Syrah avait lu maintes fois l'histoire des temps maudits, avant la vengeance de Gaïa où les hommes tels des fourmis s'étendaient en colonne interminable pour fuir la guerre et les exactions de leurs semblables; on appelait cela le temps des exodes.
Aujourd'hui quand elle regarda la longue file d'hommes, femmes et enfants qui quittaient leur foyer elle se rappela ce passage de leur histoire.
La différence notable était que les parchemins décrivaient la détresse de l'humanité, leur malheur dans ce long périple. Or, sur les visages en ce début de crépuscule nul chagrin n'était présent. Au contraire les gens s'interpellaient entre les charrettes, plaisantaient sur les frasques de la nuit passée. L'espoir était omniprésent. Certes ils fuyaient la guerre et la peur, mais chacun semblait confiant en un avenir meilleur.
Syrah caressa pensivement la tête de Zaïra qui se lova contre son bras, Vagha était couché à ses pieds, majestueux.
Elle ignorait si elle saurait se montrer digne de cette confiance mais pour l'heure elle était déjà bien trop accaparée par ses propres espérances : sa famille lui manquait de plus en plus et la complicité de celle d'Hestia avait ravivé des souvenirs qu'elle s'était efforcée de repousser.Le contact léger d'une main sur sa hanche la tira de ses pensées :
- Quel tourment agite donc ton esprit belle Syrah ? Lui demanda Argo en déposant un baiser dans son cou.
- Rien, j'étais perdue dans mes pensées c'est tout.
- Des pensées bien sérieuses à voir ton air sévère.
- Je me rappelais les passages de Gaïa sur le temps des exodes.
- Oui, il est vrai que nous avons quelques similitudes. Viens allons-y.
- Je te rejoins dans quelques instants.
Argo haussa les épaules et partit en direction de Yuraïa et Nuwa qui discutaient en tête du convoi.
Syrah n'avait pas eu l'intention de cacher ses sentiments à Argo mais elle avait vu son regard quand elle parlait de ses proches, lui qui était orphelin : un éclair fugace d'une émotion qu'elle avait d'abord pris pour de l'envie.
Mais à dire vrai, c'était une sensation plus complexe que cela et maintenant qu'elle connaissait mieux Argo elle devinait que l'envie n'en était qu'une composante mineure. C'était plus un mélange de tristesse infini et d'un fort sentiment de solitude mâtiné d'un soupçon d'incompréhension et seulement en dernier lieu de jalousie.En tous les cas elle ne tenait pas à faire souffrir Argo et elle préférait garder ses réflexions pour elle.
Elle rejoignit Fahën et Svalantia, le jeune bourgeois et futur assassin était plus volubile que jamais, transporté qu'il était par le nouveau rebondissement de leur épopée. Jasper faisait des navettes incessantes entre les taillis et son frère d'âme. Pendant ce temps, celui-ci ne cessait de détailler les tuniques des rebelles, interrogeait les bourgeois du groupe sur les péripéties qui les avaient amenés ici et sautillait entre les différents groupes sous l'œil mi amusé-mi agacé de son instructrice.
- Incroyable, c'est tout simplement remarquable !
Avez-vous eu le temps de discuter avec ses gens noble dame ?
Ils sont des plus rocambolesques. Prenez celui-ci avec le tatouage d'épervier !Syrah découvrit un homme robuste aux tempes grises et au regard acier accompagné d'un berger allemand de bonne taille. Elle lui sourit et l'homme lui rendit la pareille. Elle vit également du coin de l'œil la silhouette de Pryham qui se joignait à eux mais elle était encore remplie de ressentiment et l'ignora.
Inconscient des tourments extérieurs Fahën poursuivit :
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Symbiose - La porteuse d'âmes
FantasyIl fut un temps où les hommes vivaient sur la terre comme des parasites et anéantissaient tout sur leur passage. Mais ce temps est révolu. Voilà des centaines d'années, Gaïa, excédée, décida de lier chaque âme humaine à une âme animale. Ainsi les...