Le lendemain, je me réveillai avec un puissant mal à l'estomac. Non ... Ça ne faisait pas vraiment mal, j'avais juste l'impression qu'il était en ébullition. Bon ... En fait, j'avais simplement faim. Mais ... Je n'avais aucune envie d'avaler une seule goutte de plus de la mixture. J'allais essayer de m'en passer. Encore. Avril n'insistait jamais trop lorsque je lui disais que je n'avais pas faim. Bien sûr, je lui mentais. Mais ... Par pitié, c'était trop répugnant ! Toute la journée j'avais un goût amer et acide dans la gorge, après. Non, il valait mieux que je mange le moins possible. Et puis, c'était tout bénéfique : ça faisait faire des économies de nourriture, le temps que nous restions ici. Bien que j'espérai sortir le plus vite possible de ces égouts. Ça faisait ... Combien de temps, qu'on y était piégés ? Au moins ... Au moins cinq jours, je dirais. Je n'en pouvais plus, cette odeur de moisissure, d'humidité, cette atmosphère moite et lugubre. J'en avais marre ... Tellement marre. De plus, inutile de préciser que je dormais évidement très mal. Même si Avril me laissait la couverture, j'avais toujours froid ... En même temps, je ne portais qu'un simple T-shirt. Pour la journée, j'avais même pris l'habitude de la poser sur les épaules, à la manière d'une cape.
Je regardai à ma droite : Avril dormait toujours. Moi qui doutais de son sommeil, la première fois ... Il fallait toujours que j'attende au moins ... Au moins. En fait, je ne sais pas. J'avais l'impression de perdre la notion du temps. En tout cas, ça me paraissait toujours trop long. Aujourd'hui, je n'étais pas d'humeur à rester patiemment à jeter des cailloux dans l'eau. Je me rapprochai de lui. Je voulais le réveiller, mais ... En réalité, une fois près de lui, je n'osai pas le toucher. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je ne savais quelle serait sa réaction, et puis ... Il était ... C'est à dire que ... Éclairé, son corps semblait recouvert de cicatrices, et ça ne devait pas m'encourager. Je renonçai, me retournai et m'assis sagement à côté. J'allumai mon Ipod; ... Quoi ...? Plus que 40% de batterie ?? Ce n'est pas vrai ! Pourquoi je n'avais pas fait attention plus tôt ! J'étais maudite. Pourquoi est-ce qu'il fallait que je me débrouille pour ne pas prendre soin de la seule chose à laquelle je tenais dans ce monde ? Ce n'était quand même pas compliqué de surveiller la batterie ! Il fallait ... Que je l'économise. Je râlai, le verrouillai, et le replongeai dans ma poche. Je soufflai profondément, je sentais que j'étais tendue, ce matin. Mais je suppose qu'on ne pouvait pas me le reprocher après tout ce que j'avais vécu. De toute manière, il n'y avait plus personne pour me reprocher quoi que ce soit. Alors, je me contentai d'attendre.
Avril ne se réveillait toujours pas. Ce n'était quand même pas croyable de dormir aussi tard ! Comment pouvait-il simplement avoir l'esprit aussi tranquille dans un moment pareil ?? Je tapai du pied nerveusement contre le sol. L'écho me répondait, et en fait, j'arrêtai quelques secondes après, sentant l'agacement du bruit trop répétitif.
Comme il ne se levait toujours pas, je perdais patience, et me décidai à l'appeler simplement. Lorsque je m'étais perdue, il m'avait bien entendue alors qu'il dormait, et avec la musique dans les oreilles qui plus est.
"Avril ?
... Pas de réponse.
Avril !
Il ne bougea pas.
Je me décidai à toquer sur son masque, doucement.
Avril, réveille-toi !
Il ne se réveilla pas.
Non mais c'est une blague ..." Grommelai-je.
J'étais très tendue. J'arrivai à un stade étrange, celui où mon mental n'est plus à se lamenter, mais à se plaindre. Je voulais ... Tellement sortir d'ici. Je n'en pouvais plus ... Pourquoi est-ce qu'il fallait qu'il dorme autant ??
VOUS LISEZ
Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...