XVI

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      Nous avons beaucoup marché, si j'avais pensé un jour marcher autant ... Lorsque j'avais imaginé un voyage, j'avouais que j'avais plus pensé à des paysages divers et variés, à des acquis culturels, etc ... La réalité était si triste. Toujours plus triste que les rêves. Pourtant, le rêve de la faire changer était tellement précieux. Est-ce que j'y croyais ? Je ne pensais pas. Pourtant, s'il y avait quelqu'un pour le faire, c'était bien nous deux, puisque nous étions les seuls éveillés. Seulement ... Qu'avions-nous pour lutter contre un tel monde ? Du moins, Avril était immunisé contre les machines, mais moi ... C'était compliqué. Tout était bien trop compliqué. Mais t'en pis, je supposais que nous n'avions que ça à faire, de toute manière. Quoi que ... Peut-être aurait-il mieux valu que nous nous construisîmes une petite maison à l'abri de tout et que nous nous mîmes à cultiver des salades, mais honnêtement, très peu pour moi. Je me fichai de vivre paisiblement dans un monde pareil, car après tout, je n'y avais pas ma place. Personne n'y avait la sienne. Je préférais donner ma vie pour essayer, ne serait-ce qu'un tout petit peu, de faire avancer les choses, ou du moins, d'en découvrir le plus possible afin de ne pas mourir dans l'ignorance. C'était possible que j'y laisse ma vie avec un tel raisonnement, mais peu importait. Ni je ne mourrai ni je ne vivrai sans me battre. 

C'était compliqué, avec Avril. Il ne comprenait pas toujours le second degré, et c'était difficile pour moi d'interpréter son comportement. Ça n'avait pas l'air de le déranger outre mesure ... Et en fait, je devais admettre que son innocence m'amusait un peu. Pour autant, j'espérai qu'il ose me dire si je le blessais. A moins ... A moins qu'il ne ressente pas ce genre de chose.  

Il ne parlait pas beaucoup. Il disait toujours le minimum. Au moins, ce minimum était sincère. Avais-je étais très sincère avec lui, moi ? Je ne sais pas, c'était compliqué ... Je voulais que nous vivions ensemble dans la bonne humeur, malgré les temps sombres. Je m'étais aussi dit que ça lui changerait, puisqu'il avait toujours voyagé seul. Mais lorsqu'il m'avait avoué qu'il n'était pas humain ... Je n'avais pas pu m'empêcher d'avoir un frisson. Certainement que je m'en étais doutée, mais ça ne m'avait pas vraiment rassurée. Pourtant j'avais fait en sorte de ne rien laisser paraître : un sourire, un ton amicale et le tour était joué. Mais je n'étais pas sûre que ce soit le bon choix à faire, de refouler ses sentiments. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Je ne voulais pas le blesser. Je crois qu'au fond de moi ... J'avais toujours un peu de mal à lui faire confiance. Si seulement ... Il parlait plus. Si seulement il me confiait un peu ses ressentis ... Peut-être que je devais lui demander moi-même, seulement, j'étais presque sûre de me prendre un énième "Je ne sais pas". J'étais sûre qu'il n'était pas mu par de mauvaises intentions, c'était seulement que je ne pensais pas qu'il comprenne réellement ce qu'il faisait ... Je suppose que c'était à moi de lui apprendre. Dans tout les cas, je comptais bien rester avec lui.

Ce matin, je me réveillai en faisant quelques pompes. J'avais pris l'habitude de faire de l'exercice chaque matin. Au début, c'était plutôt douloureux, parce-que qu'en réalité je n'avais jamais fait de sport que dans le monde virtuel. Toutefois, je m'accrochais. Il fallait que je devienne plus forte. Bien sûr, je savais que la forme physique importait peu face à une immense brute de métal, toutefois, même si je ne pouvais pas rivaliser avec des machines, c'était important d'avoir une forme la plus optimisée possible. Seulement, je dus arrêter mon entrainement lorsque je sentis une brûlure dans ma gorge. Je m'arrêtai et me mis à tousser. Tousser très fort. Je toussai de plus en plus, en ce moment. J'espérai que je n'avais pas contracter un virus, ou quoi que ce soit ... Ce n'était pas que nous étions totalement vulnérables dans un endroit pareil, mais en fait ... J'ÉTAIS totalement vulnérable. Je n'étais pas vraiment sûre qu'Avril puisse attraper quoi que ce soit ... Quoi qu'il en était, je ne pouvais pas faire grand chose, à par prendre des antibiotiques qu'il y avait dans la mallette de secours qu'Avril avait dû trouver dans un hôpital abandonné ... C'était une chance qu'il ramassait un peu tout et n'importe quoi ; il y avait souvent de bonnes surprises dans son sac. 

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant