XXXV.1

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 Le lendemain, de nouveau en marche. Jodie était plus loin devant, et j'étais de nouveau avec Charlie. 

Je repensais à la conversation qu'elles avaient eu la veille. Charlie avait dû tellement souffrir ... Grandir dans une usine, c'était peut-être la pire chose qui puisse arriver à un être humain. Etre conscient, mais ne rien pouvoir décider ... Etre incapable de diriger son corps ... Quelle horreur. Pauvre fille ... J'étais désolé pour elle. Cela avait rendue folle Jodie en à peine une soirée, et cela l'avait changée à jamais. Comment Charlie pouvait-elle être encore si saine d'esprit après ça ? Elle devait avoir un énorme mentale, et un contrôle de soi hors paire. J'étais assez admiratif. 

Elle était à côté de moi, et elle parlait, parlait, parlait ... Mais j'aimais bien l'écouter. Elle faisait ce que Jodie n'avait pas réussi ; me parler sans attendre de réponse, sans attendre de dialogue qu'il m'était difficile à avoir. Mais ça ne semblait pas déranger Charlie, qui m'apprenait plein de choses, notamment sur la nature humaine. Elle me dit qu'elle n'aimait en réalité que très peu les humains, car elle les trouvait égoïstes. Mais toutefois, elle me loua la personnalité de Jodie, dont j'avais encore beaucoup à apprendre. Elle semblait tellement l'apprécier ... Moi aussi, j'aimais Jodie. Mais je n'étais pas sûr de pouvoir le lui montrer comme le faisait si bien Charlie. C'était perturbant. J'était vraiment peu doué en ce qui était d'exprimer des sentiments ... Et ... M'appréciait-elle autant que ce que je l'appréciais ? Je ne savais pas trop ... Elle non plus n'exprimait pas souvent ce qu'elle ressentait. Nous avions tant à apprendre de Charlie !

"Hé, regarde ! 

Charlie sortit de sa poche ... L'Ipod de Jodie ?

-Qu'est-ce que tu fais avec ça ?

-C'est à Jodie, je l'ai récupéré avec ses affaires ! Ça te dit qu'on écoute de la musique ?

C'était quelque chose que j'avais l'habitude de faire avec Jodie, et cela ne m'enchantait pas outre mesure de partager de la musique avec quelqu'un d'autre, mais je ne pus briser un tel enthousiasme. Alors, j'acceptai.

Elle me tendit un écouteur, et lança la musique.

Et ... Quelle musique ! Ce n'était pas du tout celle que nous avions l'habitude d'écouter, Jodie et moi, c'était beaucoup plus ... Dynamique ...? Du moins, cela semblait beaucoup plaire à Charlie, qui se mit à sautiller joyeusement.

Alors, qu'est-ce que t'en dis ? C'est du rock !

Du rock ? C'était beaucoup plus rythmé et beaucoup plus fort que la folk. Du moins, la mélodie était joyeuse, et le rythme si dynamique qu'il me semblait qu'il me donnait de l'énergie.

-J'aime bien. 

-Hé, regarde ce que je peux faire ! 

Je tournai la tête vers Charlie, qui se mit à ... Bouger les lèvres, en même temps que la voix de la chanson. C'était incroyable, on aurait réellement dit que c'était elle qui chantait ! Si évidemment le tout n'avait pas été si ridicule, pour cause d'une voix d'homme beaucoup trop grave pour aller sur une fillette blonde. Le contraste finit par me faire rire.

-Quoi ? J'y arrive bien, non ? Pourquoi tu rigoles !

-Tu y arrives très bien. C'est très drôle !

Charlie se mit à rire à son tour, et il me semblait incroyable qu'une fille aussi joyeuse puisse exister dans ce monde si triste. Cela me faisait du bien, d'avoir se rayon de soleil à côté de moi. Elle était très amusante.

Lorsque nous nous tûmes, et que nous profitions simplement de la musique, je regardai Jodie ; loin devant. Je me demandai si elle allait bien. Elle n'avait pas eu l'air d'être triste ou quoi ce soit, ce matin, lorsqu'elle nous avait demandés de la laisser un peu seule. Mais je m'inquiétais tout de même, c'était plus fort que moi. 

"Hé ...

Je me tournai vers Charlie.

Elle va bien, Jodie. Elle avait juste besoin de réfléchir, et comme je ne peux pas m'empêcher de parler ...!

Je ris un peu face à cette remarque. Au moins, elle avait conscience qu'elle parlait trop ...!

Ne t'inquiète pas pour elle, elle va bien.

Je ne répondis rien. Elle non plus ne dit rien, avant de reprendre doucement :

Tu as l'air de beaucoup tenir à Jodie. 

Bien sûr que je tenais à elle, elle m'avait sauvé ... Elle m'avait fait vivre tout ce temps, elle m'avait donné une identité, elle était tout pour moi. Mais je ne pus me décider à lui répondre ce que je pensais réellement d'elle, et lui dis simplement :

-Oui. 

-Elle aussi tient à toi. Là, j'étais interpellé. Je tournai vivement la tête vers elle. Qu'est-ce que Jodie avait pu lui dire, pour qu'elle pense ça ? J'étais curieux, et j'avais très envie de savoir. Pour qu'elle m'en dise plus, je lui répondis :

-A-ah oui ...?

-Bah oui ! T'imagine, elle m'a quittée pour toi quand même ! Je me sentais soudainement mal à l'aise. C'était vrai que Jodie avait laissé la base souterraine où se trouvait Charlie, pour partir avec moi. Était-ce un reproche qu'elle me faisait ? Était-elle rancunière par rapport à ça ? Toutefois, même si je savais que c'était mal,  je ne pus m'empêcher d'être heureux en pensant qu'elle tenait plus à moi qu'à Charlie. 

... Elle avait tant espéré te retrouver ... Je la regardai de nouveau. Ses yeux étaient rivés droit devant elle, dans le vide, pensive. 

Elle est belle, votre amitié. Je me sentais tout d'un coup empli de bonheur. C'était réellement ce qu'elle pensait de Jodie et moi ? Je n'avais donc pas à m'inquiéter ... Jodie m'aimait aussi ? Je me sentais si rassuré. 

Moi aussi, tu sais, je ferai n'importe quoi pour toi. Je la regardai, interrogativement. Elle me sourit. 

Je ne compris pas bien ce qu'elle essaya de me dire, à ce moment. Je pensais tant à Jodie que je ne m'étais même pas encore demandé ce que Charlie ressentait. Voulait-elle me dire qu'elle m'appréciait ? Moi, je devais admettre que j'avais un peu de mal à comprendre ce que je ressentais pour elle, car elle me faisait rire, mais j'avais l'impression ... De trop l'envier pour sa relation avec Jodie. Cela m'agaçait, et me faisait plaisir à la fois. C'était très étrange, et j'étais un peu confus par ces antithèses. Je me disais que c'était certainement à cause d'une situation nouvelle, et que tout allait finir par s'équilibrer.

Soudain, Jodie au loin nous interpella. 

Nous nous mîmes à trottiner pour la rejoindre. Plus nous nous rapprochions, plus nous distinguions au loin ... Une forêt ...?

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant