Quand nous débarquons dans la cuisine, Al et Bob sont en train de prendre un café en discutant. Dès qu'ils nous voient, Ils se crispent. Pas bon ça !
- Bonjour ! On vous dérange ? dis- je avec un air à peine aimable.
- Arrête de dire n' importe quoi, Dylan ! Tu as réussi à dormir, Lisbeth ? s'inquiète Al en regardant celle-ci.
- Un peu. Vous êtes revenus à quelle heure, je n'ai rien entendu.
- Tard. Nous avons été discuter avec Nils dans notre secteur pour ne pas vous réveiller.
- Oh ! Je vois. Il ne veut pas, c'est cela ? Pas de problème, j' irai seule. A mes conditions moi aussi. Je sors dès que je me sens mal, ou qu'il me met à mal.
- Très bonne idée. Mais il est d'accord pour que tu sois accompagnée, explique Al. Il a même proposé d'être entravé si cela te rassure.
- Je ne comprends pas. Pourquoi ce revirement ?
- Il veut te parler. Il dit que ton demi-frère veut te détruire. C'est tout ce qu'il a voulu dire.
- Bob ? Tu peux le faire parler ?
- Je pourrais y parvenir mais ce qu'il me dirait ne serai pas fiable. Dylan je crois qu'il est sincère.
- Peux-tu contacter mon frère ?
- Je lui ai laissé plusieurs messages par le moyen habituel. Pas de réactions.
- Après cela s'explique. S'il a compris que nous avons Sastus, il sait que celui-ci va parler, commente calmement Bob.
- Justement Dylan, vu ma réaction de la dernière fois, il devrait avoir envie de savoir. Je crois qu'il n' y a plus qu'un moyen. Je vais y aller. Avec vous trois. Vous êtes d'accord ?
- Est-ce que tu oses douter de cela, Lisbeth ? Poses tes conditions. Tu veux qu'il soit entravé ?
- C'est à dire ?
- Comme actuellement. Sur le ventre, les mains dans le dos attachés aux chevilles.
- Tout le temps ? Mais comment fait-il pour ?
- Bethy, tu t'inquiètes pour lui ?
- Oui, Al. Je ne veux pas de ce traitement. Est-ce possible ?
- Mon coeur. Tout est possible. Ils ont juste pris des mesures de protection. Pas dans le but de l'humilier.
- Bob ? insiste-t-elle.
- Il sera juste attaché, je te le promets. Sauf s'il joue au con.
- Je rêve ? Tu ne vas pas y aller ? Dylan, ne la laisse pas faire.
- Bonjour, Benjamin, dit-elle en lui prenant la main. Tu ne rêves pas. Je n'ai pas forcément envie de me retrouver face à lui, mais je veux comprendre. Je ne serai pas seule. Dylan et Al seront avec moi. Bob ?
- Je serai dans le couloir. Derrière la caméra.
- Vous êtes tous devenus cinglés ? Et si Lisbeth fait une crise de panique ? C'est lui qui s'en occupera ?
- Arrête Ben. Ce ne sera pas comme là-bas. Nous serons là.
- Dylan. Je ne peux plus. Je...
- Viens, on va aller en parler tranquillement. Tous les deux. Mon coeur, je reviens d'accord ?
- Reste avec elle, frangin. Je vais aller marcher.
- La ferme Ben. On y va ensemble.
( Dylan)
Papa, quand je me retrouverais face à toi, je m'expliquerai là-dessus. Mes cauchemars ne peuplent plus mes nuits. Plus toutes mes nuits. Benjamin n'était pas outillé pour ça. Tu n'avais pas le droit. Il n'a plus personne à part moi. Même cela, tu lui as pris. J'aurai dû être avec lui. Mais j'ai été lâche.
- Tu dois prendre des cachets pour dormir, Ben. Pour récupérer.
- Je suis shooté après. Je ne peux plus bosser.
- Et ? C'est grave ?
- J'aime ce que je fais. Mais là je n'y arrive plus.
- Ben, il faut aller voir un médecin. Pour qu'il t'aide.
- Un psy ? Tu l'as fait ?
- Non. J'ai fait n' importe quoi. J'ai beaucoup bu. Je me suis souvent battu. Pour me défouler.
- Et ça marche ?
- Non pas vraiment. Ma thérapie gagnante est assise dans la cuisine. Je ne fais pas de cauchemars dans ses bras. Elle m'apaise.
- Je m'excuse. Je n'avais pas à dire cela.
- Elle le sait. Je lui ai dit pareil, pour presque la même raison. La peur.
Elle a pris le temps de m'expliquer ses raisons. Elle est morte de trouille, mais elle veut avoir des explications. Elle a été séquestrée pendant presque dix ans. Dominée, humiliée. Elle a besoin de savoir pour avancer.- Dix ans ? Mais c'était une enfant ? Elle devrait être brisée.
- Elle fait moins de rêves. En fait, sa première évasion lui a donné la force de se battre. Elle a puisé dans toutes ses réserves physiques et mentales pour s'évader de nouveau.
- Elle est incroyable.
- Quand je l'ai rencontrée, elle était agressive, et terrorisée. Il m'a fallu de la patience pour la dompter. Nous nous sommes aidés mutuellement.
- Et Al ? Quels sont leurs rapports ?
- Quand Lisbeth s'est enfuie la première fois, elle s'est abritée dans un appartement. C'était celui d'Al. Il l'a hydratée, rassurée. Il était sur une affaire importante, il l'a laissé deux heures. Quand il est revenu elle avait disparu. Il l' a cherché partout.
- Donc il s'en veut. Je comprends mieux. Mes probabilités de trouver une Lisbeth sont proches du nul.
- C'est ma thérapie. Il te faudra trouver la tienne.
- Ma Lisbeth ?
Comment je fais ça ?- Tu trouves ta propre façon d'aller mieux. Mais avant tout tu dois reprendre des forces donc dormir. C'était quand ta dernière nuit complète ?
- Je dirais trois semaines. Je tombe comme une masse mais mes cauchemars me réveillent. Toujours.
- Depuis le passage dans la montagne ?- Oui. Je me retrouve dans un des cachots. Les rats. Souvent. Et surtout je l'entends rire. Aux éclats. Il rigolait, Dylan. Je hurlais de peur et lui cela le faisait rire.
- On lui fera payer, frérot. Crois moi sur parole.
- Je voulais savoir. Il rigolait avec toi ?
- Non. Il savait que cela ne me ferait rien. Il m'humiliait d' une autre façon.
- Comment ? Tu ne m'en jamais parlé.
- L'enfermement complet. Noir complet, sans voir, entendre. Je ne supportais pas. Il adorait me sentir à sa merci, de m' entendre le supplier.
- Je ne pourrais jamais lui pardonner, Dylan !- Qui te le demande !
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Libre
General Fiction25 ans et libre de ses mouvements. Joueur de poker plutôt doué - en tout cas suffisamment pour lui donner la possibilité de pouvoir vivre à l'endroit où il veut le temps qu'il veut. Des attaches ? Il n'en veut pas. Des rencontres ? Pourquoi pas ; m...