V

135 13 1
                                    


                    Mais ... Bien sûr que non ! NON, tout était loin d'aller bien ! Qui était-il ce ... Je ne sais pas ce que c'était ... Pourquoi est-ce qu'il ne me lâchait pas ?? Il était encore plus terrifiant que les ombres ! Je me sentais tellement faible, pourquoi ... Pourquoi ... C'était encore une crise, c'est ça ? Une crise... Un cauchemar... Une autre crise... Encore plus violente que les précédentes, pas vrai ? Ma vision ne grésillait plus du tout, c'était encore plus réel que d'habitude. Et lui ... Je n'avais jamais rien vu de tel avant. J'essayais de me calmer, alors que je sentais les paumes de ses mains froides sur mes joues. J'avais toujours les yeux fermés. Ce n'était pas agréable du tout de savoir que cette étrange personne se tenait aussi si prés de moi. Ses mains étaient glacées... Mais je ne pouvais rien faire, j'étais... Piégée... C'était ridicule... Étais-je seulement maître de mon corps ? Moi qui ... Passais mon temps à sauter agilement partout ... Rien n'était censé m'arrêter ... Alors pourquoi ...? J'avais été incapable d'agir comme je le souhaitais, mon corps était si engourdi, j'avais l'impression que je n'avais plus couru depuis ... Des années ... C'était impossible. Qu'est-ce que je faisais dans cette situation? Je devais me calmer. Je devais me calmer. Et lui, il ... Il ne comprenait donc pas que je ne voulais pas qu'il s'approche de moi ? Qu'il me laisse, qu'il me laisse tranquille ... Qu'il arrête de me regarder, par pitié ... 

Mais non, après quelques instants, il ne me lâcha toujours pas. Qu'est-ce qu'il attendait de moi ? Qu'est-ce qu'il voulait ? Je n'avais rien à lui donner, qu'il s'en aille ... Respire ... Je devais respirer. Je me mis à souffler profondément. Je n'osais pas ouvrir les yeux. L'homme baissa ses mains et les posa sur mes épaules ; ma tête qui n'était plus maintenue prit un moment avant de se stabiliser.

"Voilà, tout va bien ..." dit-il doucement.

Je fus ... Surprise ; sa voix était d'un calme, et d'une douceur absolue. Ses pouces se mirent à caresser faiblement mes épaules. Il avait une voix de jeune homme, et c'était très étrange, car il employait un ton vraiment spécial, mais pour autant, il ... Il ne semblait pas malveillant ...

Nous sommes restés encore un moment, comme ça. Je voulais rouvrir mes yeux, mais ... J'avais vraiment peur de ce que j'allais voir. Il me terrifiait, et il était juste devant moi. Mais devais-je réellement avoir peur de cet être ? Je sentais qu'il était prêt à rester longtemps comme ça ; il ne comptait pas partir. Il fallait que la situation évolue ; je me décidai alors à ouvrir les yeux, mes paupières se soulevèrent lentement, et je remarquai que je fixai lâchement le plus bas possible pour ne pas revoir son visage. Mon regard était alors fixé sur son buste ; il portait... Un simple haut en tissu, qui devait être blanc à la base. Je remarquai qu'il portait un gros sac en toile, plein à craquer. Ses avants bras étaient nus, et très peu rassurants : ils étaient plutôt maigres, et sa peau était tellement pâle... En fait, on aurait presque dit qu'elle était grisâtre. Pleine de bleus, de griffures, mais surtout, d'étranges tatouages ; c'était une sorte de tracé noir qui s'enroulait autour de ses bras, un tracé composé de traits plus ou moins longs et épais, de points, et j'avais même cru discerner des chiffres. Je clignai péniblement des yeux à la vue de cet étrange spectacle. Je n'osai pas monter mon regard sur son visage, car c'est ce qui m'avait le plus affectée. Mais il le fallait, je ne pouvais pas rester comme ça. Je levai alors les yeux avec précaution.

"..."

J'eu un petit sursaut. La vérité, c'est qu'il était impossible de voir son visage ; il portait un masque. Un masque blanc, tout simple. Plutôt fin ; les arcades sourcilières y étaient dessinées, le nez finement tracé et les lèvres joliment délinées. Mais la réalité était que le résultat était vraiment effrayant. Les trous pour les yeux avait beau à avoir une jolie forme, le fait que ses yeux à lui soient noyés dans de l'ombre était... Perturbant. C'est vrai, sans regard, avec sa voix monotone, on aurait dit qu'il n'avait pas de visage. Quelques mèches de ses cheveux passaient sur son masque. Et ses cheveux ... Ils étaient complètement blancs, assez longs pour lui faire toutes sortes d'épis : en bataille, et ternis certainement par la présence d'une bonne quantité de poussière.  L'ensemble me donnait réellement la sensation que je n'avais pas affaire à un vivant. Je remarquai soudain que cela devait faire un moment que je l'examinais. Il avait toujours les mains sur mes épaules. Il brisa le silence :

"Est-ce que tu te sens bien ? Sa question me ramena à la réalité. Je me rappelais de ma condition, et me sentis terriblement mal.

-Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ...? murmurais-je.

-C'est vrai que tu t'es ouverte le bras. Il faudrait arrêter le saignement."

En effet, ma tête avait tellement été embrouillée que j'en avais totalement oublié ma douleur physique. Alors que le garçon fouilla dans son énorme sac, je regardais avec horreur une énorme plaie béante sur mon avant bras droit. Elle me revenait petite à petite, la douleur. Je fermai les yeux de dégoût, et sentis les larmes me remonter. Mais je les rouvris aussitôt lorsque je sentis une main froide m'attraper le bras. Le garçon aux cheveux blancs avait sorti un petit flacon d'alcool, et un vieux tissu déchiré. 

"Je vais faire vite, mais ça risque de te faire mal..."

Je m'étais déjà blessée de la sorte auparavant, et jamais la guérison ne m'avait fait mal ... Mais alors que le liquide commença à passer sur la plaie, je compris ce que c'était. D'avoir mal. Je me mordus la lèvre inférieur pour m'empêcher de crier, bien que je ne pus retenir quelques gémissements. Ça y est, je pleurais à nouveau. Par pitié, c'était tellement douloureux ! J'avais l'impression que tout mon avant bras était entrain de brûler. Comment en étais-je arrivée là ...? Qu'est-ce que j'étais entrain de faire ... J'avais fermé les yeux, et confiais le soin de couvrir ma blessure à cet étranger.

"Désolé ... C'est fini, c'est fini." Il semblait ... Étrangement mal, de cette situation. Il enroula mon bras dans le tissu, avec beaucoup de précaution et de douceur.

Je rouvris les yeux, et regardai mon bras. C'était toujours douloureux, mais je supposais que maintenant ça ne s'infectera pas. Je levai le regard sur lui ; il était entrain de ranger son matériel. Il n'était décidément pas agressif, je me sentais déjà plus en sécurité, maintenant. Mais j'étais toujours complètement désorientée. J'essayais de me remémorer les événements ; je me promenais en ville, et après ... Après ... J'avais eu une crise, oui, c'est ça. J'avais vu une ombre humanoïde, et je m'étais enfuie. Les méduses étaient derrière moi,  et ensuite ... Comme toujours, j'avais perdu. C'est vrai, je ne me réveillais jamais au même endroit. Mais ... Où étais-je alors, maintenant...?

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant