Aujourd'hui, j'étais allée au parc. Il faisait un temps parfait ! Un immense soleil rayonnait à travers les feuillages épais des puissants chênes qui bordaient le lit de la rivière. J'étais restée un moment étendue dans l'herbe grasse, les yeux fermés, laissant la brise légère me caresser le visage. Avait on déjà vu de plus belles couleurs que celles de notre ville ? Moi, non. Après, il est vrai que je ne l'avais jamais vraiment quittée ... Mais après tout, je n'avais aucune raison de vouloir partir; le climat était plus qu'agréable, les boutiques abondantes -que ce soit vêtements, pâtisseries, informatiques. Les gens étaient aimables, aussi ! C'était normal, nous n'avions rien a envier à personne, alors nous avions simplement envie de bien s'entendre avec tout le monde. Surtout depuis que l'on avait créé cet appareil qui permet de voir le niveau de bonheur des gens, sous forme de ... D'hologramme ? Oui, on pouvait appeler ça comme ça. Cela devait être très satisfaisant pour le maire de voir que tous ses habitants étaient à plus de 7 sur 10. Et surtout, les gens malveillants étaient directement envoyés en centre de redressement, hors de la ville. C'était le cas de mes parents, je supposais que notre société n'avait pas de place pour les mauvaises personnes. Et en fait, c'était le cas pour beaucoup d'autres ; souvent, elles disparaissaient de la circulation, on comprenait qu'elles s'étaient faites arrêter. Il faut croire que tout le monde n'était pas empli de bonnes intentions, mais je faisais confiance au système. En tout cas, c'était en partie grâce à tout ça qu'il maintenait l'ordre, et arrivait à nous rendre tous si heureux.
Je me sortis de mes pensées en m'étirant un grand coup, et me redressant vivement. Mes yeux ouverts, je regardais les gens qui comme moi étaient sortis profiter de ce temps délicieux. Les couples sur les bancs, les enfants dans les jeux... C'était si agréable de voir toutes ces personnes s'amusaient ! Quand à moi, il était temps que je fasse un peu d'exercice. Je me levai et me mis a trottiner sur place. Je sortis mon Ipod de ma poche, y branchai mes écouteurs et mis ma playlist en aléatoire. Je me mis alors à courir. J'adorais courir, vraiment, surtout avec cette température. Je sortis alors du parc pour un parcours un peu plus éprouvant, me décidant à affronter quelques obstacles ; quitte à escalader des grillages, sauter par dessus des plots, des caisses... Alors, j'avançai vers le nord, le quartier industriel. Ma foulée était maintenant régulière, mon souffle maîtrisé, je balançais mes bras de manière parfaitement contrôlée. La musique dans les oreilles, je fermai mes yeux tandis que j'évoluais dans une grande allée. Je levai légèrement le visage et sentais la chaleur des rayons solaires chauffer ma peau. Et l'air ! Si pur, si pétillant qu'on aurait envie de le boire. Pleine d'énergie, je me permis même un sprint en rouvrant les yeux. Personne ne pouvait m'arrêter, j'étais libre d'aller où je voulais. Et je voulais aller partout, car tout était si beau ; je profitais des rues linéaires pour admirer le monde dans lequel je vivais. Les rues étaient en pavé clair, on aurait dit les écailles d'un fabuleux spécimen qui se tortillait dans toute la ville. De tous côtés ; des arbres de toutes tailles, de toutes couleurs : des fleurs roses, blanches, bleues ... Des immenses panneaux lumineux ; même en journée ils étaient allumés, ventant les mérites et la popularité de quelques produits. Mais ce que je préférais, c'était ces sphères de lumières, ces paillettes colorées qui voltigeaient tout autour de nous. Tous les jours étaient des jours de fête.
Les gens me souriaient avec encouragement lorsqu'ils me voyaient passer devant leur boutique. Je leur souriais en retour, en en saluant quelques uns, notamment le patron de la puissante fabrique d'appareil électronique de la ville. Tout le monde portait sur lui cet appareil "à tout indiquer" -comme disait la publicité- et qui s'apparentait à une petite barrette. C'était un homme très élégant, il portait toujours un costume bleu foncé, avec une cravate noir. Ses cheveux brun étaient coiffés en brosse, et il faut admettre qu'il avait beaucoup de charme !
Je continuai de courir, alors que je remarquai cette ombre. J'en voyais de plus en plus, en ce moment, les autres ne semblaient pas y faire attention. On dirait ... Des femmes en robes ...? Non non, ça n'avait pas l'air humain ... Des sortes de pieuvres ... Oui, des méduses plutôt. Je me demandais si elles étaient liées à mes crises ... Non, c'était peu probable. En tout cas, tant qu'elles ne dérangeaient personne, je supposais que je n'avais pas à m'en faire d'avantage. J'accélérai alors légèrement pour distancer ces hallucinations.
Mais là, devant moi se dressait un mur de pierre ; une impasse. Une impasse, hein ? Cela signifiait que je n'étais pas sensée passer par là. Ah ! Laissez moi rire ! Rien ne pouvait m'arrêter ! Avec mon appareil, j'évaluai mes chances d'arriver à escalader le mur. Il scan les environs en une demie seconde, mais trop tard ; je m'élançais déjà à ma vitesse maximale, sautant sur une caisse en bois, puis un rebord de fenêtre et enfin je m'accrochai au bord du mur. Je concentrai toute ma force dans les bras afin de me hisser au sommet. Je passai ma jambe par dessus et sautai de l'autre côté. Un peu essoufflée, certes, mais pas peu fière. Je me retournai, fis face au mur, et lui lançai :
"Je t'ai bien eu, avoue ! Allez, fais pas cette tête, tu feras mieux la prochaine fois."
Bon d'accord, c'était plutôt simple de narguer un adversaire de pierre. Mais c'était plus fort que moi ... A combien était le pourcentage que j'y arrive ? ... 30% ? Mouais, je n'étais pas sûre qu'il prenne en compte la motivation du porteur. Il faudrait mettre à jour cet objet, un des ces quatre.
Je continuai gaiement ma course folle pendant une bonne demie heure. Il ne fallait pas non plus que je rentre trop tard chez moi, il fallait encore que je commande de quoi manger, j'allais certainement être affamée après l'exercice. En effet, 590 calories de perdues ! Aah, j'adorais cet appareil.
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Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...