STAY

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Bureau de Vic.
PDV Vic

Il prend place sur le fauteuil de consultation.

Il est extrêmement nerveux.

Je le laisse se calmer, ou du moins essayer.

Avec lui plus rien ne m'étonne.

Un fois, il est même resté silencieux pendant une demi-heure sur les 45 minutes... Mais c'était déjà un bon exercice.

Après quelques instants, après avoir frotté son visage de désarroi, après avoir soupiré maintes fois question de trouver le moyen d'introduire ses requêtes, il se lance enfin.

-J'ai un énorme problème avec l'amour mais ça, tu le sais...

Ce tutoiement m'interpelle.

Je le reprends.

- Liam. Je suis votre psychanalyste ici. Pas la petite amie de votre frère. La familiarité ne vous aidera pas à me parler.

- Certes

Il inspire un grand coup.

De mon côté, je retiens mon souffle.

Je suis derrière lui, il ne me voit pas.

- Je suis amoureux de Karen et... notre relation m'apporte énormément... Pourtant je... Je lui ai caché quelque chose de grave qu'elle a découvert à mon insu. Je ne peux plus continuer notre histoire.

Mon sang ne fait qu'un tour.

L'aurait-il trompé ce connard ?

Qu'est-ce qu'il a bien pu lui cacher si précieusement ?

- Je dormais... je n'ai rien vu arriver... remarquez, je suis bête après tout... Elle aurait bien fini par le voir.

-Quoi donc Liam ?

-les marques. Les cicatrices.

- ??

-Ca...

Il relève ses manches.

Ses avant-bras portent les traces de scarifications.

Je reste calme malgré ma très mauvaise surprise.

Comment ai-je pu manquer un tel épisode... ? Les gens qui se mutilent le laisse toujours transparaître dans le discours... Je n'ai jamais relevé quoi que ce soit d'alarmant.

- Depuis quand Liam ? depuis quand vous faites vous autant de mal ?

-Une dizaine d'années peut-être... je ne sais plus exactement. Ca me calme. Ca me détend. Je me vide de mes conneries en faisant ça. Deux heures plus tard je le regrette mais l'effet palliatif que ça me procure sur l'instant est essentiel pour moi. Je ne voulais pas que Karen sache.

-Elle peut sans doute vous aider à vaincre cette sorte d'addiction...

-Elle le fait à ses dépens, sans le savoir. Bien sûr qu'elle m'aide. Mais c'est vous-même qui le dites : tout ça est un long chemin... et certaines peurs n'appartiennent qu'à moi.

-Qu'est-ce qui vous dérange le plus ? Qu'elle les ai vues ? Ou qu'elle vous juge ?

-Qu'elle me juge. Je ne veux pas perdre la mince crédibilité qu'il me reste.

-Avoir des séquelles psychologiques dues à votre enfance ne fait pas de vous quelqu'un de « non-crédible » Liam. Vous ne devez pas tout mélanger.

-Je me sens affaibli qu'elle le sache, c'est tout.

-Votre tentation de toute-puissance devait forcément trouver ses limites affectives un jour ou l'autre. Vous êtes en plein dedans, voilà tout. Il vous faut simplement apprendre à le gérer. Ce n'est pas insurmontable mais ce n'est pas en faisant le vide autour de vous que vous y parviendrez.