Nils et Al ont préparé notre retour en France. En toute sécurité.
Bob s'occupait, lui, du rapatriement de Benjamin.
Nous devrions donc nous retrouver ensemble d'ici demain soir.Je n'ai pas vu mon frère depuis.... que je suis parti. Je l'ai régulièrement au téléphone, mais je réalise maintenant que lui comme moi, nous nous sommes cachés des choses. Pour nous protéger mutuellement. Il va falloir qu'on parle. Sérieusement.
— Tu es prête, Lisbeth ? Tu as compris ce qui va se passer ?
— Je ne suis pas idiote, Al ! C'est l'idée d'être enfermée dans le coffre qui m'angoisse. J'ai peur d' avoir une crise de panique.
— C'est dans quelle voiture ?, demande Dylan, avec de toute évidence une idée derrière la tête.
— Le 4x4. Je te vois venir, Prescott. Il faut essayer.
— Combien de kilomètres ?
— Je dirais que il y en a pour 3/4 d'heures, dis-je ironique, les routes en Grèce sont longues et cahoteuses...
— C'est mieux qu'une crise de panique, non ? Allons voir.
Nous nous dirigeons vers le garage. Al ouvre le coffre du véhicule. En effet, c'est pas géant mais cela devrait aller.
— Alors, ticoeur ? On essaye ? lui demandé -je en lui montrant le coffre.
— Je ne comprends pas, répond-elle et en effet son regard est perplexe.
— Je te propose de rester avec toi.
— On va être...très serrés, commente-t-elle.
— Pas plus qu'au pieu. Et, tu ne seras pas seule.
— Banco. Je vais au fond ? questionne-t-elle, subitement souriante.
— Non. Moi. Toi, tu te mets en cuillère. On essaye ?
Je grimpe dans le coffre et m'allonge. Al et Nils sont morts de rire, à me regarder me contorsionner dans l'espace exiguë. Lisbeth s'installe contre moi. Je la prends dans mes bras et je fais un clin d'oeil à Nils qui ferme le coffre. Aussitôt, je la sens se contracter, sa respiration s'affole.
— Chutt... Ferme les yeux. Je suis là. Tu penses que tu peux tenir trois-quarts d'heures comme cela.
— Si tu es avec moi, pour me calmer, oui ! Mais, on va vraiment être très près, souffle-t-elle.
— Ouais. Je vais en profiter et te faire des bisous dans le cou.
— Sûrement pas, grogne-t-elle.
— D'accord. Lève ton bras et donne deux coups sur le coffre.
Celui-ci s'ouvre. Nils et Al sont là à nous regarder en se fendant la poire.
— Alors ? C'est oui ou non ?
— Aide-la à sortir pour commencer, que j'en fasse autant.
— Merci, Al.
— Alors. Lisbeth ? Il faut qu'on sache.
— Je suis d'accord. Toi aussi, Dylan ?
— Oui. Elle paniquait. Si je suis là, elle arrivera à se calmer. Je veux un coussin. Non négociable.
Une heure après, on partait. Al conduisait le 4x4. Nils suivait avec l'autre voiture.
Le bateau était dans un petit port à presque une heure de route. Après, deux heures de bateau et enfin l'avion.
Si tout se passait sans accroc, nous devrions être à l'abri chez Nils dans huit heures. Le voyage serait long, fatiguant et stressant.
Et au bout, je retrouverai Benjamin. mon frère.— Ça va, ticoeur ?
— Oui. Et toi ?
— Pense à me rappeler d'exprimer mon mécontentement à notre chauffeur. Il prend tous les trous.
— Il ne peut sans doute pas faire autrement, remarqua-t-elle, d'une voix que je trouvais tendue.
— Oui. Tu sens bon. Sois patiente. On va l'avoir.
— A quel prix ?
— Que veux-tu dire ?
— Ton frère, toi. Vous allez vous fâcher avec votre père.
— Je n'ai pas eu besoin de ça, crois-moi. Je suis parti depuis un moment. Il avait la main mise sur moi. Moralement et financièrement. Je jouais au poker avec Nils. C'était la seule relation qu' il m'autorisait. J'étais doué.
— Assez pour être indépendant, je comprends mieux.
— Oui. Nils est très riche et sans personne à qui rendre des comptes. Il m'a offert mon rêve.
— Ta jeep ? se moqua-t-elle.
— Ouais, vilaine. Il l'avait chez lui. Quand j'ai annoncé à mon père que je partais. Il m'a rit au nez, me disant qu' il me donnait un mois pour revenir la queue entre les jambes. Et, à ce moment là, je devrais accepter ses conditions. Il m'a jeté une liasse de billets et les clefs d'une vieille voiture.
Je suis allé chez Nils qui m'a offert la cherokee.Il m'a aussi versé une somme sur mon compte pour ne rien devoir à mon père.— Un sacré ami !
— Le seul. Je l'ai remboursé très vite. Et il a toujours été là.
— Et de te retrouver seul, tu l'as supporté comment ?
— Il m'est arrivé souvent de dormir dans ma voiture. Ou chez des filles. Je profitais de la vie. Et puis, je me suis mis à faire des tournois, grâce à Nils. Maintenant, il me suffit d'une partie très rentable et Internet pour ne pas perdre la main.
— Pourquoi bouger tout le temps ?
— Être libre. Ne pas risquer qu'il décide de m'affronter.
— Et pouvoir rencontrer des filles différentes aussi ?
— Un peu, oui, j'avoue.
— Tu n'as pas eu... besoin depuis que tu m'as dans tes pattes ?
— Non.
— Et ça ne te manque pas ?
— Non. Est-ce que ce salopard t'as touché, Lisbeth.
— Ça lui ait arrivé de me forcer à rester nue. Pour me punir. De me laver. Mais il ne m'a jamais touché sexuelle ment, chuchote-t-elle, tout en tremblant contre moi.
— C'est déjà largement ignoble. Tu as réfléchis à ce que tu allais faire après... quand il n'y aura plus de danger.
— Pas vraiment. Je n'ai jamais eu envie d'y réfléchir.
— Je ne sais pas comment dire cela... Tu pourrais rester avec moi, le temps de te retourner, de réfléchir.
— Tu es sérieux ?
— J'aime être avec toi, ma belle.
— Moi aussi. Je n'ai presque plus peur. Je ne me sens jamais en danger. Même la nuit. Tu ne m'as jamais touché, murmure-t-elle.
— Je te toucherai le jour où on en aura envie. Actuellement on a des choses à gérer. Ça compliquerait tout. Je n' ai pas envie de tout gâcher.
— Moi non plus. Je sais pas comment faire... avec les garçons.
— Tu apprendras le jour où tu en auras envie. Tu es une magnifique jeune femme, crois- moi.
La voiture s'est arrêtée. Et le coffre s'est ouvert. Nous ne étions à peine rendu compte du temps. Y avait pire que de voyager collé à une fille belle comme un coeur. Et pourtant je n'avais jamais eu des pensées osées.
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Libre
General Fiction25 ans et libre de ses mouvements. Joueur de poker plutôt doué - en tout cas suffisamment pour lui donner la possibilité de pouvoir vivre à l'endroit où il veut le temps qu'il veut. Des attaches ? Il n'en veut pas. Des rencontres ? Pourquoi pas ; m...