Prologue.

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Le temps est disloqué. Ô destin maudit,
Pourquoi suis-je né pour le remettre
en place !

William Shakespeare - Hamlet

J'étais détruite, comme une enfant qui cachait un lourd secret, comme une étoile qui aurait cessé de briller. J'étais à l'apogée de la tristesse qui semblait guider le chemin de ma vie. Une vie qui m'avait été donnée sombre et cauchemardesque. Effectivement, je vivais à l'ombre de mes cauchemars et de mes secrets que je me devais de dissimuler sous un sourire qui devait paraître vrai. Je vivais dans une famille qui n'avait rien d'ordinaire, je l'avais toujours su mais jamais je n'avais pu l'admettre. Ils semblaient vouloir me cacher, parcourant ciel et terre, villes et campagnes, pays et villages à la recherche d'un nouveau départ. J'étais la poupée de chiffon entre leurs mains, j'obéissais sagement à leurs ordres afin de pouvoir survivre, c'était ce qu'ils me disaient quand je leur demandais pourquoi on me cachait sans relâche. Durant toute mon enfance, j'ai été un pantin qu'on manipulait à sa guise. On ne pensait jamais à ce que je pouvais ressentir lorsqu'on me baladait de villes en villes et qu'on m'enfermait dans des maisons lugubres pour ne pas que l'on me retrouve. On ne me parlait jamais de ce qu'il se passait réellement et j'étais censée ne jamais le découvrir. Néanmoins, je savais que je me devais de fuir. Fuir un avenir incertain. Ils me disaient que mon avenir, mon futur se serait arrêté le jour où j'aurais appris la vérité. Je pensais qu'ils me mentaient, qu'il y avait une explication que personne ne voulait m'offrir. Je n'avais aucune idée de ce qu'aurait été mon avenir si j'étais restée au même endroit. J'étais une simple enfant, du moins, c'était ce que l'on pensait lorsqu'on me regardait de l'autre côté d'un trottoir. Pourtant, je n'avais rien d'une enfant banale, j'étais dotée d'une maturité effrayante, comme celle que ne pouvait nullement posséder un enfant de six ans. Je n'avais jamais pu faire toutes ces choses stupéfiantes que pouvaient faire les jeunes de mon âge en toute liberté et sérénité. Alors, je les regardais, jouer au ballon, à cache-cache, courir, rire et chanter devant ma fenêtre. Je passais les quatre saisons à les observer s'amuser, encore et encore, à maudire cette vie que je ne voulais pas. J'étais destinée à me cacher, à me construire une nouvelle vie tous les ans et à ne pas chercher à comprendre la vérité. C'était à ça que ma vie se résumait.

J'étais meurtrie, j'étais blessée. Physiquement et mentalement, ignorant pourquoi le monde s'acharnait sur ma personne et ma misérable vie. Je m'étais imaginé un monde illusoire et utopique tout autour de moi, et je vivais par les rêves de vivre une vie meilleure et de me libérer de mes chaînes. Dans le peu d'imagination qu'il me restait, j'étais une princesse prisonnière de sa tour d'ivoire. Pourtant, même si les rêves m'aidaient à ne pas sombrer dans le désarroi, il y avait toujours cette partie de moi qui se détestait d'être née parfois, qui détestait mes parents de m'avoir fait naître quelques fois. J'étais semblable à une étoile éteinte : il n'y avait rien de vivant en moi. Mon cœur ne battait plus, mon cerveau s'était mis en pause. J'étais dans un mal-être que seule moi pouvais en prendre connaissance. Je voulais respirer par-moi même, mais j'avais tant de choses à comprendre, j'avais tant de choses à apprendre. Je devenais un fantôme sans couleurs. Le vide se formait autour de moi. J'avais besoin d'être sauvée.

C'était moi...avant lui.

Il est temps de décrocher la lune [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant