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Nils avait- il des vélos ? Peut-être, sinon il avait un tas d'autres choses, qu'elle ne connaissait pas. Je voulais voir ses yeux briller de joie, l'entendre s'émerveiller, et être celui qui lui offrirai tout cela.

- Tu m'emmènes où ?

- Tu vas voir ! Un peu de patience, mademoiselle.

- Tu connais cette maison par coeur, j'ai l'impression !

- Nils est le seul ami que mon père tolérait. Même milieu, bonne éducation, nous étions bien ensemble.

- Pourquoi étions ? Vous avez l'air de vous entendre bien maintenant encore.

- On a eu un énorme trou...

- Parce que tu es parti ?

- Oui. Il a eu l'impression que je l'abandonnais, à juste titre.

- Tu ne pouvais pas te sauver autrement, Dylan.

- Je n'ai pas fui.

- Je n'ai pas dit cela. Il fallait que tu partes pour TE sauver.

- Comment fais-tu pour me comprendre si bien ?

- Je crois que tu t'en doutes, chuchote - t- elle en rougissant.

- Je crois, oui. Ne rougis pas, même si cela te va à ravir. Alors prête à découvrir ma surprise ?

- Prête.

- Tu me fais confiance ?

- Là aussi, tu connais la réponse. Les yeux fermés.

- Tu vas avoir besoin d'eux. Je vais te faire faire de l'escalade. Nils a un mur. Regarde, lui dis-je en montrant celui-ci.

- Veux-tu sérieusement que je grimpe tout là- haut ? Tu es fou ?

- Tu ne peux pas tomber, ticoeur ! Je vais t'attacher !

- Tu seras où ?

- En bas, pour t'assurer ! Tu ne risques rien. Je sens que tu vas aimer. Veux-tu tenter cette expérience ?

- Explique-moi ce que je dois faire, s'il te plaît.

- Tu vois les plots accrochés au mur ? Tu vas appuyer ton pied pour te donner de la force. Moi je tendrai la corde pour t'aider.

- Et si je rate une prise ? s'inquiète-t-elle.

- Tu seras accrochée à la corde, donc il ne se passera rien. Tu crois que je te mettrai en danger ?

- Non. Qu'est-ce que tu attends pour m'équiper ?

- Diablesse.

Dès qu'elle fût prête, elle se mit face au mur d'escalade, droite. Comme si elle lui lançait un défi. Elle souffla profondément.

- Je t'écoute !

- Regarde autour de toi. Repère une prise te semblant à ta portée et attrape- là. Je ferai le reste.

Elle tremble un peu au début mais très vite, elle prend de l'assurance. Son visage est concentré, mais heureux. Elle est belle. Je voulais lui montrer qu'elle a cette force en elle. Je crois y être arrivé. Mes sentiments à son égard ont évolué.
Je ne sais pas si je l'aime. Je n'ai jamais ressenti ça. Je sais juste qu'avec elle à mes côtés, je me sens fort. Je me sens bien.
Alors, si elle est d'accord et je crois que ses propos sont édifiants. Pourquoi ne pas essayer d'aimer cette femme ?

Elle est comme moi. On ne nous a jamais aimé. Nous découvrirons ensemble ce sentiment. Il nous fera peut-être oublier un temps la peur et la haine. En tout cas, je l'espère de tout mon coeur.

- Dylan ? Je n'en peux plus. Fais-moi descendre.

- Descendre ? Je sais pas faire cela, moi ?

-Tu rigoles, j'espère.

- Bien sûr ! Tiens la corde serrée entre tes pieds et tes mains, je m'en occupe. Ça t'a plu ?

- Oui.

- Parfait alors. Tu t'es pas mal débrouillée pour une première fois. Demain, saut en parachute !
Ah Ah. Mon Dieu la tête que tu as fait ! A mourir de rire.

- Tu m'énerves !

- Excuse-moi. Allez, viens il commence à faire froid. Et avec les efforts que tu as fait, il te faut reprendre des forces.

- Je vais prendre une douche, j'avalerai un truc après.

- Tu me prends pour un idiot ? Tu as grignoté hier soir. Et ce matin aussi.

- Je n'ai pas faim, Dylan. C' est tout.

- Tu mangeais, avant ! Explique.

- Il n' y a rien à expliquer. Je...

- Tu...Parle- moi, ticoeur. S' il te plaît.

- Si jamais, il y arrivait.....je serais faible trop vite. Voilà ! Tu es satisfait ! C'est un de ses jeux préférés. Limiter, voire supprimer la nourriture. Pour accentuer la dépendance. Je mange trop.

- Tu as si peu confiance en nous ? s' indigna-t-il.

- Il est très fort. Il sera aussi très en colère. Il va me le faire payer, Dylan !

- Il n'y arrivera pas.

-Tu n'en sais rien. Je veux juste me donner toutes les chances. Je connais mes faiblesses. Il me faut être forte.

- Tu veux que je te laisse t'affamer ? Tu veux que je t'attache aussi ? Que je t'enferme ? Pour t'entraîner ?

- J'essaye de ne pas avoir peur, je te jure. Mais je n' y arrive pas.

- Alors, je vais changer mon objectif, princesse !

- Al ?

— Je t'ai entendue. Mon objectif était de le remettre à la justice. Maintenant, je vais le détruire. De mes mains. Pour que tu n' ai plus peur.

— Et te retrouver en prison ? Je ne veux pas.

— Lisbeth, je suis à la limite de la légalité depuis très longtemps. Cela arrivera un jour ou l'autre. Pour mettre fin à tes terreurs, c'est une très bonne raison.

Elle est là, face à Al. Droite. Pâle. Sastus, pourtant loin d'elle, la maintien en détention. Elle est libre, mais encore sous son emprise. Je réalise qu'elle a toujours cette peur en elle. Et qu'elle sera là encore très longtemps.
Elle devra, après la mort de cet homme, réapprendre tout. La confiance, entre autres.
Est-ce que j' y arriverai ? Je le crois. J' ai confiance dans les sentiments que je lui porte. Me laissera t-elle faire ? Je crois aussi. Sinon, je ferai tout pour la convaincre. Je suis un homme très têtu.

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant