Ça y est était. Nous courrions vers la mer. Il faisait très noir et la buée contre mon masque à gaz commençait à m'aveugler. Au loin, je distinguais un homme qui agitait un bâton lumineux de manière à nous faire comprendre qu'il fallait se dépêcher. Il faisait si noir que nous ne pouvions que nous concentrer sur ses mouvements. Il faisait froid... Il était grand temps d'arriver à l'avion.
J'étais tellement excitée de cette situation. Je ne savais pas bien si c'était normale ou non, et à vrai dire, j'avais quelques fois l'impression que mon cœur était détraqué. Mais cette fois là, j'étais impatiente de me jeter dans cette dangereuse aventure. La tour de contrôle ! Là où le mal sévissait le plus ! C'était aussi excitant qu'effrayant. Tout le monde courrait à mes côtés, et mon adrénaline était clairement en ébullition. Le bruit du moteur de l'avion était assourdissant, et plus nous nous rapprochions, plus je sentais une agréable peur s'installer en moi.
Nous arrivâmes finalement au niveau de l'avion. A une centaine de mètre plus loin, l'étendue noire s'étalait jusqu'à l'horizon ; encore plus sombre que le ciel. On aurait dit un océan de pétrole. C'était peut être le cas après tout ...
"Vous êtes prêts ?? Nous hurla l'homme qui nous avait guidé, certainement le pilote.
- Ce sont ces deux là que tu embraques !! Je plissai les yeux afin de mieux voir l'interlocuteur.
-Eux ?? Mais ... Ce sont des enfants !!
-Oh crois moi, ils sont bien plus que ça !!"
Le pilote haussa les épaules et se renfouit dans sa cabine. Albard m'attrapa et me plaça dans l'avion : il n'était vraiment pas très spacieux ...! J'aidai Avril à grimper : Je lui agrippai le bras en urgence alors que le monteur grondait de plus en plus. Une fois réceptionné, je le tenus fort dans mes bras alors que l'engin démarrait. Les hélices devaient presque avoir atteintes leur vitesse de rotation maximale, car mes cheveux tournoyaient dans tous les sens, fouettant la visière de mon masque.
Albard m'attrapa la main avant que l'avion ne décolle. Il m'hurla :
"Jodie ! Surtout, ne détruisez pas la tour ! Si vous avez le doute sur quoi que ce soit, revenez ! Si par mégarde la tour venait à disparaître, tout ce que nous avons construit pour survivre depuis tout ce temps s'écroulerait ! Nous ne pouvons pas nous le permettre ! C'est bien compris ?
Je le regardai dans les yeux. Je me sentais si puissante, à ce moment là. J'avais enfin l'avenir entre mes mains.
-D'accord, Albard." Lui répondis-je, simplement. Si je devais être dans la possibilité de détruire une bonne fois pour toute la Tour, il était possible que je dérape. Je le savais.
Mais le grand bonhomme ignorant me lâcha et leva le pouce en signe de validation. Je me sentais un peu mal, car mon cœur me semblait subitement hésitant. Soudain, mes pensées s'effacèrent lorsque je sentis l'avion se mettre à avancer.
Nous n'entendions plus rien présent, il faisait si noir, seule la piste était éclairée par les phares de l'avion, et quelques cadrans clignotaient dynamiquement, à tel point que j'avais du mal à rester concentrée sur un point fixe. Il y avait tant de bruit ! L'engin accélérait, accélérait, accélérait, je me tassais contre mon siège et je voyais de plus en plus se rapprocher dangereusement l'océan, et c'était plus fort que moi, je me mis à doutais soudainement. Mon regard était maintenant uniquement porté sur l'eau, croyant que mon heure était peut être venue. Je serrais fort Avril que j'avais toujours dans les bras, quand soudain,
L'avion décolla.
Tout ce qui était dans mon corps se retrouva compressé contre le dossier du siège, et mes yeux étaient écarquillés au possible tant cette sensation était incroyable. Je ne pouvais détourné mes yeux du par brise. Pourtant, le ciel était d'un noir d'encre. Tout remuait autour de nous, le sol vibrait sous nos pieds, et le bruit des taules qui composaient l'avion nous assourdissait. Dans quoi m'étais-je encore embarquée ...? En me posant cette question, soudain, je me rappelai, et me mise à sourire malgré l'inquiétude. J'allais détruire la tour. Voilà où est-ce que j'allais ! Tout ça n'avait aucune importance face à ce qu'on était sur le point d'accomplir. Alors, je me mis à rire fort, à l'idée que tout ce que j'avais pu vivre jusqu'à présent n'avait été que pour ce moment là. J'étais détraquée, sans aucun doute. Je sentis les ongles d'Avril s'enfoncer dans mon haut, pour le rassurer, je lui hurlai :
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Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...