XXIII

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   Soudain, Jeffrey tapa deux fois dans ses mains.

"S'il vous plait ! Tout le monde finit par se tourner vers nous, et le silence s'installa.

Voici Jodie, la survivante. Des murmures s'élevèrent dans les airs, tandis que tous les yeux étaient rivés sur moi. C'était fou, c'étaient des flux invisibles, mais si pesants ... Étaient-ils entrain de me juger ? Je crois qu'ils avaient plutôt l'air ... Respectueux.

Elle va prendre quelques minutes de son temps pour nous raconter son parcours, je vous prierai de bien vouloir l'écouter.

Jeffrey continua un moment à sermonner les jeunes sur le fait que ce n'était pas n'importe quel conte que j'allais raconter, que j'avais beaucoup souffert etc. Alors, je pris le temps de regarder mon public. Ils étaient tous plutôt jeunes, mais il y en avait des plus jeunes que d'autres. Oui ... Ces deux garçons, là-bas, peut-être avaient-ils ... quinze ans, tout au plus ? Par contre, cette femme devait au moins avoir vingt-cinq ans. Oui, c'était la tranche d'âge ; d'adolescents aux jeunes adultes. Je remarquai Annya, sur la droite. Je lui fis un petit signe de la main ; elle me sourit. Cependant, mon regard s'accrocha sur deux personnages, au fond de la pièce ; je reconnus l'un ; il s'agissait du médecin Frédéric. Une femme à sa droite devait avoir la quarantaine, elle se tenait très droite, avait une coupe de cheveux très strict et légèrement grisâtre. J'étais intriguée par leur présence. Je me décidai à interroger Morgan, qui était resté près de moi :

"Dis-moi ... Qui sont ces gens, au fond ?

-Les ...? Oh ... Il y a Frédéric et Elisabeth.

-Et qui est-elle ?

- Elisabeth, c'est la présidente de la gestion : c'est elle qui juge lorsqu'un projet doit être mis en place. Mais ne te met pas la pression, elle doit être là juste pour attendre ce que tu as à raconter !

J'acquiesçai, silencieusement. Je ne savais pas pourquoi, mais cette femme ne me mettait pas à l'aise.

-Tu y vas ? Jeffrey m'indiqua la petite estrade qui se trouvait devant la foule.

-Oui. Je m'avançai vers la scène, et tout le monde se mit à m'applaudir. Alors que je n'étais pas trop angoissée, je me sentais rougir.

Je me trouvai debout, face à une cinquantaine de personnes, et j'avais l'impression d'être plus éclairée que le reste du monde : l'air y était beaucoup plus chaud. Je sentais que je n'allais pas tenir longtemps ainsi. Un jeune homme blond vint m'apporter une chaise, et un micro. Je le remerciai, et en repartant, il alluma les deux enceintes qui se trouvaient devant la scène.

-Hem ... Bonjour. J'essayai le micro.

Un "Bonjooooour" général s'éleva. Ça allait, la foule avait l'air sympathique.

A-alors ... On a insisté pour que je vous raconte ma vie dans les terres désolées, et ça risque d'être un peu long, alors ... Je vais essayer d'être intéressante.

Quelques rires se firent entendre, et je me mis à raconter depuis le début ; les visions que j'avais dans le monde des casques, les crises ... Et bien sûr, arriva ma rencontre avec Avril. Je ne savais trop pour quelle raison, mais je n'insistai pas trop sur l'aspect ... "Surnaturel" d'Avril qui le caractérisait selon moi. En fait, je ne m'attardais pas beaucoup sur lui. Je ne savais pas ce que les gens allaient penser si je leur disais que j'avais un ami avec un masque, des cheveux blancs, des tatouages et qui ne craignait pas les machines ... En réalité, je ne parlai pas de mes sentiments, juste de l'épisode des égouts, de la décharge et de la tempête. Un peu de mon quotidien, de la marche et des excursions dans les villes pour trouver de la nourriture. Tout le monde me regardait, avec les yeux pleins d'attention. Il faisait si chaud, sous les projecteurs, j'avais l'impression de cuire. La pièce où se trouvait le public étant dans l'ombre, mes yeux se fatiguaient à essayer de les discerner. Je sentais un début de migraine, et petit à petit, la fatigue me gagnait.

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant