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Lisbeth est là, bouche ouverte. Stupéfaite. Il faut admettre que la maison de Nils est ... grandiose.

— Ferme la bouche, Lisbeth. Ce n'est qu'une maison ! se moque gentiment le propriétaire.

— Nils. Elle est tout simplement fantastique.

— Dylan, je te laisse faire la visite. Je dois régler quelques affaires.

— Bien sûr ! Où est Ben ?

— Je t'y emmène après. Donne-moi une demi-heure, dit Nils, en se dirigeant vers son bureau.

— D'accord. Viens ticoeur, je te montre ta chambre.

— Ma ? me demande-t-elle étonnée.

— Notre chambre. Tu sais bien.

— Sauf si tu ne le veux pas, je ne te force en rien, Dylan.

— Je te fais marcher. Quand je suis dans tes bras, mes cauchemars se taisent. Et j'ai le pouvoir d'apaiser les tiens. Je n'ai pas envie de renoncer à ce privilège !

— Moi non plus.

Nous arrivons dans un couloir avec plusieurs portes.

— Avance, femme. A toi de choisir.

— Celle-ci, dit-elle en l'ouvrant.

Elle a les yeux qui brillent de curiosité, comme un enfant. Je ne m'en lasserai jamais.

La chambre est dans les teintes de bleu et beige, avec un lit King Size, quelques fauteuils. Une petite porte qui ouvre sur une salle de bain. Et une baie vitrée donnant sur une terrasse.

— C'est beau. On prend celle-là ?

— Oui. C'est la plus belle. Tu veux prendre une douche ?

— Oui. Je me sens sale. J'ai l'impression que cela fait des jours qu'on voyage.

— Prends ton temps, tu as tout ce qu'il faut, à l'intérieur. Je te pose ton sac là. Tu retrouveras ton chemin ?

— Oui. Tu vas voir ton frère ?

— Oui. Ça ne te dérange pas ?

— Pas du tout.

Après une bise sur le nez, je descends rejoindre Nils. Je toque à la porte de son bureau.

— Entre, me répond-il, le téléphone dans le creux de l'oreille. J'attends plus d'informations que cela, et rapidement, dit-il sèchement à son interlocuteur, et il raccroche.

Il a le visage fermé. Nous aider, Lisbeth et moi, a sûrement été une gêne dans ses affaires.

— Un problème, Nils ?

— Rien de grave. Juste des incompétents,

— Je viens de réaliser que tout ceci a pu avoir un impact sur tes affaires. J'en suis désolé.

— Je peux gérer de loin, pas de soucis. Il faut juste rappeller à certains que je suis toujours là. C'est ce que je faisais à l'instant.

— Tu es devenu un homme accompli. Je suis franchement admiratif. Et ce n'est pas ironique !

—  Tu as installé Lisbeth, où ?

— Nous avons pris la chambre avec la terrasse.

— Nous ? Tu devrais peut être  prendre des distances, non ?

— J'ai essayé à Corfou. Elle fait encore beaucoup de cauchemars. Presque aucun quand elle dort dans mes bras. J'y trouve mon compte, Nils. Elle m'apaise. Je voudrais voir mon frère maintenant.

— Bien sûr. Il est dans le pavillon invité. C'était plus facile. Ne le vois pas comme une mise à l'écart de Benjamin.

— Je m'en fous de l'endroit où il est. Je veux juste le voir. Et savoir comment il va.

— Et Bob, tu en fais quoi ? me demande-t-il en se levant.

— Pour l'instant, seul Ben m'importe, dis-je en le suivant.

Nous arrivons au pavillon. Bob est devant, sur le perron. Il fume. Cela fait un moment que je ne l'ai pas vu, mais à part une tête fatiguée, son allure militaire reste identique : corps musclé, droit, cheveux très courts, regard vif.

— Je n'en crois pas mes yeux ! Tu as changé, petit ! s'exclame-t-il en me scrutant de la tête aux pieds.

—Je me maintiens en forme. C'est indispensable pour le mental. Comment va-t-il ?

— Mieux. Et de te voir va l'aider. tu dois lui parler et l'écouter aussi.

— Qu'est-ce qu'il lui a fait ? grogné-je en serrant les poings.

— Pose-lui la question !

Je redoute cet instant. J'ai tellement envie de le voir. Dans quel état vais-je le retrouver. Arrivera-t-il à me pardonner ?

Je passe la porte, et je le découvre, dos à moi. Il a grandi. Il se retourne vers moi, et son visage s'éclaire en me voyant. Nous nous serrons dans les bras en silence.

— Ça fait du bien de te voir, Dylan. Tu as pris des muscles. Comment vas tu ? 

— Toi aussi, tu as changé. Cette barbe de quelques jours te donne un air ...viril, me moqué-je.

— Sympa. Mais provisoire, je n'avais pas envie de me raser. Tu n'as pas répondu.

— Je vais bien, Ben. Fatigué, mais je suis heureux d'être là. Et toi ?

— Fatigué aussi. Je dors mal. Tu as vu Bob ?

— Oui, à l'instant. Tu veux m'en parler ? De ce qu'il t-a fait ?

— J'aimerai, je n'arrive pas à oublier. Je ne comprends pas pourquoi il fait cela. Quelles sont ses motivations ?

— Nous briser. Nous convaincre qu'il est le plus fort. Ou juste que c'est un salopard qui aime ça. Tu l'as entendu rire, toi aussi ?

— J'en ai encore des frissons !! Ce rire, alors que je hurlais de peur, chuchote-t-il.

— Raconte-moi tout. Ça va te faire du bien. J'ai fait la même chose avec Nils.

— Je ne sais pas si j'y arriverai, sans pleurer comme un gosse.

— Tu crois que je n' ai pas pleuré, Ben ? J'aurai tellement voulu que je sois le seul.

— Je n'y suis venu qu'une fois. Je ne sais même pas comment tu as fait pour survivre ! Tu es venu combien de fois ?

- Six, je réponds dans un souffle. Et j'ai décidé qu'il n'y aurait pas de septième fois. Je croyais qu'il me détestait. Pas qu'il s'en prendrait à toi. Je serai resté autrement.

— Je m'en remettrai et on va le stopper. Ensemble.

— Oh oui ! Il va comprendre qu'au lieu de nous briser, il nous a rendus plus forts. Prêts à le détruire. Vas-y, Benjamin, lâche le morceau.

— Tu sais, quand j'y suis arrivé, je croyais qu'il allait me faire subir des trucs style armée : course, pompes. Pour me dresser, à cause de ma récente insolence. Je ne pensais pas qu'il voulait me détruire psychologiquement. Je le déteste Dylan.

— Je sais.

—  Il m'a enfermé à poil dans une petite pièce avec des rats. J'ai cru que j'allais me casser les cordes vocales.

Et il a continué, me racontant ce que notre cher père lui a réservé. Il a pleuré, gémir, et aussi je sentais une force monter en lui. La même que la mienne. Épuisé, il a fini par s'endormir contre moi.

Bob l'a pris dans ses bras pour le mettre au lit.
Moi, je suis parti me coucher, me serrant contre Lisbeth. Le seul endroit où j'étais bien !!

LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant