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Elle arrive alors que je paye. Est- ce qu'elle a au moins conscience du charisme qu'elle dégage ?
On est déjà cinq mecs en train de la mater. Et je suis l'heureux veinard avec qui elle va partir. Et je dors avec elle...toutes les nuits.
- Quoi ? Me demande-t-elle avec son air aimable.

- Rien, ticoeur. Veux-tu me faire plaisir ? Laisse-moi te prendre dans mes bras... Amoureusement.

- Pour un concours de celui qui pisse le plus loin ?

- J'appelle cela de la testostérone. Mais c'est pour cette raison, oui.

- Si cela peut faire disparaître les balourds du secteur, volontiers.

Je m'approche d'elle, la fixant, et je lui embrasse le bout du nez et la serre contre moi.

- Respire, ticoeur, ce n'est que moi. Pour leur montrer que tu es accompagnée. Et ça marche, ils sont verts.

- Tu sais, je me rends compte que c'est très agréable de vivre avec toi. Hum, tu sens super bon. Elles ont de la chance, tes conquêtes d'un soir !

- J'apprécie aussi de ne plus être seul. Tu es vraiment facile à vivre, ticoeur. Et je ne sais pas si mes conquêtes aiment mon odeur, et je m'en fous royalement. Allons y, lui dis-je en souriant.

- Où ?

- Grignoter un truc, j'ai faim.

- Tu es un gouffre sur pattes, Dylan.

- Ouep ! Ça fait une moyenne, toi, tu ne manges rien.

- Tu sais, dans la rue, les repas ne sont pas réguliers. Mon organisme a besoin de temps. Arrête de lever les yeux au ciel !

- Je vais me fâcher, Lisbeth. Tu mets ta santé en péril, et ça me met en colère.

- Ah ah. En péril ? Ah ah Ah.

- Je ne trouve pas ça drôle, crois- moi, dis-je en fronçant les sourcils.

(Dylan)
Elle se fout de moi, je n'y crois pas. Elle rigole, mais je soupçonne un rire nerveux. Tu es vraiment un pauvre con, Dylan. Tu lui parles de péril, alors qu'elle est sûrement en fuite. Et tu te rappelles son dos ? C'est sûr elle rigole de ta bêtise.

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(Lisbeth)

J'ai mal au ventre à force de rire.
Je me mets en péril !
Parce que je mange peu.

En effet, cher Dylan, j'ai pris cette fâcheuse habitude car IL me nourrissait quand IL l'avait décidé. Et encore s'IL n'avait pas décidé de me punir. Mais, évidemment, je ne peux pas lui dire.

- Excuse-moi, ticoeur. J'ai une tendance à m'immiscer dans ta vie privée. Allons manger et réfléchir à l'endroit où on va dormir, ok ?

- Je vais essayer de faire un effort, Dyl'. De me rappeler que je ne suis plus sur la route. Sois patient, ce n'est pas si facile !

- Dyl' ! J'aime bien.

Au fast-food, j'ai énormément mangé,  j'avais très faim. Lisbeth a grignoté des frites et un dessert. Le premier hôtel  "convenable" est à 150 km, mais vu que ce n'est que pour une nuit, un campanile fera l'affaire. Je suis fatigué, je dors peu.
Lisbeth est rêveuse comme d'habitude. Mon portable sonne. Je regarde l'écran  "Benjamin". Merde.

- Tu ne réponds pas ?

- Non. Pas envie. Il rappellera.

- Ok. Tu sais, que je peux te laisser tranquille, aussi ?

- Ticoeur, c'est mon frère. Il me connaît bien. Tu as des frères et soeurs, toi ?

- Non. As-tu remarqué que nous n'avons ni toi ni moi une passion pour les phrases ?

- Ouais. Sinon je n'aurais pas pu. Une bavarde. Carrément pas possible !

- Pareil. Je n'aime pas les gens qui me saoulent de paroles.

- Alors, Campanile ?

- Ouais. Tu es fatigué. Et puis on n'est pas pressés, pas vrai ?

- Non. Je vais juste faire deux trois courses. J'ai des besoins.

- Voyons ! Bière gâteaux chips whisky. Tu mets ta santé en péril, Dyl'!

- Je l'ai bien cherché celle-là.

J'aime quand elle est comme ça, blagueuse.
Mon portable sonne. Benjamin de nouveau. Je décroche.

- Ouais !

- Bravo. Tu décroches à la deuxième fois, tu fais des progrès.

Je raccroche. Quand comprendra- t-il ?
Son humour de merde me gonfle mais cela fait partie de notre rituel. Il va rappeler dans 5.4.3.2.

- Oui.

- Bonjour Dylan !

- Benjamin. Tu vas bien ?

- Ouais. J'attendais de tes nouvelles. Tu te rappelles ?

- J'ai été bien occupé.

- Tu ne viendras pas, c'est ça ?

- Je n'y arrive pas, Ben !

- Ok ! Je suis en vacances, je pourrais venir te rejoindre, qu'est-ce  que tu en dis ?

- Je ne peux pas, Ben. Désolé frangin. C'est compliqué.

- C'est toujours compliqué ! Je ne suis pas LUI, Dylan. Cela fait trois ans, bordel !

- Je sais. Je vais raccrocher. Je te rappelle.

Je tape un grand coup dans le mur. Fais chier. Juste l'entendre  parler de lui me fait sortir de mes gonds ! Je n'ose imaginer ma réaction en le regardant.

Lisbeth regarde de mon côté. Elle doit se demander ce qui se passe. Et je ne peux pas lui dire, mes problèmes la feraient fuir immédiatement.

>>>>>>
(Lisbeth)

Il a l'air d'être énervé, très énervé. Son frère, il m'a dit que c'était son frère. Je dois faire quoi ? Lui poser des questions ?
J'aime pas quand il le fait, alors de quel droit, je m'y autoriserai ?

- Excuse-moi. Avec cet appel, ma fatigue a disparu. Ça te dérange qu'on continue à rouler ? 

- C'est toi le conducteur. De toute façon, je doute que tu arrives à dormir, pas vrai ?

- Non. Mais je ne suis plus seul, donc je te demande.

- Ça me va. Et toi, tu vas bien ?

- Je suis souvent dans cet état après l'avoir eu au téléphone.

- Décroche pas, alors.

- Il me harcèle. Si je suis de bonne humeur, je décroche sinon, il appelle toutes les cinq minutes.

- Après, vu ton état, le résultat final est le même.

- Carrément. Il voulait me rejoindre, c 'est hors de question.

- A cause de moi ?

- Non. De moi. J'ai envie de bruit, on réserve à l'hôtel et  on va en ville. Tu es d'accord avec ça ?

- Oui.  Veux-tu que je te laisse tranquille ? Pour draguer ?

- Non,  je préfère rester avec toi, mais si toi...

- Je ne recherche jamais de compagnie.

- Jamais ?

- Jamais.

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant