59. Du lac au bain

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Ian

La séance câlin ne s'est pas éternisée, elle a déclenché une envie problématique d'autre chose qui me fait y couper un terme.

- Allez, on y va, dis-je en la soulevant par les jambes.

- Tu fais quoi ? crie-t-elle de surprise.

- Je préfère éviter que tu recommences.

Je l'emmène donc à la voiture en récupérant mes vêtements au passage.

- Tiens, mets ça et enlève ton froc, lui dis-je en balançant mon t-shirt.

Elle me regarde perplexe avant de s'apercevoir à quel point elle est trempée. Elle n'attend pas que je me retourne pour retirer son haut, alors je ne me retourne pas. Je la regarde faire. Je regarde ses courbes, je regarde mon t-shirt recouvrir sa poitrine, puis son pantalon découvrir ses jambes. Je la regarde mais je ne pense à rien. J'assimile doucement le fait qu'elle vient de me faire sauter dans l'eau, je ressens progressivement l'angoisse qui ne s'est pas présentée quand j'avais la tête submergée.

Elle me tend son jean et me sort de mes pensées. Le tout sans un mot. J'ouvre la portière pour lui indiquer qu'il est temps de monter dans la voiture et je m'assure qu'elle est bien attachée avant d'aller me changer.

- Ca va, me surveille pas comme une gamine. Je vais pas recommencer.

- Mouais. Caches tes yeux, je retire le bas.

Elle rit légèrement pendant que je me dirige vers le coffre. J'enlève mon caleçon et je remets mon jean. J'ébouriffe rapidement mes cheveux, puis je range nos fringues dans un sac.

De retour dans la voiture, je fais chauffer un peu le moteur pour mettre le chauffage. Je l'étudie, son regard, son apparence. Trempée sur mon siège, les cheveux dégoulinant sur son visage qu'elle ne cesse de nettoyer, elle commence à grelotter.

- J'en reviens pas, dis-je toujours surpris en me mettant à rouler.

- Je te signale, mon cher Ian, que toi aussi tu as sauté, fait-elle remarquer en touchant mon t-shirt humide par son contact.

J'ai un souvenir très réduit de cette scène, je crois que mon cerveau essaie de la supprimer dans un instinct de survie. Je la revois passer par-dessus bord, je me revois retirer mon t-shirt. En revanche, à partir du moment où je suis en chute libre, blanc total, je ne me souviens que du soulagement quand j'ai senti son corps.

- Tu vas où...? me demande-t-elle en regardant la route.

- Chez toi.

Je souris en voyant son expression.

- Tu voulais venir chez moi peut-être ? demandé-je amusé.

Son regard à lui seul suffit à me répondre ; légèrement de travers et dédaignant vers la vitre... Je l'ignore le reste du trajet, continuant à me remettre doucement de mes émotions et ne réagissant pas aux différents coups d'œil qu'elle me lance.

Arrivé en bas de son immeuble, je décide de la suivre jusqu'à son appart. Je l'accompagne dans le silence qui règne désormais. Sa petite sauterie improvisée a eu raison d'elle. Je la sens bien plus mole que plus tôt, au point de ne pas être capable de tirer la porte de son immeuble. Je ris en l'aidant.

Elle finit par me prendre comme appuie dans l'ascenseur. Je me pose contre le miroir et elle pose sa tête dans le creux de mon épaule. Mon épaule nue.. Je visualise la scène comme si je nous voyais de l'extérieur, comme si je n'étais qu'un simple spectateur de moi-même. Le torse dévoilé pour moi, les jambes a l'air libre pour elle. On reste là, toujours posés contre le miroir et la fraîcheur de ses cheveux faisant passer un courant électrique dans mon corps qui me fait frissonner. Je suis en contradiction totale, je veux l'enlacer mais mon corps a un geste de rejet. Elle se redresse au moment où je quitte l'appuie qui me maintenait. On sort de l'ascenseur dans le même silence.

After Wattpad : Que le jeu commence...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant