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Nils et Benjamin ont très vite installé ce qui leur était nécessaire. Dorénavant, même s'ils n'étaient pas avec nous, ils entendaient et voyaient.

Sastus était installé. Il avait des yeux fatigués, des cernes lui mangeant le visage.
Pourtant, je ne pu m'empêcher de remarquer son regard sur Lisbeth. Plein d'inquiétude. Malgré sa petite sieste, son visage était terne. Il aurait été plus raisonnable qu'elle se repose, loin de tout cela. Sauf qu'elle avait besoin d'être là. Face à lui. Et puis, ici, elle était à l'abri de son frère. Si nous avions perdu sa trace, je savais qu' il n'abandonnerai pas. Elle était son  dernier obstacle. J'avais honte, mais si Sastus était du côté de Lisbeth, nous avions peut être avec son aide, notre seule et unique chance de la sauver ! Car son objectif à lui était très clair : la mort.

- Êtes-vous prêt Sastus ?

- Oui. Comment vas-tu Lisbeth ?

- Je veux en finir. Tu as une tête à faire peur.

- Aucune importance. As-tu des questions ?

- Des milliers ! Je ne comprends pas une chose. Tu es réputé pour ton habilité, ta maîtrise et tes connaissances dans tous les milieux.

- Des exagérations. J'ai des informations mais je travaille seul. Je n'avais pas la possibilité de la sortir de là. Si c'est cela qui te pose un problème !

- Tu pouvais le faire. Il suffisait de me laisser et de sauver ta sœur. Ce n'était pas compliqué !

- Je ne voulais pas te laisser. Il en aurait profité. Il était trop tard pour Aby. Elle était détruite.

- Tu aurais pu l'aider ! Tu l'as abandonné ! hurle-t-elle.

- Non. Elle a fait son choix toute seule.

- A douze ans ? Je ne te crois pas ! As-tu une preuve de ça ?

- Non. Aucun des mecs qui était là-bas ne l'aurait tuée comme cela ! Ils l'auraient rouée de coups. Elle l'a fait toute seule. Regarde-moi.
Après avoir préparer ton évasion, et m'être assuré que tu étais en sécurité.

- Où j'étais ?

- Dans la gare. Tu as volé une valise. De la monnaie à une terrasse de café. Et tu t'es installée dans la salle d'attente.
Cela prendra du temps mais je peux te donner tous les endroits où tu as été.
Je t'ai dit que j'avais organisé ton évasion. Pas que j'avais cessé de te protéger. J'ai payé un mec pour qu' il me prévienne si tu bougeais de la gare. Et je suis allé chercher ma sœur. J'ai dû pénétrer dans cet endroit de façon brutale. Ton frère n' y était pas. Les quatre mecs que j'ai questionné m'ont dit la vérité sois en certaine. Elle a mis fin à ses jours.

- Je suis désolée, gémit-elle.

- Je te l'ai déjà dit. Tu n'es coupable de rien.

- Faux ! Tu as été embauché par mon père ! Et c'est mon frère qui a enlevé ta sœur. A cause de moi. Car il me voulait du mal !

- Il te veut toujours du mal, Lisbeth ! C' est pour cette raison que je devais faire en sorte que vous m'arrêtiez. Je le connais. Je vais continuer mon boulot. Laisse-moi faire.

- Tu veux m'aider à le trouver ?

- Ton père m'a chargé de m'occuper de toi.

- Mon père est mort. Tu peux arrêter de le faire.

- Oui. Mais je ne veux pas. Est-ce que toi, tu veux de mon aide ? As-tu encore confiance en moi ? Peux-tu oublier celui qui t'a fait mal ?

- Sans ton aide, nous n'y arriverons pas. Je ne crois pas pouvoir oublier tout de suite. Mais si je me rappelle de tous les moments, je me souviens de rires. J'étais petite mais je ne me souviens de rien de la sorte avec  ma mère.

- Elle n'était pas câline. Tu étais un moyen de garder ton père. Désolé. Je t'ai raconté tout. Il faut maintenant que vous décidiez.

- Attend ! Si tu me suis depuis tout ce temps, pourquoi tu ne m'as pas reprise ?

- Tu étais entre de bonnes mains. Je t'ai vu t'ouvrir, commencer à sourire. Dylan te protégeait.

- As-tu vu que j'avais peur ? Que j'avais de nouveau des cauchemars ?

- J'ai vu tes yeux effrayés, à Corfou. J'ai vu ton rapprochement avec Dylan. J'ai rigolé quand vous avez fait le voyage dans le coffre de la voiture.

- Pourquoi tu n'es pas intervenu ?

- Ce n'était pas le moment. J'aurai voulu t'épargner tes crises d'angoisse. Mais je devais rester dans l'ombre. Attendre qu'il rentre en contact. J'avais peu d'infos sur celui que tu appelles Al.

- Son nom m'importe peu. J'ai confiance en lui.

- Malgré le fait que c' est lui que ton frère a contacté ?

- Oui. S'il me voulait du mal, il avait toutes les opportunités pour agir. Grâce à toi, j'ai appris la méfiance.

- Cela peut aussi être un atout. Tu n'as pas été méfiante avec Judy ? Je me suis fait avoir aussi. Au bar, j'ai attendu. En dehors des quatres mecs, qui te regardaient avec envie, j'avais repéré un regard différent. Bienveillant celui-là. Je ne regrette rien.

- Tu étais vraiment là tout le temps !  Je ne m'en suis jamais rendu compte !

- Heureusement ! Tu es une sacrée petite bonne femme, Lisbeth ! Ton père t'aurait adorée.

- Je ne sais pas si moi, je l'aurai aimé. Il ne m'en a pas donné la possibilité.

Elle se tourne vers moi. Et je m'aperçois que depuis tout à l'heure, ils n'ont pas été interrompu une seule fois.
Elle se serre contre moi et parle dans mon oreille. Juste pour moi.

- Dylan ? J'en ai besoin. Mais ni Al ni Bob ne vont être d'accord. Je veux être dans ses bras.

- Mon cœur...

- C'est important ! Va leur expliquer !

- Pas besoin. Je serai juste à côté.

Elle me sourit. Elle se lève de sa chaise et contourne la table. Al et Bob ont la main sur leurs armes. Je leur fait un signe d'apaisement. Et viens juste derrière Lisbeth. Sastus la regarde s'approcher de lui. Seul ses yeux réagissent.
Elle est à portée de lui. Elle le regarde fixement, attendant une réaction de sa part. Je suis en apnée. Juste un hochement de la tête. A peine visible. Et elle est dans ses bras.

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant