Je me réveillai en sursaut. La gorge me grattait, l'estomac me brûlait, je me mis à tousser frénétiquement. Je plaçai mes mains contre ma bouche afin de maintenir ma tête, car je voulais me calmer. Mais je toussais, toussais si fort. Je toussai de plus en plus. Soudain, je crus que ma trachée se déchirait tandis que je sentis un liquide tiède se plaquer violemment contre mes mains. Je crus d'abord en de la salive, alors je ne portai pas plus d'attention à ça. J'essayai de reprendre mon souffle, alors que j'avais une douleur aiguë dans la gorge. Je fermai les yeux de souffrance, et pris une grande bouffée d'air ; je le sentais pénétrer mon œsophage et apaiser les brûlures. Lorsque je sentis que je reprenais le contrôle de ma gorge, je jetai un coup d'œil à mes mains.
J'eus un sursaut.
Elles étaient éclaboussées ... De sang.
Ce sang ... Venait-il de ma gorge ? Je ... Toussais au point de ... Cracher du sang ...?
Maintenant j'en étais sûre, je n'allais pas aussi bien que ce que j'arrivais à prétendre. Je me dépêchais d'essuyer mes mains avant qu'Avril ne s'en rende compte. C'était ... Inutile de l'inquiéter, d'autant qu'il ne pouvait rien faire pour moi. Même moi, j'étais incapable de quoi que ce soit. Je pouvais toujours me bourrer de médicament au hasard, mais sans doute que l'effet aurait été bien plus dévastateur que de me laisser lentement consumer par une quelconque maladie.
Était-ce ... Était-ce grave ...?
J'essayai de ne pas y penser plus. Je supposai que dans une situation pareille, il était normal d'avoir des difficultés. Certainement que ... J'avais mille façons de mourir chaque jour, alors une de plus ... Mais d'être détruite de l'intérieur, c'était peut-être quelque chose de plus horrible encore, d'autant que ... Je me sentais terriblement impuissante ... Bon .... D'accord : la réalité, c'était que j'étais complètement paniquée. Cracher du sang ? C'était mauvais signe. Je ne m'étais pas donné la peine de survivre tout ce temps pour me laisser emporter par une mauvaise grippe ! Mais que pouvais-je faire ? Peut-être aurait-il été mieux que j'en parle à Avril. Mais ... Il ne pouvait rien faire, ça le rendrait juste triste. Et je ne le voulais pas. Non ... J'allais assumer moi-même mon problème, quitte à ... Je ne savais pas. Je ne savais pas quoi faire. Si seulement je-
"Jodie ?
J'eus un sursaut.
-A-Avril !
-Est-ce que tu vas bien ?
-Bien sûr, pourquoi tu demandes ça ?
Ma question était stupide. Je ne m'en étais pas vraiment rendue compte, mais j'avais enfoui mes yeux dans mes mains afin de masquer mes larmes.
-Tu es sûre ...?
-Oui oui ! Un petit coup de blues, mais ça va, ç... ça va ...
Avril, qui s'était levé, vint s'asseoir auprès de moi. Et je ne sais pour quelle raison, il me saisit la main, et la garda dans la sienne tandis qu'il regardait au loin.
-Je n'aime pas lorsque tu es triste ... Sa voix était toute douce, et si mélancolique. Je trouvais qu'elle était de plus en plus expressive. Avril était touchant, comment pouvait-on se douter qu'un corps aussi étrange habitait une âme si bienveillante ?
- ... Je suis désolée, Avril ..." Je le dis le plus doucement que je le pouvais, comme si je n'assumais pas l'interprétation que pouvait demander cette phrase, mais pour autant, je me soulageais de lui avoir dit. Je serrai sa main. C'était étrange, mais nous avions pris l'habitude de se tenir par la main. Je crois que cela était parti du jour dans les égouts, où je la lui avais prise. Depuis, même s'il ne comprenait à mon avis pas tout ce qui se cachait derrière ce geste, il me tenait souvent la main. J'aimais bien, c'était réconfortant ; je me sentais moins seule lorsqu'il le faisait. Je ne savais pas s'il avait entendu, dans tous les cas, il ne répondit rien.
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Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...