Je ne savais pas combien de jours s'étaient écoulés, mais ce qui était sûr, c'était que les temps suivants, Jodie ne parla que très peu. Elle avait toujours l'appareil branché dans ses oreilles. Elle ne les enlevait jamais. C'était dérangeant ... J'avais l'impression qu'elle n'était plus présente. En fait, c'était certainement pour ça qu'elle n'éteignait jamais son appareil. Ça devait rendre moins dur son existence dans ce nouveau monde, et je ne pouvais qu'accepter. Mais pour autant, ça ne me réjouissait pas. J'aurais dû, pourtant. Mais ... J'avais tellement envie de lui parler ... C'était à peine si elle m'entendait, lorsque je m'adressais à elle. Dans tous les cas, elle ne me répondait généralement que d'un signe de tête. Il fallait que je l'accepte ... De toute manière, ce n'était pas comme si je pouvais faire autrement.
A la surface, je pouvais deviner l'heure qu'il était en regardant la position du soleil dans le ciel. Mais ici ... C'était comme si le temps était arrêté. Il faisait toujours sombre. Nous n'avions toujours que la lumière orange du casque pour égayer les environs. Oui ... "Égayer" était un grand mot. Il faisait frais, humide, et tous les couloirs se ressemblaient. Ajouté à cela le fait que j'avais dû mal à voir le temps passer, c'était à se demander si nous progressions réellement ...
Nous marchions ainsi des heures dans le labyrinthe, dans le silence et la pénombre. Jodie restait près de moi, elle se taisait, et regardait dans le vide en avançant. Non, en fait, j'avais l'impression qu'elle regardait tout le temps dans le vide. Lorsque nous stoppions notre marche, elle s'asseyait, et regardait dans le vide. Elle avait l'air ... Éteinte. C'était dur à voir. Mais ... Qu'est-ce que je pouvais faire ? Rien. Je ne pouvais rien faire. Lorsque je jugeais que nous avions assez avancé, nous nous arrêtions pour la "nuit". Je lui donnais de quoi se nourrir, tout en tentant d'en économiser un maximum; maintenant que nous étions perdus dans les méandres des sous-sol terrestres, il fallait rationner la nourriture afin d'être certain de ne pas en manquer. Moi, je n'en mangeais pas. La priorité était que Jodie aille mieux. Mais ... Même si son corps se portait bien, son esprit était loin d'être en paix. Elle semblait ... Si vide. C'était tellement triste. J'avais cru, un moment, qu'elle se rétablirait entièrement. Mais il faut croire que je ne connais pas les remède du cœur. Elle devait être anéantie. Que pouvais-je faire contre ça ? Je n'avais jamais rien connu de tel ... Alors, je ne fis rien. Nous nous couchions et essayions de dormir. Je laissais la couverture à Jodie ; moi, je ne ressentais pas particulièrement le froid.
Après un sommeil lourd, je me réveillai. J'entendis des petits bruits dans l'eau, comme quelque chose qu'on jetait à l'intérieur. Jodie devait être éveillée... J'ouvris les yeux, et la vis jeter des petites pierres dans le courant.
"Est-ce que ça va ? lui demandai-je.
Oh ... Bonjour ... elle semblait distraite. Sans répondre à ma question, elle continua néanmoins ; Est-ce que tu as bien dormi ?
Est-ce que j'avais bien dormi ? Il était possible ... De dormir mal ...? C'était curieux. Nous ne faisions rien lorsque nous dormions; comment pouvions-nous alors faire mal quelque chose qui ne consiste en rien ?
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-... Bah ... Est-ce tu te sens bien reposé par cette nuit de sommeil ...?
-Oui. Comme à chaque nuit, en fait. C'était à ça que me servait cette période de la journée.Peut-être que ce n'était pas si évident que ça, pour les humains ...
-Ah ...
-Et toi ? Lui demandai-je, en vue de peut-être découvrir une nouvelle facette de ces êtres.
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Light Out
Science FictionJe ne peux plus me figurer combien de temps j'ai marché dans ces terres mornes et désolées. Les derniers êtres vivants sont enfermés dans les villes. Je ne sais pas ce qu'ils voient à travers leurs appareils, mais j'espère pour eux que c'est un mond...