Light Out

XXVI

 "Après s'être organisés sous terre, les hommes ont rapidement imaginé reconquérir leur monde. Ils commencèrent à former leur descendance à l'extérieur, pendant que les explorateurs risquaient leur vie afin de recueillir le plus d'information possible. Des centaines de personnes sont parties dans l'espoir de découvrir la moindre faiblesse du Système. De nombreuses sortes de bâtiments ont été découverts, mais, hélas, ils étaient tous complètement hermétiques. Ils ont traversé les montagnes, les mers, et même le ciel avec la conviction qu'un jour ils trouveraient la source du mal. Et un jour ...

A plusieurs kilomètres, au loin, ils trouvèrent quelque chose, par delà la mer. 

Une tour, une immense tour, rien de moins qu'une tour de plusieurs centaines de mètres de haut. Elle était là, dressée devant le monde entier. Jamais nul autre bâtiment de la sorte n'avait été découvert, et par son imposante stature, il était facile d'imaginer qu'il s'agissait là certainement de la pire chose du monde. Bien sûr, d'immenses remparts empêchaient quiconque de s'en approcher. Jamais personne n'a pu perpétrer dans cette tour. Pourtant, nos plus grands hommes s'y rendirent afin de percer son secret. Et il se trouva ...

Qu'il s'agissait là d'une tour de contrôle. Une immense antenne relaie, qui diffusait dans le monde entier sa volonté propre à nos pires prédateurs. Nos ... Seuls, prédateurs. C'était elle. La tour infernale. Celle qui causait tous nos maux. Les ondes qu'elle émettait  se rependaient dans n'importe quel pays du monde, n'importe quelle ville, elles étaient absolument partout. C'étaient elles, qui faisaient mouvoir les machines à sa guise. Comment cela pouvait-il être possible ? Quel algorithme permettait à cette tour d'avoir une volonté propre ? Personne ne le sait. 

J'étais perdue dans cette histoire. La tête pleine d'étoile, un courant électrique passait en moi comme j'avais l'impression que l'on donnait à mon corps une pile neuve. Ce bâtiment ... Il n'avait jamais été qu'une chimère dans mes espérances. C'était donc ça, que l'on cherchait à détruire ? Ce n'était donc pas si abstrait de libérer les humains ? La solution était là, sous nos yeux, on l'avait déjà trouvée.

-Et qu'attendons-nous pour la faire exploser, alors ?

-Ce ... Ce n'est pas possible. Elle est impénétrable. Des équipes se succèdent encore pour en percer le secret, mais rien n'est des plus évident avec ces remparts. 

Je supposais que je pouvais comprendre. Mais dans ce cas, à quoi servions-nous, nous, les autres ?

De plus, ce n'est pas la seule préoccupation de nos unités.

-Ah bon ? Et qu'est-ce qu'il y a de plus important que de détruire l'antenne relaie qui fait fonctionner toutes les machines ?

Mon professeur marqua une pause, sans doute mal à l'aise par ma réponse un peu trop sèche.

-Et bien ... Il y a un autre moyen d'arrêter les machines ... Ce pourquoi on vous forme, vous. C'est de trouver ...

J'avais l'impression que les battements de mon cœur ralentissaient, comme pour faire le moins de bruit possible afin d'entendre cette chose, celle pour laquelle j'étais formée, celle pour laquelle la race humaine se battait sans cesse depuis des centenaires.

Comme il semblait hésiter à parler, je le relançai :

-De trouver quoi ...? 

Alors que mon intérêt était de plus en plus prononcé, Jeffrey qui nous écoutait arrêta mon professeur.

-C'est bon, on lui dira en temps venu. 

-Quoi ?? Mais ... Je veux savoir !

-Tu n'en as pas besoin tant que tu es en formation.