La fleur que j'avais cueillie il y a quelque temps avait perdu sa couleur vive qui avait attiré mon regard la première fois que j'étais passé devant. Ses pétales étaient ridés, sa tige flasque... Elle était fanée, je crois. Cela me faisait beaucoup de peine. Je croyais enfin avoir trouvé dans ce monde une once de vie ... Il faut croire que la vie elle-même n'était destinée qu'à ne plus vivre. C'était dommage ... Mais maintenant, je savais qu'il ne fallait pas arracher une fleur du sol ; la prochaine fois, j'allais la mettre dans un récipient avec un peu de terre, en prenant soin de ne pas endommager ses racines. Quel dommage que le vie soit si fragile ...
D'ailleurs ... Combien de temps avait elle survécu, cette fleur déracinée ? Le temps, le temps ... Je savais que c'était une notion importante dans ce monde, mais je n'y pouvais rien, je ne pouvais simplement pas me représenter ce que cela signifiait. Peut-être que la malheureuse était morte dès lors que je l'avais enlevée à la Terre, ou alors s'était-elle essoufflée jusqu'à ce que son corps se vide de toute vitalité ? Dans tous les cas, je m'en voulais.
Je posai alors son enveloppe sèche dans la terre ; je pensais que cela allait lui faire peut-être plaisir de retourner près des siens, chez elle. Mais c'était stupide d'imaginer ça. Les siens étaient morts. La terre était morte. Elle aussi maintenant était morte. Et c'est moi qui l'avait tuée. J'en étais tellement désolé ... Je ne savais pas quelle était la procédure à la mort de quelqu'un, alors je me contentai de caresser ses pétales sans vie de mon index en lui demandant de me pardonner d'avoir été ignorant. D'être ignorant.
Après quelques instants, je me dis qu'il valait mieux que je me remette en route ; il était dangereux de rester trop longtemps au même endroit maintenant, d'autant plus que je me rapprochais de la ville ; la surveillance y était accrue. Bien qu'elle ne me dérangeait pas, cette surveillance-là ; je ne savais pour quelle raison elle m'ignorait, et dans la ville, tout le monde m'ignorait. Le seul qui me me rappelait que j'existais était le sol sur lequel restaient empreintes mes traces de pas humidifiées par la pluie qui tombait maintenant depuis ... Depuis ... Je ne savais pas ... En fait, je n'arrivais pas à me figurer le temps.
C'était pour ça que je ne savais pas combien de minutes allaient s'écouler jusqu'à mon arrivée à la cité. Je n'avais qu'à commencer à marcher, pour l'instant, j'allais me demander plus tard ce que je comptais faire une fois dedans. J'espérais trouver de la vie. Espérer...? Non, c'est peu probable que j'espérais quoi que ce soit. Oui, j'allais juste me contenter de marcher. Comme à chaque fois.
Le sol était humide, je sentais mes pieds s'enfoncer légèrement dans la terre. Elle était froide ... Mais cela ne me dérangeait pas, je ne savais même plus si j'étais réellement capable d'éprouver le froid. On aurait dit qu'il cessait de pleuvoir, mais une sorte de brume était entrain d'avaler mon chemin. Je n'aimais pas le brouillard, on ne savait jamais ce qu'il pouvait en régurgiter. Je devais faire en sorte de rester sur le chemin. Le chemin ... Il n'y avait jamais eu de chemin. J'allais marcher tout droit, on allait bien voir où cela allait me mener. Avec un peu de chance, j'allais trouver une nouvelle fleur ...
Elle était grande, cette ville-là, je ne pensais pas y être déjà allé... Pas que je m'en souviendrai si ça avait été le cas, mais certainement qu'il y aurait eut des traces de pas à l'entrée, et ça aurait forcément été les miennes, puisque personne ne peut sortir de la ville. A part moi.
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Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...