Syrah assistait Yuraïa au mieux, elle bandait les membres et maintenait les corps pendant que le vieux prêtre soignait les victimes de l'attaque.
Une dizaine de villageois avaient été blessés et deux avaient malheureusement succombé à leurs blessures : une jeune orpheline et un père de famille. Quant aux prédateurs, aucun n'avait survécu.
Sur les conseils de Yuraïa, on avait aménagé un hôpital de fortune dans la taverne clandestine qui était la seule pièce chauffée suffisamment grande du village.
Hestia aidait également aux soins et Argo préparait des pommades et décoctions accroupi à côté de l'âtre.
Svalantia, Pryham, Hanae et Fahën s'étaient portés volontaires pour enterrer les morts.
Syrah aurait préféré se trouver à mille lieux de cet endroit, mais sa place était auprès de ceux qui avait combattu pour elle. Elle faisait donc abstraction du mieux qu'elle pouvait de sa nausée et de l'odeur âcre de sang et de sueur.
Elle essuya le visage d'une jeune femme à peine plus âgée qu'elle, qui avait été touchée à la tête. Yuraïa doutait que la blessure lui soit fatale mais préférait la garder en surveillance pour la nuit. Le sang avait coulé de sa plaie et formait une croûte le long de sa tempe et de sa joue qui créait une étrange continuité avec la masse brune de ses cheveux. La jeune femme attrapa la main de Syrah alors que celle-ci rinçait son linge dans une bassine d'eau savonneuse.
- Merci !
Syrah, gênée par l'intensité du regard noisette de cette villageoise détourna les yeux et fit craquer ses phalanges :
- C'est la moindre des choses après ce que vous avez fait pour moi et votre village.
- Non, je ne parlais pas de ça ... Enfin, je vous suis reconnaissante d'être ici avec moi, bien sûr. Mais je voulais parler de l'espoir que vous nous avez apporté. Quoi qu'il arrive à présent nous n'accepterons plus jamais de vivre comme des animaux traqués et c'est grâce à vous. Merci.
Syrah regarda la main qui enserrait toujours son poignet : la peau cuivrée de la jeune fille contrastait avec la teinte laiteuse de ses mains blanchies par le contact prolongé avec l'eau.
Elle osa soutenir de nouveau les yeux en amandes étirées de son interlocutrice et vit la lueur qu'elle avait déjà devinée lors de son allocution plus tôt dans la journée. Elle hocha la tête faute d'une répartie plus adaptée.
- Reposez-vous, maintenant.
Elle se leva et étira ses muscles douloureux, Yuraïa vint à sa rencontre :
- J'ai promis d'aller rendre les derniers hommages aux hommes et femmes tombés aujourd'hui, viendras-tu ? Les soins sont terminés ici, je reviendrai les veiller, ensuite.
- Bien sûr. C'est la moindre des choses.
Hestia et Argo se joignirent à leur groupe. Sur le petit lopin de terre consacrée au cimetière communal. À la lueur des torches, une foule compacte se pressait autour des deux carrés de terre fraîche. Les enfants et vieillards étaient revenus de la forêt avec leurs anim'âmes. Plus loin, un immense bûcher brûlait déjà.
Zaïra et Vagha encadrèrent Syrah qui plissa les yeux quand le vent tournant apporta une lourde fumée.- Pourquoi ne pas avoir enterré les prédateurs comme les autres ? Demanda Syrah, surprise.
Pryham qui s'était glissé à ses côtés lui répondit :
- Les prédateurs n'ont pas les mêmes traditions. Nous sommes incinérés à notre mort.
Syrah acquiesça, elle avait demandé à ce que les gardes soient traités avec respect, elle était soulagée que ce fut le cas.
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Symbiose - La porteuse d'âmes
FantasíaIl fut un temps où les hommes vivaient sur la terre comme des parasites et anéantissaient tout sur leur passage. Mais ce temps est révolu. Voilà des centaines d'années, Gaïa, excédée, décida de lier chaque âme humaine à une âme animale. Ainsi les...