Il est temps de décrocher la lune [TOME 1]

Chapitre 56 : Yeux de Minuit.

Ne pas oublier. Ne jamais oublier. C'était ce que m'avait conseillé ma grand-mère, lorsque j'étais partie vivre aux États-Unis. Elle m'avait toujours dit de me rappeler de qui j'étais, et de qui je serais. Il ne fallait jamais oublier les obstacles que l'on traversait dans une vie, parce qu'au final, ils nous rendaient plus fort.

<< Rappelle-toi toujours de tes blessures, car elles t'aideront à avancer. >>, m'avait-elle dit en posant sa main sur mon coeur.

Je m'en souvenais comme si c'était hier. C'était un samedi pluvieux et orageux. J'étais assise sur le sofa, entre ma grand-mère et mon grand-père, qui me regardaient et m'écoutaient avec intéressement. Et avec eux, je me sentais en sécurité, je me sentais aimée.

<< À quoi penses-tu ? >>, me demanda Austin, me faisant sortir de mes pensées.

Nous étions sur la terrasse de notre suite. Mon coéquipier s'était installé sur un transat et avait aigrement insisté pour que je me couche à ses côtés, ce que, bien sûr, je n'avais pas pu refuser.

<< Je pensais à mes grands-parents. >>, dis-je d'une toute petite voix, guettant l'horizon.

Il m'adressa un faible sourire que je lui rendis.

<< Tu ne m'as jamais parlé d'eux. >>, revendiqua t-il en déposant un baiser sur mon épaule.

Je soufflai en tentant de rester neutre.

<< Je n'aime pas en parler. >>, je rétorquai simplement en secouant la tête.

Austin resta muet, et se contenta de regarder le paysage qui s'offrait à nous. Le coucher de soleil illumina la mer devant nous. Cette vue était époustouflante et magique.

<< Que s'est-il passé lorsque tu habitais ici ? >>, me questionna Austin en inclinant sa tête vers moi.

Je lui adressai un sourire tendre.

<< Rien. >>, dis-je avec peu d'entrain.

Il m'observa, intrigué, les sourcils froncés.

<< Il ne s'est rien passé ici. C'est sûrement pour cela que j'aime tant cet endroit, et qu'il me rend nostalgique du temps où je vivais en paix. >>, je reformulai ma phrase pour lui expliquer en lui adressant un sourire sincère.

Il embrassa ma joue en me caressant les cheveux.

<< Pourquoi avez-vous quitté cette ville, dans ce cas ? >>, demanda t-il en tournant la tête vers le ciel étoilé qui commençait à étinceler.

Je pris une mine triste en constatant que je ne connaissais pas la réponse.

<< Je ne sais pas vraiment. Sûrement pour le travail de mon père, en vérité, je n'avais jamais pensé à leur demander. >>, dis-je en haussant frénétiquement les épaules.