Il est temps de décrocher la lune [TOME 1]

Chapitre 58 : Fantômes et Silhouettes.

Être avec lui, une semaine entière, coupés de tout ce que nous connaissions, et de tout ce que nous aimions m'avait fait réalisé combien je tenais à lui et combien je l'aimais. C'est fou de se dire que je lui avais tout donné cette semaine, que je m'étais laissée emporter dans ses bras. Cela signifiait un nouveau départ, un nouveau tournant dans ma vie. J'étais prête maintenant, à prendre confiance en moi et à me battre contre les monstres, parce que j'avais compris que c'était ma destinée. Tout ce temps perdu à regarder les palmiers et les vagues agitées m'avait fait comprendre certaines choses que je n'arrivais pas à cerner, maintenant je savais.

Austin m'avait aidé à me sentir vivante, et à me retrouver avec moi-même. Revoir la maison de mon enfance habitée avait été un véritable choc mais j'avait accepté le fait que je ne vivais plus là-bas maintenant. Ça avait été dur de revoir toutes ces personnes aux visages familiers mais je me sentais bien maintenant.

<< Est-ce que je peux te poser une question ? >>, me demanda Austin au volant de la voiture nous ramenant à la maison.

Nous avions passé un jour entier dans le jet privé, et c'était un très long voyage avec des turbulences et du vomis.

<< Bien sûr. >>, lui dis-je en lui prenant la main.

Il m'observa quelques secondes, le visage fermé.

<< Le jour où nous avons fait l'amour, où étais-tu allée l'après-midi quand je dormais ? >>, questionna t-il en tournant son regard vers la route.

La pensée de cette fameuse journée me revint en mémoire et mes joues s'empourprèrent. Je ne l'aurais jamais oublié, elle était gravée éternellement en moi. Je n'aurais jamais oublié la façon et la douceur avec laquelle il m'avait allongée sur le matelas. Je n'aurais jamais oublié la lenteur de ses baisers déposés sur ma peau nue et la tendresse de ses hanches sur les miennes. Je n'aurais jamais oublié l'importance qu'il m'avait apporté lorsque j'avais mal et le "je t'aime" qu'il me soufflait à l'oreille au moindre spasme qui agitait mon corps. Tout ça était tout nouveau pour moi, et c'était effrayant, mais il avait su trouver les bons mots pour me calmer et me réconforter. Cette nuit là, il avait tout fait pour moi.

<< Tu veux dire après que tu aies brisé le miroir de la salle de bain ? >>, je rétorquai en lui lançant un sourire en coin.

Il me lança un regard suspicieux, puis hocha la tête en klaxonnant contre un "abruti qui ne sait pas conduire", selon Austin.

<< Cet après-midi là, je suis allée de l'autre côté de mon ancienne maison, et j'ai marché dans la rue qui longe la plage. Puis, j'ai... >>, dis-je en m'arrêtant pour froncer les sourcils.

Devais-je vraiment lui dire ce qu'il s'était passé ?

<< Qu'as-tu fait ? >>, me demanda Austin, en fronçant - lui-aussi - les sourcils.