Alors, ma vie avant wattpad ? La petite good girl à son papa qu'il aime très fort si on peut dire... Rien de bien extraordinaire en réalité. Je vivais à Washington. Je suivais le chemin déjà tracé qu'on m'avait attribué... Mouais. Comme toute petite fille bien sous tous rapports de la bourgeoisie américaine qui se respecte, j'ai eu ma période rebelle : les sorties nocturnes entre amis, les séchages de cours, les garçons. Rien de plus banal ! Bon, ma période rebelle resta bien secrète puisque mon frère adoré avait pour malin plaisir de me surveiller.
Je n'avais pas envie d'aller à l'université à la base, mais c'était le seul moyen que j'avais de faire taire un père un peu trop envahissant qui mettait un point d'honneur à diriger la vie de ses enfants pour la simple et bonne raison que tout cadre supérieur digne de ce nom doit avoir la famille qui va avec. Vous savez, mon père se vante de n'être parti de 'rien' et d'avoir monté les échelons sans pitié pour arriver où il est maintenant. Alors il est hors de question que ses enfants détruisent tout cela.
C'était aussi le seul moyen de quitter cette image de la mère, femme et épouse parfaite – oui, la bonne bourge de 48 ans bien foutue qui fait très attention à son apparence et qui est tellement préoccupée par sa maison et le bien de sa famille... ce qui me fait bien rire au passage – et de ce frère largement trop protecteur qui suit un peu trop les pas de notre père et qui fait beaucoup trop attention à mes moindres faits et gestes et qui me tape réellement sur les nerfs. Génial, hein ?
Enfin voilà. C'était l'heure d'aller à l'université. J'avais décidé de partir à Columbia, à New York. J'avais décidé de couper les ponts le plus possible avec ma famille. Le besoin de se trouver, et tout le délire. Bon, je m'appelais toujours Crista à ce moment-là. Mon père était content, sur le papier, je suivais tous les cours qu'il voulait, ma mère était contente, sur les photos, j'étais toujours pimpante : coiffée, maquillée, et tout le tralala.
Je vous épargne la partie ennuyante parlant de mes cours, de l'adaptation et de la colocataire spéciale pour passer directement à la partie amusante des sorties, des groupes d'amis et de la colocataire qui s'avère complètement déjantée. En réalité, cette partie était arrivée très vite. J'avais été invitée à la fête d'une sororité par une amie qui en faisait partie. Je n'avais pas voulu essayer d'y rentrer, j'étais beaucoup trop calme comparé à elles - j'ai fini par perdre ma colocataire pour ces filles-là d'ailleurs. Je voulais me la jouer rebelle, mais je vous assure que ma rébellion n'allait pas extrêmement loin.
Pendant cette soirée, j'avais rencontré un garçon. Un garçon très mignon, avec un sourire à en faire tomber tous ce que vous voulez. Bien-sûr, je me laissai prendre au jeu de ce pseudo bad boy ultra populaire qui faisait tourner toutes les têtes. En l'espace d'une soirée, je n'avais déjà d'yeux que pour lui. Du coup, il réussit assez facilement à me sortir de cette fête et à m'emmener dans sa chambre. Je ne savais pas si c'était dû à l'euphorie de la soirée, au peu d'alcool que j'avais bu, à la joie d'enfin me libérer de la pression paternelle, mais quelque chose y avait considérablement contribué.
Enfin bref. Ce garçon avait tout l'apparat du parfais gentleman. Le beau sourire accompagnant les 'tu es magnifique', 'je ne sais pas ce que je ferai sans toi', 'je t'ai aimé dès le premier regard', 'aucune autre fille n'a d'importance'. Eh oui, j'ai gobé tout ça. La good girl que je suis voulait absolument le croire. Bon, il faut aussi savoir que le sexe était assez intéressant en sa compagnie. Montrer ce beau mec à toutes mes copines aussi. En revanche, me montrer l'était un peu moins pour lui. Oui, parce que son but n'était pas spécialement d'avoir une fille à son bras, mais plutôt dans son lit. Un rôle que je ne remplissais pas assez bien vu le nombre de conquêtes qui y passait.
L'idiote que j'étais fut déçue, bien-sûr, ça coule de source. La pauvre jeune demoiselle découvrant les connards de ce monde. Donc, j'étais triste, surtout en apprenant que même mes soi-disant amies avaient fait un tour dans ses draps. Tellement de clichés ici-bas. Alors voilà. C'était ma première année à la fac. J'avais voulu en changer l'année d'après. Mon père était content, il y avait eu quelques mauvaises rumeurs sur Columbia pendant l'année... et ça m'arrangeait.
C'est là qu'on arrive à ma vie pendant wattpad et à la création de ce nouveau nom. Eh oui. Ma petite dépression amoureuse aida beaucoup, en ajoutant ce plâtre que je me trimballais après une chute monumentale qui m'avait cassée la cheville. J'avais passé mon été alitée. Alitée au soleil près de la piscine mais alitée quand même.
Ce qu'il faut aussi savoir sur moi, c'est mon amour pour tout type de groupes, de chanteurs, d'acteurs... De pop, de séries, d'amour et d'eau fraîche. J'en suis amoureuse, j'aime surtout les artistes masculins, exclusivement masculins d'ailleurs. J'aime les écouter, les regarder, fantasmer, et sauter dans tous les sens quand je suis toute seule chez moi. Et comme toutes fans qui se respectent, j'imaginais beaucoup trop de scénarios dans ma petite tête d'ennuyée et d'alitée. J'avais besoin d'un exutoire à la fois à ma dépression, à mon alitement, et à ma frustration. Alors voilà, j'avais commencé à vaguer sur la mode wattpad et avais décidé d'y écrire une histoire, une histoire rassemblant quelques-uns de mes fantasmes sur quelques-unes de mes idoles. Et le truc, c'est que j'y avais pris goût. J'avais pris goût à l'écriture. Alors j'avais continué à écrire d'autres histoires.
Sans vraiment que je m'en aperçoive. Sans vraiment que je comprenne. Mes quelques histoires avaient subi un engouement plus que fou. Dans l'année qui suivit, une maison d'édition me contacta. Inutile de préciser que mon père n'était pas pour et qu'il voulait absolument que j'arrête toute cette mascarade. Je l'avais envoyé sur les roses hein, faut pas abuser non plus.
J'avais changé de nom pour deux raisons : pour ne pas qu'on me relie à ma famille, et pour créer une nouvelle moi. Je me faisais appeler Jane – petit clin d'œil à Jane Austen au passage. Crista était un prénom appartenant à une autre moi, à une fille naïve, à une fille rêveuse, à une part de moi que je ne laisserai plus personne atteindre, une part de moi qui a besoin d'être protégée. Je voulais me détacher un peu de moi-même, je voulais devenir une fille plus forte, plus sûre d'elle... Je me sentais moins attaquer quand 'Jane' était critiquée, j'arrivais plus facilement à me détacher.
Après avoir signé avec la maison d'édition, tout s'enchaîna très vite. L'engouement sur wattpad ne faisait qu'augmenter. Mon compte twitter explosait d'abonnés. Des chaînes de télé commençaient à parler de moi, certaines émissions me voulaient sur leur plateau. C'était fou. C'était amusant. J'en jouais. J'en jouais pour profiter du temps que ça durerait. Ca m'amusait. Je faisais beaucoup d'interviews papiers, d'interview radios, je me prenais pour une superstar. Par contre, je faisais beaucoup moins d'émissions télés qui, pour le moment, se contentaient de parler vaguement moi.
Sauf qu'un jour, les choses changèrent, évoluèrent. Un acteur mentionna l'une de mes histoires. Sans doute grâce à lui, c'était l'heure de mon premier plateau télé. Premier plateau, première rencontre. Du rêve à la réalité, parfois, il n'y a qu'un pas.
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After Wattpad : Que le jeu commence...
ChickLitUne histoire simple et pourtant compliquée entre deux egos qui se sont bien trouvés. Meilleur classement : #3 03/01/2018 au 11/01/2018