le fils prodigue

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Hanae s'était finalement effondrée sur son lit, épuisée par trop d'émotions fortes.
Dehors sur les marches du perron, Syrah pouvait l'entendre renifler et hoqueter à intervalles réguliers. Elle caressa pensivement Vagha entre les oreilles et il ronronna de plaisir. Zaïra, un peu jalouse, vint-elle aussi demander son comptant de caresse.

- Heureusement que je n'ai que deux anim'âmes sinon je n'aurais pas assez de main pour câliner tout le monde. Plaisanta-t-elle à l'intention de sa biche.

- Je peux m'asseoir ? Demanda Argo.

Le visage de Syrah s'assombrit :

- Tu ne te gènes pas pour le faire d'habitude ...

- Oui, mais comme tu étais un peu ... A cran ...

- Je suis tout à fait sereine. Répondit-elle avec une parfaite mauvaise foi.

Argo se laissa tomber sur les marches avec un soupir.

- Je suis désolé, Syrah. Je n'avais pas compris que tes proches te manquaient autant. Tu sais, j'ai du mal à me figurer ce genre de chose ...

- Alors que comprendre Hanae la mal-aimée, c'est beaucoup plus aisé.

Syrah regretta immédiatement ses paroles, c'était mesquin et injuste, mais sa jalousie et sa rancœur avaient comme pris possession de son corps.
Argo baissa la tête et joua avec un caillou du bout de son pied.

- C'est vrai que nous avons ce point commun avec Hanae, personne ne veut vraiment de nous ...

- C'est faux ... murmura Syrah. Yuraïa voulait bien de toi.

- Yuraïa est un homme bon, il m'a toujours traité avec gentillesse et douceur. Mais il m'a élevé comme un soldat et non comme un fils.

- Moi, je veux bien de toi ... ajouta Syrah dans un souffle.

Argo planta des yeux vibrants sur le profil de Syrah, celle-ci sentit la chaleur de ce regard le long de son cou mais elle préféra ne pas le soutenir et contempla la montagne avant de poursuivre :

- Je sais que je ne suis pas celle que tu attendais ... que je ne suis pas taillée pour cette destinée ... J'en ai conscience tu sais ! Si ma famille me manque terriblement c'est surtout parce que je sais que je ne suis pas à la hauteur et que je ne le serais jamais ...

Argo lui saisit délicatement le menton et l'obligea à le regarder. Syrah sentit un frisson délicieux descendre le long de son dos : elle avait à la fois envie de fondre en larmes et d'éclater de rire. Le flux de ces émotions la submergeait et elle ne savait plus trop si elle était triste pour sa famille, en colère contre Argo et Hanae ou simplement folle mais elle était sûre d'une chose : elle aurait voulu que jamais la main d'Argo ne quitte son visage.

- Tu n'as pas idée de ta force et de ton courage, Syrah. Tu es exactement celle que j'attendais.

Elle aurait voulu lui dire que son cœur s'emballait, lui parler du monstre dans son ventre qui ronronnait de plaisir mais à la place elle s'entendit demander :

- Tu crois que je saurais vous guider ? Que je serais une bonne Élue ?

Elle avait envie de s'enfouir sous la terre : Et s'il lui répondait non ? Pourrait-elle supporter d'entendre dans la bouche de quelqu'un d'autre la confirmation de ces doutes ? Pourquoi n'avait-elle pas plutôt parler de ses sentiments ? Peut-être après tout que cette question était la plus importante pour l'instant ... Peut-être qu'elle occupait trop ses pensées pour laisser la place à autre chose ...

Argo secoua la tête sans lâcher le visage de Syrah, la lumière s'accrocha dans ses cheveux de jais et Syrah cessa de respirer.

- Je ne te parle pas de ta destinée de porteuse d'âme, Syrah. Tu es celle que, moi, j'attendais. Celle avec qui mon âme est apaisée. Tu es la seule pour laquelle je veux compter.

Symbiose - La porteuse d'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant