After Wattpad : Que le jeu commence...

60. Model ou modèle ?

Crista

Rendez-vous pros terminés, je décide de prendre l'invitation de Ian et de le retrouver à son shooting. J'avoue que l'idée d'aller le retrouver m'angoisse. Pourquoi ? Je ne sais pas. Si, je sais. Malgré tous ce que j'avais dit, malgré ce qu'il m'a fait, ce que j'ai ressenti, je lui ai donné une chance, je lui ai laissé une chance. Une chance égoïste.

Je le voulais près de moi.

Ce qui était encore plus douloureux que ce qu'il m'a fait, c'est l'impossibilité de le sentir à mes côtés. Il était à la fois l'affliction et le remède. La simple mention de son nom me donnait envie de vomir alors que la simple pensée de son touché m'apaisait. En dépit de tout mon ressenti, de toute ma force, j'ai fini par céder, par céder à ma stupidité -- à cette partie naïve de mon être qui veut encore lui faire confiance...

Sauf que je le trouve bizarre depuis. Il m'a embrassé. Je l'ai laissé faire, j'ai savouré, j'y ai puisé la chaleur qui m'avait quittée... Et à mon tour, j'ai fini par lui demander de m'embrasser. Je me suis relancée toute seule dans ce traquenard, et maintenant que j'y suis... Je flippe à l'idée qu'il m'évite. Il m'a eue, il ne me veut plus. Ca me fait peur. Donc... je tente des mouvements plus ou moins désespérés. J'essaie de recréer ce contact entre lui et moi... et j'ai besoin qu'il l'accepte. J'ai besoin qu'il me touche, m'embrasse, m'enlace, j'ai besoin de sentir sa chaleur et son touché m'enivrer. Sinon je flippe totalement à l'idée de m'être faite rouler.

Je suis en bas de l'immeuble où il est censé être, la boule au ventre. J'ai l'impression que tout va trop vite et en même temps, pas assez. Je rentre dans le bâtiment sans réelle difficulté, personne ne cherche à vérifier mon identité, ni ce que je fais là. Tout le monde a l'air très occupé, même la réceptionniste qui n'a apparement pas le temps de me réceptionner. J'intercepte une demoiselle qui court dans tous les sens après m'être bien prise cinq vents par d'autres.

- Excusez-moi ! m'exclamé-je un peu fort. Est-ce que vous savez où je peux trouver Ian Smith ?

Elle me reluque de bas en haut, appuie sur un bouton près de son oreille, sans doute relié à son oreillette et son micro.

- Qui le demande ?

- Jane Anderson.

Elle appuie à nouveau sur le bouton.

- Ian Smith, quel étage ?

Elle continue de m'étudier, elle s'arrête sur mes courbes avec une certaine insistance qui me fait me sentir mal. Je tire machinalement sur mon t-shirt, ce qui a l'effet inverse d'approfondir mon décolleté.

- 15e étage, finit-elle par reprendre en coupant la communication avec son interlocuteur.

- Merci.

Je m'empresse de reprendre ma route.

- Attendez, s'exclame-t-elle à son tour. Vous faîtes quelle taille ?

- Pardon ?

- Votre taille, répète-t-elle agacée.

- 1m70, plus ou moins.

- Et votre taille de vêtements ?

- Euh 36... plutôt 38 l'hiver...

- On est actuellement à la recherche d'un modèle photo remplaçant féminin, je vous laisse la carte de ma patronne si ça vous intéresse. Je lui parlerai de vous.

Je n'ai pas le temps de répondre, ni de cacher mon air surpris, qu'elle est déjà partie tout en rouspétant dans son micro.

J'examine la carte un instant avant de la ranger. Moi ? Modèle photo ? Je souris à l'idée. Je n'ose déjà pas poster de photos de ma tronche, je vis mal mes apparitions dans les magazines alors je n'imagine pas si je devais poser devant toute une équipe. J'aurais l'impression de leur faire perdre leur temps. Je ne dis pas ça parce que je me trouve moche mais, tout est dans l'assurance que je n'ai absolument pas. Question de confiance.