IX.2

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                      J'entendais la fille respirer difficilement à ma droite. Elle me tenait la main, je ne sais pour quelle raison. Probablement qu'elle ne voyait pas bien dans le noir. Moi non plus, mais je distinguais suffisamment les différents chemins pour me repérer. Elle pleurait. A nouveau. J'étais désolé pour elle. Qu'est-ce que je pouvais faire ? J'essayai d'imaginer la souffrance qu'elle ressentait. Ça devait être insoutenable. Moi, j'avais toujours vécu dans ce monde triste. Je n'ai jamais rien perdu, puisque je ne possédais rien. Mais dans cette situation, c'était pire que d'avoir tout perdu, puisqu'elle s'était rendue compte que tout ce en quoi elle tenait été faux. Ça devait être encore plus dur. Et puis ... Peut-être qu'elle avait peur du noir ? Ou que sa blessure lui faisait de nouveau mal ? Je ne savais trop comment interpréter ses larmes. Je suppose que c'était un peu un mélange de tout ça.

Nous continuâmes à marcher un moment, ainsi. Je ne saurai pas dire combien exactement, car j'ai un peu de mal avec la notion de temporalité. Je sentais les pas de la jeune femme ralentir peu à peu. Elle devait être fatiguée. Mais je voulais que nous soyons le plus éloignés possible de la ville. A l'heure qu'il était, nous devions être à plus de cent mètres après. J'aurai pu aller plus loin, mais je sentais bien qu'elle était épuisée. Et puis, il fallait encore que je soigne sa blessure.

"Arrêtons-nous aussi. Suggérai-je.

La fille ne dit rien, elle lâcha ma main et s'assit par terre, contre le mur humide de ces étranges sous-sols. Je sentais ma main encore tiédie par la sienne. Je m'agenouillai devant elle.

Ça va ?" Elle avait le regard baissé dans le vide. Elle acquiesça doucement d'un signe de la tête. Je voulu la regarder, mais il faisait bien trop sombre pour que j'aperçoive des détails. Je me mis à fouiller dans mon sac. Peut-être avais-je quelque chose qui émettait de la lumière ...? Justement; je me souvenais avoir récupéré le casque de la fille. Peut-être qu'il pouvait encore s'allumer ? Je le sortis, et commençai à appuyer sur tout les capteurs qui se trouvaient à l'intérieur, lorsque la visière se mit à émettre une lumière orangée. Je tournai la tête vers la fille pour voir sa réaction; elle cligna péniblement des yeux pendant quelques instants, puis retomba dans sa léthargie mélancolique. Je le posai à côté de nous.

Le visage de la fille était à présent éclairé, et j'en profitai pour la regarder. Sa peau était très pâle, et le contour de ses yeux étaient foncés. Elle n'avait pas bonne mine. Je jetai un coup d'œil à son bras; le bandage était de nouveau imbibé de sang. Il fallait que je la soigne. Je fouillai de nouveau dans mon sac, lorsque je mis la main sur un petit objet froid et rectangulaire. Je le sortis, le regardai à la lumière; il s'agissait de l'appareil que j'avais récupéré chez elle. Je me dis que lui rendre pourrait lui faire plaisir.

"Tiens. Je lui tendis l'appareil. Je l'ai récupéré chez toi, je pensais que tu aimerais l'avoir avec toi.

Elle écarquilla les yeux à la vue de son objet, elle leva les yeux vers moi, puis de nouveau sur son appareil.

-Oh ... Merci .... elle le prit délicatement dans ses mains fébriles, et le serra contre sa poitrine. C'était un étrange geste, je suppose que cela signifiait qu'elle y tenait effectivement beaucoup. Comme je continuai de la regarder, elle leva les yeux vers les miens et me confia un petit sourire. J'étais content. Content et rassuré; elle était encore capable de sourire. Elle allait déjà mieux que lorsque nous avions quitté la ville. Mais il fallait encore que je recouse sa plaie. Je sortis du tissu, et une petite mallette que j'avais récupéré dans un grand bâtiment blanc. Je l'ouvris, et y découvris toute sorte de produits. A leur vue, la fille me jeta un œil inquiet.

-Il faut absolument que ta blessure guérisse. Dis-je. Je vais devoir te recoudre.

A ces mots, la fille baissa les yeux, et acquiesça silencieusement. Je sortis un crochet, un fil et un flacon de désinfectant. Je savais que c'était douloureux; je l'avais déjà expérimenté sur mon propre corps. Elle me tendit docilement son bras tremblotant. Je le saisis, et commençai à tapoter doucement sur la blessure un bout de tissu imbibé de désinfectant. Elle tourna la tête et la colla contre son épaule crispée. Ses doigts s'étaient tous contractés, et ses jambes se mirent à bouger nerveusement. Je levai les yeux vers elle; des larmes coulaient sur ses joues. Mais elle ne dit rien. Je me sentais désolé de la faire ainsi souffrir, mais nous ne pouvions pas prendre le risque que la plaie s'infecte, ou qu'elle se remette à saigner.

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