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~DANS LA PEAU DE BAILAO~

Ce n'est pas pour rien qu'on dit que l'Université est un autre univers. Debout sur cette route nationale, à l'arrêt de bus et regardant le bus de mes meilleures amies s'éloigner, je jette mon regard un peu partout devant la porte principale de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar se trouvant de l'autre côté de la route. Étudiants et étudiantes tous munis de leur sacs ou rien se précipitent vers l'arrêt de bus créant ainsi des embouteillages sur la route, évidemment c'est parce-que les automobilistes le veulent et parce-que qu'il sont peut-être même obligés de s'arrêter et céder le passage aux étudiants bien qu'il n'y ait pas de panneaux indiquant les feux de circulation ici.
À cette heure, presque tous les cours sont terminés. Etudiants internes et externes papotent entre eux comme toujours... c'est "la tradition de la fin des longues journées de cours" ici !

Je traverse la route pour me retrouver devant la porte principale, mais je n'arrive pas à mettre un pas en avant. Décidément, on dirait que mon corps et mon cerveau en ont assez de rester coincés entre quatres mûrs.
Alors je me retourne, regarde le trafic et enfin le trottoir où certains gens commencent déjà à faire leur jogging. Soudain, mon ventre émet des borborygmes me rappelant ainsi que je n'ai pas déjeuner aujourd'hui. C'est l'ironie du sort ! Moi Bailao, la gourmande qui mange presque tout les heures durant les week-ends nases à la maison et surtout quand je déprime, aujourd'hui je n'ai même pas pris la peine de déjeuner alors que j'ai passé toute la journée à déprimer !

Pourquoi ne pas profiter du beau spectacle du coucher du soleil qu'on commence déjà à voir s'abaisser vers l'autre côté de l'horizon sur la plage de la Corniche Ouest? Après tout, je ne rate presque jamais ce spectacle chez moi: sur balcon de ma chambre donnant directement sur la plage se trouvant à quelques pas de chez moi, je plisse toujours les yeux en observant l'étincelant astre se coucher et c'est toujours un sentiment plaisant cette contemplation !

Sans plus tarder je presse le pas et me voici sur le trottoir où les voitures qui me dépassent à vive allure ramènent avec eux un doux vent frais venant directement me caresser le visage. Aussitôt un sourire vient se plaquer sur mes lèvres.
Parfois le seul fait d'inhaler un bon coup d'air suffit pour se sentir "renaître"... la nature et ses vertus !
Traînant des pieds afin de mémoriser cet instant pour me sentir de si bon humeur pour le restant de la nuit qui se prépare déjà à tomber, je marche doucement jusqu'à voir enfin le sable fin et les grosses pierres de la plage. Sur cette partie de la plage, il est interdit d'y nager. Des gens viennent s'y poser afin de profiter de la bonne brise durant les temps chauds de l'été. Cependant, en ce début d'hiver de fin novembre elle est quasi-déserte.

De là où je suis assise, à même le sable, je peux clairement apercevoir le jeune couple se trouvant sur le banc d'à côté, qui, tantôt se donnent des bisous un peu partout sur leurs visages, tantôt regardent l'horizon et sourient. Ils sont si mignons ! Me dis-je tandis-que je reporte mon regard sur le spectacle que je connais par cœur et qui pourtant paraît chaque jour nouveau pour moi.

Je me relève, me mettant en station droite et contemple le dernier bout de l'astre disparaître derrière l'horizon accompagné par la douce mélodie des vagues qui se calment avec la marée basse.
Je jette un coup d'œil sur ma petite et precieuse montre noire en cuir et argent, un cadeau de mon père depuis mes quinze ans que je n'enlève plus jamais, attachée sur la poignée de ma main droite et me rend compte qu'il n'est pas si tard que je le pense. Ce n'est enfaite que le temps qui me joue des tours. L'hiver s'approche rapidement, raison pour laquelle le soleil se couche tôt et laisse sa place aux gros nuages gris assombrissant ainsi le ciel.
Ma montre indique dix-huit heures et demie. J'ai donc trente-cinq minutes devant moi avant que le crépuscule s'annonce, ce qui me permet de passer à la supérette que j'avais repéré sur la route en venant ici, afin d'y acheter quelque chose à manger. Après tout, seul un gros paquet de cookies peut me rassasier. Je ne suis pas dure avec la nourriture. Ma mère me gronde souvent à cause de ça; elle dit qu'au lieu de manger "normalement" je préfère grignoter. Et à moi de lui répondre qu'elle n'a pas à s'inquiéter, même si je n'accorde pas trop d'importance à la règle qui dit 'manger sans grignoter entre les repas' je mange sain et équilibré, je fais du sport et fait attention à moi. C'est tout ce qui compte ! Enfin même si je mange parfois tout ce que je trouve sans me soucier de quoi que ce soit... ne le niez pas, parfois on oublie tous cette règle, et finalement ça fait du bien ! Mais il ne faut pas oublier aussi que tout excès est danger même si parfois le mot danger est un peu exagéré !

BAILAO : Confidences D'un Cœur AnxieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant