After Wattpad : Que le jeu commence...

58. C'est une question de noyade

Crista

Mon regard reste bloqué sur la poigne qui m'entraine à l'extérieur de l'immeuble. Sa main agrippant la mienne est un geste tabou pour mon cerveau. Je suis restée sur cet interdit qui m'attirait... plus si interdit que ça, pourtant toujours attirant. Je reste cependant en retrait, je me fais trainer sous les regards questionnant qui nous entourent. Mon corps exprime la résistance physique que mon cerveau a du mal à créer.

- Tu montes ? m'interroge Ian arrivé à sa voiture.

Je le regarde, puis je regarde la portière. Un rictus se dessine sur ses lèvres avant qu'il se décide à ouvrir la porte lui-même. Il fait ensuite passer une main ferme autour de ma taille pour me forcer à entrer.

- Tu sais que je peux crier si tu me forces, signalé-je.

- Je t'en prie, au moins tu réagirais, me répond-il d'un sourire satisfait.

Je le pouffe de mes cheveux et entre dans la voiture comme une révoltée alors que je fais tout simplement ce qu'il me demande. Toujours en gardant son sourire sur les lèvres, je le vois bouger la tête de droite à gauche en fermant la porte. Un peu comme s'il s'amusait du comportement capricieux d'une gamine. Pour mieux coller à la scène, je croise les bras et décide de faire la gueule jusqu'à nouvel ordre.

Résultat, une fois Ian dans la voiture et le moteur en marche... Le silence règne en roi. Aucune musique. Aucune parole. Ce n'est pas le silence calme et apaisant qui rend une situation tout à fait commune. Il s'agit d'un silence forcé qui crée une gêne étrange. Au bout de dix minutes de bras croisés et de silence radio, je jette un très léger coup d'œil à Ian qu'il remarque instantanément. Son visage se tourne vers moi et son regard me sourit. Je l'ignore en regardant à nouveau la route.

Le problème, c'est que je ne sais pas où l'on va, et j'avoue que j'ai du mal à le demander. Question de tempérament de merde et tout le délire. Sauf que quand je le vois se diriger vers la sortie de la ville, je commence légèrement à paniquer.

- On va où... ? demandé-je alors doucement.

- Dans un endroit calme.

- Tu comptes me kidnapper ?

Il ricane.

- C'est un peu ce que j'ai fait, non ?

Je le regarde les sourcils froncés, prête à l'envoyer balader, mais mon expression s'adoucit quand je vois son sourire enfantin. Je capitule, je souffle légèrement avant de me remettre droite.

- Crista-

- T'as pas le droit de m'appeler comme ça, le coupé-je.

Quelques secondes de silence me paraissant prendre une éternité se posent avant qu'il ne reprenne la discussion.

- Pour ce que ça vaut, reprend-il, j'avais prévu de perdre.

Il retient mon attention. Je décroise les bras – pas trop non plus – et je tourne le regard vers lui tout en admirant discrètement son expression concentré sur la route.

- J'avais prévu d'abandonner il y a un bon moment, mais tu m'avais mis un vent en répondant à ton téléphone, dit-il d'un léger rire. J'avais ensuite prévu de perdre après l'anniversaire du petit Luke. Quand j'ai reçu la lettre de convocation, je me suis rendu compte que je m'en foutais pas mal en réalité. Quand on s'est rencontrés la première fois, je savais que j'avais envie d'en découvrir davantage sur toi. Je te trouvais... intéressante.

Je souris en baissant la tête.

- Je pensais que je pouvais gérer le fait de t'avoir dans ma vie, sans réel implication, et de continuer à vivre sans me prendre la tête, mais le fait est que je me prends bien plus la tête quand tu n'es pas là... Donc voilà.