Naissance d'un chef

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Svalantia dessoûla d'un coup. Elle fixa ses prunelles dans le regard du jeune messager :

- Combien ?

- Des dizaines !

- Nous sommes en sous-effectif évident ...

- Je ne te le fais pas dire. Répondit Syrah, acerbe. Surtout avec deux ivrognes à nos côtés.

- Si nous parlions aussi de notre porteuse d'âmes, qui refuse de tuer et sait à peine se battre ? Répliqua Svalantia sur le même ton.

Syrah accusa le coup, elle n'avait que trop conscience de ses défaillances.

- Ma Déesse, nous allons nous faire massacrer ... chuchota Hestia, abasourdie.

- Bien sûr que non ! Intervint Argo. Nous avons d'autres ressources à disposition, ici ! Hestia avez-vous des armes ?

- Seulement des outils agricoles, mais nous ne sommes pas des combattants ...

A ce moment-là, un gaillard mal rasé se leva gauchement de son tabouret.

- Je suis prêt à me battre contre le joug des prédateurs au côté de la porteuse d'âme !
Il assortit sa déclaration d'une virile tape sur sa poitrine.

Son allocution sembla galvaniser l'assemblée des hommes avinés puisque plusieurs se levèrent également.

- Tu vois Syrah, ils sont prêts à te suivre. Il te suffit de demander et ils prendront les armes.
Argo accompagna son conseil d'une légère poussée dans le bas du dos de Syrah. Elle se retourna, paniquée :

- Que dois-je leur dire ? Je suis incapable de les guider ...

- Parle avec ton cœur, porteuse d'âmes. Tu m'as bien convaincu, moi.


Syrah jeta un regard interloqué vers Pryham qui venait de parler, il soutint son regard et indiqua l'autre côté de la pièce du menton.

Elle prit une grande inspiration :

- Les prédateurs de Lord Bascaris envoient un bataillon pour nous anéantir. Je sais que vous n'avez pas demandé cela, mais ils vous détruiront si nous ne nous défendons pas. Je suis comme vous, j'ai vécu comme une esclave pendant toute ma vie. Mais c'est assez. Nous ne pouvons plus laisser les seigneurs bafouer la loi de Gaïa ! Nous ne pouvons plus vivre dans la crainte et la soumission !

Sa voix avait pris de l'ampleur à mesure que le flot de paroles s'écoulaient librement par sa bouche. Si elle reconnaissait sa voix, elle avait l'impression qu'une autre galvanisait ces villageois à travers elle. Elle n'en revenait pas de tant d'éloquence.

Elle conclut en levant le poing en l'air :

- Combattrez-vous avec moi ? Pour Gaïa ?

Un cri guerrier s'échappa des dizaines de gorges des hommes réunis là. Ils levèrent également le poing et scandèrent le nom de Gaïa.

Les joues rosies par l'émotion, Syrah se tourna vers ses compagnons de route.

- Tu vois ! Lui sourit Argo.

- Maintenant, sortons convaincre le reste du village et organiser la défense. Décreta Hestia.

- Rath, à combien de temps sont-ils d'ici ?

Le garçon qui s'était tenu en retrait se redressa :

- Difficile à dire, ils sont nombreux et à pied. Une heure peut être deux.

- Très bien. Décreta Svalantia qui avait la plus grande expérience des combats. Tu vas rassembler tous les enfants et les personnes hors d'état de se battre, petit, et vous allez filer d'ici en vitesse.
Le jeune homme partit sans demander son reste. Elle se tourna vers l'auditoire des hommes du village :

Symbiose - La porteuse d'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant