Cela faisait bientôt six jours qu'ils chevauchaient aux côtés des nomades et la province de Jade était enfin en vue. Ils avaient quitté la cité d'Opale un peu avant l'aube. Yuraïa était reparu comme prévu et s'était excusé de son absence.
Syrah et Hestia avaient pris leurs sourires le plus angéliques pour déclarer qu'il avait effectivement l'air occupé avec Livaïa à la bibliothèque. Cette déclaration sibylline avait eu pour effet de faire prendre au vieil homme une teinte quelque peu étonnante : blanche marbré de rouge; qui l'avait fait immédiatement ressembler à un vieux champignon et n'avait pas manqué de déclencher un fou rire chez les deux amies.
Depuis il n'osait plus les regarder dans les yeux et les autres ne cessaient d'insister auprès des jeunes filles pour savoir ce qui embarrassait tellement le vieux prêtre de Gaïa. Sur ce point, Syrah et Hestia étaient demeurées intraitables, Yuraïa avait le droit à son jardin secret.
Leur départ s'était également accompagné des adieux de Gildia à ses fils, si Adrast s'était laissé aller dans les bras de sa mère un long moment, Pryham avait refusé tout contact avec la nouvelle sage. Quand celle-ci avait tenté de lui prendre le bras, il avait simplement détaché ses doigts de son poignet sans un regard pour elle et sans un mot.
Le beau regard acier de Gildia s'était embué de larmes mais elle n'avait pas insisté. Le jeune prédateur était donc parti sans un regard en arrière et avait laissé sa génitrice dans la cité de feu et de glace.
Il réservait la même attitude calme et mutique à Robthar, qui après quelques tentatives infructueuses d'engager la conversation se contentait d'éviter Pryham.
Syrah, elle avait laissé la grandiose cathédrale avec nostalgie, les étoiles finissaient tout juste leurs ascensions le long des parois de glaces quand ils avaient quitté la cité. Elle avait serré dans ses bras Léyia et lui avait promis que tout se passerait bien. Cette parole un peu creuse avait semblé rassurer la prêtre suprême. Elle avait ensuite enlacé le jeune Tyris, qui ne se faisait toujours pas aux débordements d'affection de la porteuse d'âmes. Il lui avait promis d'éviter les grasses matinées dans les incendies et Syrah avait ébouriffée une dernière fois les cheveux de jeune moinillon avant de monter derrière une nomade déjà à cheval.
Les nomades, eux, avaient tenus un rôle de guides plutôt taciturnes. Leurs échanges s'étaient limités aux formalités d'usage. Bien qu'ils aient un respect immense pour la porteuse d'âmes, ces hommes du Nord étaient d'un caractère rude et ne maitrisaient ni la langue de la jeune fille ni l'art de la conversation.
Le temps s'était singulièrement réchauffé depuis qu'ils chevauchaient dans la province de Jade. Les nomades et leurs chevaux étaient mal à l'aise dans la touffeur ambiante encore aggravée par la mousson toute proche.
Adrast n'était pas non plus à son avantage, le solide jeune homme à l'allure de viking ne supportait pas bien ce nouveau climat. Il essuyait sans cesse son visage rougi et des gouttes de sueurs s'accrochaient dans sa barbe moite. Hestia lui tendait de l'eau à intervalles réguliers :- Allez, courage. On arrive bientôt ... Enfin je crois ... On arrive bientôt ?
Argo sourit :
- Oui, dans une ou deux heures.
Robthar intervint :
- Tu devrais enlever quelques couches.
Adrast regarda son torse, un vieux T-shirt qui avait connu des jours meilleurs collait sur sa peau moite.
Tous les autres hommes avaient déjà opté pour le torse nu.Il regarda son père avec gêne. Syrah était étonné de voir le très sûr de lui Adrast aussi intimidé.
Elle se rappela leur première rencontre : la haute stature du jeune homme et son arrogance.
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Symbiose - La porteuse d'âmes
FantasyIl fut un temps où les hommes vivaient sur la terre comme des parasites et anéantissaient tout sur leur passage. Mais ce temps est révolu. Voilà des centaines d'années, Gaïa, excédée, décida de lier chaque âme humaine à une âme animale. Ainsi les...