XVLII.2

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Je crus un instant que tout n'était qu'un rêve. Ou un cauchemar ? Je ne savais pas. J'avais les yeux clos, pourtant j'y voyais trop clair. Je ne pouvais m'arrêter de pleurer, alors que tout ceci aurait pu être le plus beau moment de ma vie. C'était si dur, et je ne pouvais abandonner. Pourtant, je me sentais faiblir face à la douceur de ses lèvres. Elles étaient froides ... Comme s'il n'avait jamais été de ce monde. C'était comme une rencontre qui n'aurait pas dû avoir lieu. Je sentais mon cœur fondre face à sa tendresse ... J'aurai pu mourir, maintenant, tant cette agréable chaleur me faisait mal. Je lui pris une main, dans l'espoir d'être encore un peu plus proche de lui, de le retenir encore un peu, de lui dire encore un peu plus ... Comme il m'était précieux. 

Au moins d'une éternité qui me sembla bien trop courte, nous nous décollâmes doucement l'un de l'autre, alors que ses lèvres me laissèrent un goût doux-amer sur les miennes. 

Je gardai un instant mes yeux fermés, comme pour garder encore un peu de cette sensation nébuleuse, la tête baissée, je ne pouvais m'arrêter de pleurer. Je le sentis poser son front contre le mien, resserrer ma main qu'il avait toujours dans la sienne, encore tremblante. Je l'entendis renifler. Ses cheveux sentaient toujours la rivière ... Celle qui se forme après que la neige fut exposée à un trop grand soleil.

Il se retira, et me regarda un instant. Alors que j'avais à mon tour ouvert les yeux, croiser les siens était onirique. Il était magnifique ... Sa peau blanche et ses traits fins étaient encore plus parfaits que son masque. Des particules de poussière flottaient autour de lui, elles étincelaient lorsqu'elles croisaient la lumière, comme un système solaire, à ce moment, tout tournait, tout gravitait autour de lui. Ses yeux ... Ils brillaient de tristesse, on aurait dit des milliers d'étoiles qui illuminaient son regard, toute une galaxie s'étendait dans ses yeux, et quelle vie, quelle vie pouvait-elle abritait, elle qui était inconnue de tous ? Pourquoi n'y avait-il plus que moi ? J'étais perdue, cela faisait longtemps que j'étais abandonnée dans son univers, et je survivais depuis quelques heures avec pour seul oxygène l'espérance que tout n'est jamais été qu'un long rêve, qui allait se finir en même temps que le souffle de mon ami. Qu'allait-il se passer, une fois que ses paupières se fermeront ? Mon voyage allait-il être terminé ? De mon rêve, réveillée ? Je ... Je ne pensais pas pouvoir le faire. Je ne pensais pas survivre à une nouvelle perte. Il était ma réalité ...

"Jodie ... Il est temps"

Un pique se planta en même temps que sa phrase dans mon cœur. Je ne pouvais rien dire, ma gorge était nouée. Je descendais de ses yeux, et voyais ses tatouages, qui, comme des larmes éternelles, coulaient de ses paupières sur ses joues. Les dernières lignes de code, il ne pouvait pas y avoir accès. C'était à moi de finir. C'était si cruel ...

Rassemblant tout mon courage, sans un mot, je me mis à taper ce que je voyais sur le clavier, souhaitant me tromper, sans pouvoir le faire. Je reniflai, et essayai de ne pas croiser son regard. Mais il me fixait, il me fixait avec tant de tendresse ... M'avait-il toujours regardée ainsi ? Pourquoi cela me devenait vital ? Je remplissais les derniers symboles, et je me sentais faillir. 

"Voilà ... finis-je pars dire, avec une voix si déformée par la peine qu'on n'aurait pas reconnu la mienne.

Le code validé, un décompte se mit à décroître progressivement :

"Si vous souhaitez annuler l'ordre d'arrestation des ondes, appuyez sur n'importe quelle touche."

-Merci, me dit-il avec ... Un sourire. Ses paupières se plissèrent un peu, au dessus de ses joues légèrement remontées par le coin de ses lèvres. Il souriait. Je ne pouvais le supporter ... Je me jetai contre lui, et le serrai encore plus fort que ce que mon corps le pouvait.

-Je t'en supplie ... Ne pars pas ... Ne me laisse pas seule ....

Il ne dit rien. Il me prit à son tour dans ses bras, une main dans mes cheveux me caressa doucement. 


- ... Je suis désolé ...


-Je t'aime tellement ...



- ... Merci ..."






Son corps s'effondra soudainement entre mes bras.





 Je tombai au sol avec lui, ne pouvant me résoudre à le lâcher. 





Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant