Avais-je déjà vu Jodie ainsi ? Jamais.
Voilà plusieurs heures que nous marchions, tous les trois, et rien d'aussi beau ne m'étais jamais arrivé. Elles étaient là, toutes les deux, à discuter, à plaisanter, à rire ... Juste un peu plus devant moi, à ma droite. Comment ces deux personnes pouvaient-elles avoir autant à se dire ! Jodie ne m'avais jamais parlé de la sorte ... Était-ce alors ... Grace à Charlie ?
C'est vrai ... Pourquoi n'avions-nous jamais eu de telles discussions ? ... En fait, je remarquai nous n'avions que rarement eu de réellement discussions. Nous avions si peu parlé ... Je pensais que c'était ainsi parce-que nous n'avions rien à nous dire, mais à la voir ainsi s'exprimer si librement et sans arrêt me démontrait le contraire : elle, avait beaucoup à dire. Pourquoi pas m'en avoir parlé à moi ...? Je reconnaissais ne pas être très bavard, mais je me pensais tout de même être bon à écouter. Peut-être allais-je trop loin, et qu'il ne fallait pas que je vois plus qu'une complicité entre deux humaines, car après tout, il était clair qu'entre ma compagnie et celle de Charlie, il y avait beaucoup de différence. Elle était si dynamique ! Son attitude déteignait clairement sur Jodie, je ne l'avais jamais vue aussi ... Vivante ! C'était ça, elle était en vie, et c'était si agréable de la voir rire. L'avais-je seulement vue ne serait-ce qu'une fois plus heureuse que ça ? Non ... La compagnie et la chaleur humaine était clairement l'une des plus belles choses qui pouvait exister. Je n'avais rien à dire, et je ne sais même pas si j'étais réellement envieux de ce duo tant j'appréciais les observer discuter joyeusement.
Charlie passait son temps à nous raconter des petits récits, divertissants et amusants. J'aimais bien les histoires de Charlie, elle en avait toujours plein, et des variées : à propos d'animaux, à propos de princesses, de fleurs ...
Tant de choses qui avaient disparues ... Mais elle les faisait vivre de nouveau, dans sa bouche. Charlie était surtout très douée en mimétisme ; elle ne cessait de gesticuler en faisant les bruitages de telle ou telle explosion. C'était très drôle à voir. Jodie la poussa gentiment tout en éclatant de rire, Charlie venant de mimer exagérément un personnage que les deux filles connaissaient, du nom de Jeffrey, dont j'ignorai le caractère, mais dont l'imitation m'arracha tout de même un sourire.
Plus de larme, plus de tristesse, plus de nuage ... Elles étaient si amusantes toutes les deux.
La nuit commençait à tomber, alors nous nous décidâmes de nous installer à proximité d'une ville en ruine.
"Je vais aller chercher de quoi nous faire un abris. Vous, restez là, d'accord ?
-D'acc' Jod'. Je vais essayer de faire un feu !
-Ça marche."
Jodie s'éloigna, me laissant seul avec Charlie. Nous nous mîmes près d'une paroi, contre laquelle il serait simple de faire un toit. Charlie dénicha tant bien que mal une vieille planche coincée entre deux pierres, et tenta d'y mettre le feu. Elle avait un appareil qu'elle frottait, et dont une étincelle jaillit et vint illuminer la planche. Elle eut une exclamation de joie, tandis que le feu grandissait petit à petit.
Lorsqu'il fut assez grand, elle vint se posait contre la paroi, à côté de moi.
Elle ne dit rien, et je ne savais pas trop quoi faire. Alors que le silence me paraissait trop pesant, elle finit par me demander :
"Ça va ?
-Oui. Lui répondis-je simplement.
-Ah ... Cool ...!
Puis le silence se réinstalla. Je pensais que c'était ma faute si elle n'ajouta rien. Mais le problème était que j'avais vraiment du mal à agir comme Jodie, à agir ... Amicalement ... Ou du moins ... Chaleureusement. Alors, je tentai de reprendre, mais rien ne me vint, et je finit par bafouiller :
-Je suis désolé ...
-De quoi ?
-De ne rien faire. Elle tourna le visage vers moi, un air étonné. Je la regardais un moment, et elle se mit à sourire.
-Ooh, mais c'est pas grave ! Chacun fait comme il peut ! Elle me frotta vivement mais chaleureusement le dos, et ce geste me fit bizarre. Avait-elle vraiment compris, ce que je voulais dire ...?
On a qu'à jouer à un jeu ! Jouer ...?
Charlie alla fouiller dans son sac, et revint avec une petite planche carrée et damiée noir et blanc, ainsi qu'un petit sachet plein de pièces.
Regarde, c'est un jeu d'échec que j'ai volé à la base ! Un jeu d'Échec ? Je me rapprochai d'elle pour mieux examiner la planche.
Il y a deux équipes, la blanche et la noire, le but de l'autre et de tuer le roi adversaire ! ça, c'est le roi : Elle me montra une pièce qui semblait vaguement posséder une couronne. Tuer le roi de l'autre ? C'était un jeu morbide ... Je ne comprenais pas bien le concept. Mais pour lui faire plaisir, je me prêtai au jeu.
Elle m'expliqua les différentes pièces, avec leurs déplacements, leur intérêt, et nous nous installâmes rapidement face à face, près a jouer.
Bon, tu prends les blancs, je prends les noirs ! J'acceptai, tout en saisissant mes pièces.
Lorsque j'eus finit de les placer, je levai les yeux, et remarquai que la fille était entrain de me regarder, un sourire en coin.
-Quoi ? Lui fis-je. Elle détourna les yeux.
-Oh, rien ... Elle marqua une pause, gênée, puis se justifia : Je me disais que le blanc t'allait bien.
-Pourquoi ?
-Bah ! Parce-que tes cheveux sont blancs, ton masque est blanc, ta peau est blanche, tes habits sont blancs ...
C'était vrai, je n'avais jamais vraiment fait attention ... Oui, le blanc me représentait plutôt bien.
Nous nous mîmes alors à jouer. Le jeu était beaucoup plus stratégique qu'il n'y paraissait, et c'était en réalité plutôt agréable de réfléchir ainsi.
"Qu'est-ce que vous faites ? Jodie arrivait, avec des tas de planche et de ferraille, adéquat pour nous faire un toit.
-On joue aux échecs ! Et Avril est totalement entrain de gagner ...
-Quoi ? Mais il n'a jamais joué !
-Mais je sais ! Il est trop fort !
Je me recevais une avalanche de compliments, et je ne pus m'empêcher d'être mal à l'aise lorsque Jodie m'ébouriffa fièrement les cheveux avant de s'asseoir à coté de moi pour observer la fin de la partie. Je finis par gagner, à la surprise général. Je l'avais fait ... J'avais impressionné Jodie et Charlie. Je ne savais pas si je devais réellement être fière d'une partie d'Échecs gagné, mais cela me fit tout de même plaisir d'être un peu considéré.
La nuit était tombée, et nous avions accroché assez de ferraille pour notre abris. Je me blottis dans une couverture, et m'allongea sur le sol. Je me sentais fatigué, et j'avais envie de me reposer, seulement ... J'assistai sans trop le vouloir à une discussion entre les deux filles, qui me passa l'envie de dormir.
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Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...