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Elle dort. Que m'arrive- t- il ? J'ai volontairement tout quitté. Pour me libérer de sa domination.
Les premiers mois, j'avais peur. Être seul m'effrayait. Il ne l'avait jamais toléré.
Puis, j'ai appris à être auprès de mes semblables, à petite dose.

Pour survivre, j'ai choisi le Poker. Il détestait cela. Ce jeu, fait de domination et de mensonge, m'a permis de tenir. D'être indépendant, après des années sous son joug.
Et pourtant, je remets tout en question. Je suis prêt à prendre le risque de me mettre en danger.
Par amour ? Même pas ! Enfin, je ne crois pas.
Je n'ai jamais connu ce sentiment. De l'envie, du désir, cela je connais. Je ne ressens pas cela pour Lisbeth. Juste une impression de calme, de plénitude.
Elle a besoin d'aide. Je peux le faire. Si elle l'accepte.
Mon portable sonne et elle se crispe instantanément dans mes bras.
Je me lève en décrochant.

- Ouais. Je t'écoute.

- L'avion sera prêt à décoller dans deux jours. Stefan sera le pilote.
Je mets à ta disposition sur place une voiture. As-tu besoin de quelqu'un pour la maison ?

- Non. Ce n'est pas nécessaire.
Je te remercie, Nils. J'ai encore une demande particulière, le nom d'un pécheur de confiance, pour emmener en toute discrétion et en sécurité totale, la personne qui m'accompagne. C'est la seule chose qui lui permettra de me suivre sereinement.

- Je sais exactement à qui m'adresser. Rassure- la.

- Merci. Je te suis redevable, Nils.

- Oublie. Fais-moi signe dès que tu es prêt.

- D' acc.

- Tu en as beaucoup de personnes comme lui, autour de toi ? Me demande-t- elle.

- Non. Lui et moi, c'est exceptionnel. Il peut me demander ce qu'il veut et vice versa.

- D'accord.

- L'avion est dispo dans deux jours à Bordeaux. Tu as entendu, pour le bateau ?

- Oui. Tu es quelqu'un de bien, Dylan. J'ai l'impression que pour toi, tout est simple.

- Ce n'est pas tout à fait vrai. Mais je suis tenace. J'aimerai que tu sois rassurée. Donc je mets tout en place pour cela.

- Je suis prête à venir avec toi. Tu apaises ma peur.

Car je sais que dès qu'il sera de retour, je ne me contrôlerai plus.

- Je sais. Et je te comprends. Moi aussi, je suis en fuite.

- Je l'avais compris. Dis à ton ami que je suis d'accord.

- J'aime que tu me fasses confiance. Merci.

- Nils ? C'est bon. On part pour Bordeaux dès demain.

- Moi, j'ai eu confirmation pour le pécheur de confiance. Il prendra contact avec toi sur place. Tu n'as rien à lui donner, je m'en suis occupé.

- Pas question de cela. Dis-moi ce qui te ferai plaisir, au moins !

- Mais je vais l'avoir, Dylan. Ta jeep.

- Salopard. Je t'autorise juste à la conduire.

- C'est déjà un exploit. Elle doit en valoir la peine.

- C'est le cas. Tu seras à Bordeaux ?

- Non, malheureusement. Je pars au Japon demain matin.

- C'est vrai ? As-tu réussi ?

- Ça se finalise tranquillement. J'ai une bonne impression. A l'aéroport, il y aura Marc qui prendra en charge ta voiture. Il connaît ton obsession, et la bichonnera.

- Y a intérêt. Tu lui as expliqué les risques encourus s'il y a une rayure ?

- Ouais. Brièvement. Il fait une bonne tête de plus que toi et 60 bons kilos de muscles en plus. Tu régleras cela avec lui !

- Ouep ! Merci encore.

- Bye.

Je raccroche. Elle est tout sourire.

- Tu ne serais pas en train de te foutre de moi, Lisbeth ? Tu n'oserais pas faire un truc pareil, dis-moi ?

- Non. non, jamais de la vie, Dylan, dit-elle, se retenant de rire avec difficulté.

- J'espère ! Car cela mériterai une séance de chatouille. Une méga grosse séance.

- Non.

- Ok. Pas de chatouille, lui dis-je en souriant. Un câlin c'est plus envisageable, mademoiselle la moqueuse ?

- Carrément. C'est ton comportement avec ta voiture.

- Quoi ? C'est mon trésor.

- Je sais. Et de savoir que tu la laisses pour moi, c'est juste énorme.

- Ticoeur, j'aime ma voiture c'est vrai, mais toi, tu es une personne. Avec un coeur.
Ma voiture est très belle, malgré tout, je préfère dormir avec toi.

- Merci.

- À ton service.

- Je peux utiliser ton PC , s'il te plaît ?

- Bien sûr. Je le mets en route.

- Merci.

- De rien. Je sais que c'est important pour toi.

>>>>>>>
(Dylan)

Je la laisse tranquille. Je n'ai pas envie de la voir perdre pied.
A chaque fois, elle est extrêmement tendue, puis dès qu'elle a la confirmation que tout va bien, tout son corps se relâche, épuisée, au bord des larmes. Et à ce moment là, elle vient chercher du réconfort à mes côtés.

Pour moi, pas de répit. Mon adversaire a de l'endurance. Il sait ce qu'il veut. Mais, il ne l'obtiendra pas.
Maintenant, j'ai une force supplémentaire. Une sacrée motivation. Tu ne me verras pas encore rentrer

Je m'allonge sur le lit, les bras derrière la nuque, les yeux fermés.
Je dois appeler Benjamin. Je dois savoir si ce salopard est encore au Japon. De là- bas, il a moins de facilité pour faire pression.
Avoir gagné l'autre jour me laisse de la marge. Et d'après mes infos, il n'a pas eu connaissance de cette partie.
Avoir mon frère au téléphone peut me permettre de glaner des informations.

- C' est moi !

- Je sais. Tu vas bien Dylan ?

- Ouais. Je voulais m'excuser pour hier.

- C'est bon. Je sais à quel point c'est dur pour toi. Il est encore là bas...

- Je sais, j'ai vu les infos. Toi, comment tu vas ? Ta copine ?

- Y a plus de copine, il ne voulait pas. Pas assez bien pour notre image. Tu le connais... Je n'ai pas ta force.

- Benjamin...

- Laisse tomber. Elle n'était pas si importante que ça. Je vais bientôt faire comme toi. Une rencontre, une bonne soirée et basta.

- Ce n'est pas toi ça. Épouse celle qu'il te choisira. Et après, va voir ailleurs. Il peut te donner des cours.

- Donc, on ne se voit pas.

- Non Je pars quelques temps avec un pote. Ce sera compliqué. Même pour t'appeler. On sera en bateau.

- D'accord. Sympa de me l'avoir dit.

- Prend soin de toi.

***********
Je raccroche. Elle s'allonge à côté de moi. Son souffle sur ma poitrine.

- Je viens. Serre-moi fort, s'il te plaît !

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant