Il est temps de décrocher la lune [TOME 1]

Chapitre 46 : Un long fleuve tranquille.

Pourquoi la vie était-elle aussi compliquée ? Aussi dure à gérer... ?

Nous considérons tous la vie comme un cadeau, comme quelque chose de précieux à entretenir avec soin. La vie ne se mesure pas aux nombres d'amis que l'on a, ou à la carrière que l'on devrait mener d'ici quelques années, comme le croient nos professeurs et nos parents. Non. La vie est plus profonde que ça, elle est représentée comme sacrée et chaque personne est gardienne de la sienne. Dans ce cas, pourquoi est-ce Austin qui protégeait ma vie au péril de la sienne ? Tout était insensé et controversé.

Certaines personnes pensaient que la vie ne valait pas la peine d'être vécue, qu'elle n'était qu'un simple passage dans une réalité effrayante. Ces personnes étaient bien évidemment, les hommes qui me voulait du mal. Pour eux, perdre une vie ce n'était sans importance, tuer quelqu'un n'était sans importance, mais alors, qu'est-ce qui était important ? Étonnamment, j'avais réussi à comprendre leur démarche, même si j'étais totalement en désaccord avec eux.

Je me trouvais plutôt de ceux qui pensaient que la vie était dirigée par une destinée, propre à chacun d'entre nous. Elle pouvait être bonne comme mauvaise, et déterminait les trois-quart de notre âme. Dans mon cas, ma vie globale était assez bonne, mais malheureusement, ma destinée était néfaste. C'est pourquoi, je n'avais absolument et irrévocablement aucune chance de survivre dans ma vie si je ne retrouvais pas ces gangs.

Je me demandais bien où se trouvait la personne qui me barrait la route d'obstacles inéluctablement insurmontables. J'aurais aimé pouvoir la rencontrer, et lui dire à quel point je ne supportais plus, à quel point il m'était impossible de dormir la nuit et de pouvoir lui faire part de mes sentiments destructeurs pour qu'il se rende compte de l'importance de ma destinée sur ma conscience et sur mon âme. J'aurais évidemment largement préféré ne pas savoir la réponse, mais malheureusement, je l'avais sur le bout de la langue.

<< Il est là haut, et il t'observe depuis le ciel. >>, me marmonna ma conscience.

C'était bien vrai. Cet homme était là-haut, et c'était lui qui ne m'appréciait sans doute pas. Pourquoi me rendait-il la vie impossible ?

Pourquoi n'était-elle pas un long fleuve tranquille ? Comme le disaient les personnes de plus de quarante cinq ans.

J'avais toujours rêvé avoir une vie paisible, sans encombre, avec quelque chose de simple à laquelle je pouvais me rattacher. Mais malheureusement, je me retrouvais comme une fugitive, à courir de droite à gauche pour sauver ma peau. J'en venais même jusqu'à ne plus supporter ma vie, au point de quitter la ville pendant deux jours.

Quand j'avais annoncé à ma mère que j'allais prendre du recul ce week-end, elle ne s'attendait visiblement pas à ça, puisqu'elle s'était mise à sangloter si fort qu'elle était presque inconsolable.

<< Je ne veux pas perdre un enfant de plus. >>, m'avait-elle dit en reniflant, les yeux rougis.

Je lui avais répondu que je reviendrais, que jamais je ne pouvais la laisser. J'avais besoin de ma mère comme elle avait besoin de moi. De plus, je n'étais pas comme Théo, je ne fuyais pas dès qu'une complication arrivait, sinon, je serais déjà en Alaska à l'heure qu'il était. Mais j'étais toujours là, devant le seuil de ma maison, à attendre patiemment que la voiture d'Avalon se gare devant notre porte.