XXXVI.1

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Je me penchai, soulevai un peu les débris ; et découvris ce que je recherchais depuis maintenant plusieurs heures : ces fameuses tuiles de métal, très prisées pour leur imperméabilité et solidité ; idéales pour nous faire un toit.

Nous avions retrouvé une décharge, celle où les machines trop vieilles, ou endommagées, venaient finir leurs jours. Avril et moi en avions déjà vue de la sorte, mais celle-ci était particulièrement grande : les piles de déchets s'étaient depuis un moment transformées en de véritables montagnes. Les couloirs étroits était peu nombreux, mais nous permettaient tout de même de circuler dans cette immense déchetterie. Nous nous étions séparés, afin de trouver chacun des composants qui pourraient nous servir à nous fabriquer un abris démontable. Voilà un moment que je cherchais assez de tuiles pour nous abriter tous les trois ... J'avais presque finis par m'habituer à l'odeur de rouille lorsque je me décidai à tirer une tuile coincée entre deux énormes blocs de ferraille ; je me disais que je n'étais pas capable de les soulever, et qu'ainsi j'allais me contenter de tirer sur l'élément qui m'intéressait, afin de le sortir définitivement de là. 

J'empoignai mon morceau de fer, et le tirai de toutes mes forces. Rien. Je posai un pied contre le bloc d'acier qui le bloquait, et tirai de plus belle. Je tirais, mais mes mains commençaient à glisser, et je n'arrivais pas à garder ma prise ... Lorsque soudain, je me sentis partir en arrière. Je tombai au sol, et dans un fracas je me reculai par réflexe, ouvrant juste assez les yeux pour constater qu'une partie de la pile s'effondrait à mes pieds alors que je venais de retirer une véritable cale. Je me reculai en rampant, le plus vite possible. Des morceaux de fer glissaient vers moi, et enfin elle finit par s'apaiser. Je me retrouvai par terre, haletante, mais avec mon trophée dans les mains ! Plus de peur que de mal. Je me redressai, et toute fière, j'allais rejoindre notre lieu de rendez-vous, un peu plus loin derrière la décharge ; là où nous avions déposé nos sacs. 

Je n'en pouvais plus, de cette odeur de poussière ! Lorsque je sortis des couloirs humides et pourrissant, je retrouvai la douce chaleur du soleil qui effleurait le sol desséché de notre pauvre terre. 

Cet endroit était un peu rocailleux, et nous avions placé notre campement en haut d'une petite falaise, afin d'avoir une vue générale sur la plaine en contre bas ; cela nous permettait de vérifier que personne ne nous suivait au loin, ou même être sûr qu'aucune machine de passerait dans le coin.

Mes plaques de fer sous le bras, je commençai à escalader la rocheuse. Je n'eus pas de mal à trouver de solides prises, et me hissai sans encombre au sommet. Arrivée sur place, je découvris Charlie, assise devant les barres de fer qu'elle avait à ramener. Elle était en tailleur, entrain de ... D'écrire dans un carnet. Elle avait mes écouteurs dans ses oreilles. Je la regardai un moment ... Qu'elle était jolie, cette jeune fille ! Avec ses beaux cheveux bouclés ... Avec un peu plus de soin, je les imaginais rayonnant. Lorsqu'elle me remarqua enfin, elle leva ses grand yeux verts vers moi et m'offrit un beau sourire.

"Tu as enfin terminé ?

-Oui. Et toi ? Ça fait longtemps que tu attends ?

-Un peu ! C'était pas les barres de fer qui manquaient, là dedans ...

Je me rapprochai d'elle, posai mes tuiles au sol, et m'assis à ses côté.

-Qu'est-ce que tu écris ...? Je me penchai sur son carnet, et reconnu ... Un de ses nombreux cahiers de notes qu'elle utilisait à la base souterraine.

-Je relate ces derniers jours avec vous. 

-A quoi ça sert ...?

-Bah ! Si un jour on devient des héros, nos enfants auront au moins un véritable témoignage de notre vie !"

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant