XXXVIII

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Ses cheveux sentaient bon ... Ils m'emplissaient les narines et m'embrouillaient le cerveau. J'étais bien, si bien contre elle ... Elle passait ses mains dans mes cheveux, et j'adorais lorsqu'elle le faisait. Je m'étais senti mal, si mal, que j'avais l'impression de n'avoir jamais été aussi faible ; mes jambes tremblaient, je tenais à peine debout et j'avais l'impression que je pouvais m'écrouler à tout moment. Je reniflais, essayant tant bien que mal de ravaler mes larmes. Mes larmes ... Avais-je déjà été capable de pleurer ? Je ne savais pas. Cette attitude était si ... Humaine ... Alors que je venais de découvrir que je n'en étais qu'une triste imitation. Non ... Je n'étais pas que ça. J'étais ... Le mélange parfait entre la machine et l'Homme. Je pouvais avoir accès à tout, tout ce qui était fermé aux humains, et plus encore. Les machines ne m'attaquaient pas, car j'étais l'un des leurs. Pourtant, j'avais rallié ma cause sans trop m'en rendre compte aux humains. En réalité ... J'étais bien pire qu'une machine. J'étais un interrupteur directement relié à l'abomination de cette planète : la tour de contrôle. Je n'avais eu qu'à appuyer sur la détente, et s'en était fini des malheurs, plus de machine, plus d'esclavage, plus de peur, plus de ... Plus d'Avril. Voilà pourquoi je n'avais pas réussi. Plus de moi. Que du vide. Du vide ...? Je ne savais pas, et c'était effrayant. Je crois que pour la première fois, j'avais connu la peur de la mort. Je me rendais soudainement compte que je voulais tant vivre ... J'étais si bien, contre Jodie, que je ne pouvais même plus penser à ce que j'aurai pu faire. C'était mal ... Je savais qu'elle se trompait, et que tout aurait été bien mieux si tout s'était terminé cette nuit. Mais je n'avais pas pu ... Et elle ne le voulait pas. Il me sembla que nous étions bien faibles ... Pourtant je ne pouvais m'empêcher de m'en réjouir, car enfin, je voulais vivre. 

Au bout d'un moment, Jodie posa ses mains contre mes épaules, et me fis reculer doucement. Je rencontrai ses yeux, et elle me sourit. Puis, son regard fut attiré par quelque chose derrière moi. Elle me passa devant, et se mit à regarder au loin, en bas de la falaise. 

"Charlie, viens voir. Charlie, que j'avais à peine remarquée, s'approcha du bord.

-Nous n'avons plus beaucoup d'avance sur eux, on dirait ...

-Comment ont-ils fait pour avancer aussi vite ...?

-Je ne sais pas ...

Intrigué, je m'avançai auprès d'elles. Lorsque je cherchais quelqu'un chose auquel accrocher mon regard, je tombai sur une vingtaine de petits points, au loin, qui me semblait clairement être un groupe d'humain. Je comprenais que Charlie et Jodie parlaient certainement de leurs anciens collègues, qui avaient toujours pour but de nous arrêter, et de me tuer. 

-Bon, remballons le campement, et allons-nous en."

Jodie se mit à marcher rapidement vers notre campement. J'étais un peu perplexe, encore engourdi par ce que je venais de vivre, mais Jodie savait que nous n'avions pas de temps à perdre. C'était plus raisonnable, mais hélas, cela me laissa quelque peu... Insatisfait. J'aurai voulu être réconforté jusqu'à ce qu'aucun de mes doutes ne subsistent. Mais je savais que c'était impossible ... Charlie dû le sentir, car elle vint vers moi. Je la regardais, interrogatif, mais elle ne dit rien ; elle se contenta de me saisir la main, souriante. Elle m'entraîna ainsi sur les pas de notre amie. C'était amusant, comme sa main était différente de celle de Jodie.



Une fois les affaires remballées, nous nous étions hâtés de trouver refuge le plus loin possible ; les humains étaient toujours à nos trousses, et ils semblaient se rapprocher. Je ne savais pas trop comment tout cela aller se finir, mais l'issue d'une potentielle confrontation ne me disait rien qui vaille ... J'avais un mauvais pressentiment. 

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant