XLVI

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Nous ne dîmes plus rien. Les yeux n'auraient su s'ouvrir de manière à tout voir. Il y avait un voile devant eux, m'empêchant de comprendre ce qui se trouvait tout autour de moi. Ma tête pivota lentement vers la droite, puis vers la gauche. Comment tout cela pouvait être réel ?? Par reflex, ma main se dirigea vers ma nuque afin d'y vérifier le port qui s'y trouvait. Je ne savais pas si j'espérai qu'il y fut, ce qui aurait signifié que tout cela était bel et bien réel, ou s'il n'y fut pas, et cela aurait voulu dire que j'étais plongée dans une nouvelle réalité virtuelle. Mais au moment où j'allais en avoir le cœur net, une force attrapa mon poignet et le stoppa dans son avancée. Je sursautai, et tournai vivement le visage vers ce qui m'avait arrêtée : c'était Avril. Il secoua lentement la tête. Voulait-il me dire que ... Ce n'était même pas la peine de vérifier ...? C'était ... La réalité ...? 

Petit à petit, alors que je cru que le temps c'était arrêté, tout repris lentement vie autour de moi. J'entendais le brouhaha des passants qui discutaient à vives voix, les marchands qui tentaient de vendre leurs articles, les pas clapotaient contre le pavé humide. C'était impossible. 


Il y avait une ville, derrière la muraille. Une ville ... Une vraie, ville. Une ville pleine d'humains éveillés. 


Je me mis à avancer presque somnambuliquement. Nous avions atterris dans une petite ruelle sombre, et juste devant nous s'éclairait une allée vivante pleine de passage et de couleur. Lorsque j'en sortis, la lumière m'éblouit un moment, alors que je sentais le frôlement de tous ces gens pressés. J'eus un vertige. Tout semblait tourner autour de moi, et alors que j'essayais de concentrer mon esprit sur un point fixe, je tombai au sol. Les gens ne s'arrêtèrent pas de marcher. Ils me contournaient, et je voyais devant moi défiler ses jambes, si dynamiques, et dans un bruit sourd je les regardais s'écraser près de moi, sans pouvoir bouger. Qu'est- ce qu'il était entrain de se passer ? J'était entrain de rêver, n'est-ce pas ? 

Brusquement, tout redevint clair alors qu'une personne me redressa vivement et m'attira sur le bord de l'allée, là où les passages étaient moindre. 

"Ça va ? Me demanda Avril.

-Non ... Non, ça ne va pas ... J'essayai de reprendre mon souffle.

Qu'est-ce ... Qu'est-ce qu'il se passe ici ...?

-Je ne sais pas ..."

Nous nous mimes tous deux a regarder attentivement autour de nous. Les petits immeubles en pierre étaient ornés de fleurs, des arbres encadraient la rue pavée où les marchands avaient posé leur stand. Et leur étalage ... Des couleurs, tellement de couleurs ; des salades par centaine, des tomates, des oranges, et même des choses que je n'avais jamais vu auparavant, même pas dans le monde virtuel. Comment tout ceci pouvait-il être vrai ??

"C'est ... La réalité ? Est-ce qu'on est entrain de rêver ? Je me tournai vers Avril, qui ne répondait pas.

Il avait mis sa capuche, afin d'être plus discret. Et il fallait dire que même si nous avions clairement l'air d'appartenir à un autre monde, personne ne semblait le remarquer. 

-On dirait ... Une ville, Jodie ... Une vraie ...

Lorsque j'entendis Avril confirmer mes pensées, mon cœur se mit à battre plus vite. Je me mis à sourire, et me tournais vers les passants. 

Une ... Ville ... Une ville humaine ! Où l'air est respirable, ou la nourriture est bonne ! où il n'y a pas de machine !! C'est le paradis, Avril ! On y est !

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant