

— Ne fais pas ça.

— Ticoeur. Je vais me reprendre. J'ai juste eu un coup de stress.

— Je croyais que tu ne me mentais jamais, chuchote-t-elle.

— Tu veux quoi Lisbeth ? Que je t'avoue que j'ai les boyaux noués à cause de la trouille ? C'est le cas.
Que je n'ai pas parlé avec mon père depuis très longtemps ? Que je m'en passerai bien ?
Tout ça est vrai, ticoeur. Mais je sais aussi que grâce à ce salopard, tu seras tranquille. Et rien que pour cette raison, je vais le laminer.

— Prends- moi dans tes bras.

— Avec plaisir. Viens contre moi, mon coeur. Donne moi ta force.

Je reste contre elle, le menton sur le haut de sa tête, en silence. Et puis, je me rends compte que je n'ai plus peur. Alors je lui fais une bise. Et je m'éloigne.

— C'est moi. Bonjour Père !

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant