Il est temps de décrocher la lune [TOME 1]

Chapitre 59 : Les Ailes du Temps.

Deux mois. C'est le temps qu'il m'avait fallu pour prendre conscience que j'avais perdu Austin et que je ne l'aurais plus jamais revu.

Deux mois. C'est le temps qu'il avait fallu à mon cœur pour qu'il se tuméfie de souffrance et d'inactivité, parce que savoir Austin loin de moi m'avait été insupportable, à tel point qu'il avait cessé de battre à de nombreuses et douloureuses reprises.

Deux mois. C'est le temps que l'on avait passé à rechercher Luna dans tous les recoins des États-Unis.

Deux mois. C'est le temps que j'avais passé seule, me maudissant d'avoir tout brisé et tout gâché.

Deux mois. C'est le temps qui me séparait d'Austin et de Luna.

Deux mois. C'est le jour de Noël qui approchait à grands pas.

Deux mois. C'était la tristesse de mes mœurs sombres.

Deux mois. C'est le nombre de mois où j'avais arrêté de vivre, de manger, de dormir, et de respirer. Parce que, comment respirer lorsque votre seul oxygène sur cette planète était parti loin de vous, vous laissant seule avec vos doutes ? Austin était mon oxygène. Maintenant il n'était plus qu'un lointain souvenir qui submergeait mon âme chaque nuit.

Je n'avais plus de nouvelles, pas d'appel, pas même une lettre. Non. Il avait seulement disparu de la circulation. Sa maison était inhabitée maintenant que Ally vivait chez Rose, la grand-mère d'Austin. Pourtant, je n'avais rien fait pour le retrouver.

Mais je regrette. Je regrette tout ce que je lui ai dit.

Si je pouvais lui dire que je l'aimais, et qu'il me manquait, je l'aurais crié sur tous les toits, pour être sûre qu'il entendrait.

Il y avait deux mois, quand il avait tourné les talons et qu'il avait passé la porte d'entrée, j'étais anéantie. Maintenant, j'avais compris que ma chute était terrible, et que je n'y survivrai pas.

J'avais perdu deux personnes qui comptaient énormément pour moi, et je ne savais pas quoi faire pour les retrouver et les ramener auprès de moi. Je me sentais impuissante.

Je suis impuissante.

Mon destin était fissuré avant même d'avoir démarré maintenant que je n'avais personne.

Tout ce qu'il restait de mon cœur était des morceaux brisés que Théo avait ramassé lorsqu'il m'avait épaulé et séché mes larmes abondantes.

Il n'y avait que ses yeux qui arrivaient à voir en moi. Il n'y avait que ses bras qui arrivaient à me soulever si haut que son amour me portait hors du temps. Et il était le seul qui connaissait mon cœur par cœur.

Sur un coup de tête, j'attrapai mon téléphone, balancé sur mon lit tantôt, et je me mis à écrire tout ce que je ressentais à Austin, tout ce que je ne lui avais jamais dit, tout ce qui était au fond de moi.