Hanae retournait la missive dans tous les sens, elle relut pour la trentième fois les quelques lignes, pour être sûre d'avoir bien compris. C'était un piège, c'était certain. Pourtant ... et si c'était vrai ...
La montrer à Syrah ? C'était la chose la plus raisonnable à faire. Et si elle décidait de l'ignorer ?
Hanae n'était pas plus avancée quand Adrast vint prendre sa relève. Quand elle entendit le crissement de ses pas dans la neige, elle cacha avec précipitation le morceau de parchemin entre son haut et son dos.
Le contact du vélin froid sur sa peau tiède la fit frissonner.Adrast se méprit sur cette réaction :
- Court vite te réchauffer, tu trembles. Hestia a fait une sorte de ragoût pour nous. Ce n'est pas des plus fameux mais il a le mérite d'être chaud.
Hanae le remercia du bout des lèvres, trop occupée à remuer le court de ses pensées.
Elle retrouva ses anim'âmes à l'entrée du camp. Daria et Khaa sensibles aux humeurs de leur sœur d'âme, étaient venus à sa rencontre. Daria entoura sa trompe autour du bras de Hanae après qu'elle ait lové Khaa dans ses bras.
Elle appuya sa tête contre la peau rugueuse de son éléphante :
- Que dois-je faire ? Murmura-t-elle.
Ses anim'âmes n'avaient pas la réponse, aussi se contentèrent-ils de lui envoyer des vagues d'amour.
Quand elle arriva à hauteur du patio couvert, ses amis étaient attablés au petit-déjeuner.
Svalantia grommelait que la saison des mûres était passée et qu'elle devait grignoter des noisettes "pour ne pas mourir de faim" selon ses propres dires. Cette contrariété ne l'empêchait pas vider le bol d'oléagineux à elle seule, sous le regard goguenard du reste de la troupe. La gourmandise de l'implacable guerrière était un détail incongru qui ne manquait pas de la rendre encore plus attachante mais la moindre remarque à ce sujet vous attirait les foudres de l'intéressée.
Fahën débitait son babillage coutumier. Le sujet était évidemment la vendetta de la veille, sur laquelle il avait une théorie :
- Je vous jure c'était presque à croire qu'ils avaient prémédités cela depuis le tout début. Le grand costaud surtout, celui qui a porté le léopard sur son dos. Je me suis toujours méfié de lui, pour ne rien vous cacher. C'est comme s'il savait que les soldats passeraient là. Enfin, je crois qu'ils ne sont pas près de recommencer. Pas après le sermon que vous leur avez administré hier soir, noble dame. Ils étaient presque plus terrorisés par vous que par le maître Svalantia.
L'assassin lui jeta un regard torve par-dessus ses noisettes et l'apprenti avala sa salive de travers :
- Je ne voulais pas dire .... Mais enfin il est vrai qu'entendre la porteuse d'âmes leur dire qu'ils s'étaient comportés comme des prédateurs, a eu son petit effet ... J'ai dit presque ...
Son plaidoyer se termina dans un gargouillis lamentable sous les rires de l'assistance. Hanae s'installa au milieu des convives et émietta une feuille de noisetier, distraite.
Syrah déchira un morceau de galettes de blé du coin des dents, elle portait encore autour des yeux les stigmates d'une nuit trop courte et elle, d'ordinaire affable, affichait une mine résolument renfrognée en parfaite unisson avec Pryham.
- Je n'ai fait que dire la vérité. Ils étaient là à attendre que l'on leur dise qu'ils n'avaient rien fait de grave. Mais ce qu'ils ont fait était un acte odieux et sournois. Un acte de prédateur.
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Symbiose - La porteuse d'âmes
FantasyIl fut un temps où les hommes vivaient sur la terre comme des parasites et anéantissaient tout sur leur passage. Mais ce temps est révolu. Voilà des centaines d'années, Gaïa, excédée, décida de lier chaque âme humaine à une âme animale. Ainsi les...